Chapitre 17

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Ce soir, j'irais chez Paul. Et a bien y réfléchir, nous n'avions pas discuté face à face depuis ma déclaration. Je relisais nos messages, pour essayer de comprendre ce qu'il pouvait bien vouloir. Mais je n'avais aucune certitude. J'étais impatiente et effrayée à la fois.

La journée passa vite, dans sa petite routine. Seul le repas du midi au restaurant fût une petite interlude agréable qui cassa un peu le rythme bien rodé. Pour un fois, alors que nous fêtions un anniversaire entre collègue, Paul choisi la place juste à côté de la mienne.
J'étais donc plutôt confiante quand je rentrais chez moi, pour accompagner mes filles à leur entraînement et prendre la direction de l'appartement de Paul.

« Tu as mis de la bière au frais ? », demandai-je.

« Toujours ! »

« J'arrive »

Je sonnai et arrivai chez lui par sa porte fenêtre. Sur son lit, étaient entassé toutes ses affaires, pour la randonnée qu'il avait prévue. Il me proposa une bière, mais au moment de m'asseoir sur l'un des tabourets de bar, il me proposa plutôt d'aller dans son coin salon. Il s'assit en premier et comme le canapé d'angle était grand, je choisis de me mettre à bonne distance de lui.

Il avait donc pris sa décision et partirait faire sa randonnée en montagne, seul. Elle nous offrait un sujet de discussion tout trouvé. Et petit à petit, j'oubliais toutes mes appréhensions. C'était une soirée comme une autre et je pouvais me détendre.

— Paul lança quand même, alors tu veux qu'on en parle ?

On est vraiment obligé, car là, mon cerveau vient de faire reset. Non franchement je passais une excellente soirée et je n'avais absolument pas prévu de faire le grand déballage, pensai-je.

A bien y réfléchir, j'ai dû changer trois fois de couleur, quand il m'a posé cette question. Il y eu des heu, oui, encore des heu et surtout quelques blancs. Mes yeux regardant le sol pour retrouver pied.

En fait, je ne mettais absolument pas préparé à ça. À aucun moment, je n'avais imaginé que Paul me demanderait de but en blanc « dis-moi tout ».

Aucune phrase cohérente ne semblait vouloir sortir de ma bouche. Mais, petit à petit les mots se libérèrent. Je lui ai expliqué que ce mot je l'avais écrit, car ce qui se passait dans ma tête devenait trop dur à gérer et que j'avais besoin de me confier à quelqu'un.

— En fait je m'en doutais depuis le printemps, dit-il.

— Tu veux dire que lorsque nous avons dormi ensemble, tu te doutais que tu me plaisais.

— Oui

— Tu savais donc que je ne dirais pas non ?

— Tu sais, je ne l'aurais pas fait avec les autres filles du bureau.

— Oui, mais tu l'as fait !

— Ça fait longtemps que j'aurais pu, tu sais.

— Comment ça ?

— J'ai eu envie parfois et si tu avais été célibataire depuis longtemps, ça aurait été peut-être différent. Tu sais que j'ai déjà eu des relations avec des femmes mariées, mais avec toi, c'est différent, on se connaît trop, je te respecte trop.

En fait, je ne lui étais peut-être pas indifférente. C'était comme si je le savais et comme si c'était incompréhensible, à la fois.

— Mais toi, tu sais ce que tu veux ? me demanda Paul

— Pour l'instant, je n'en ai aucune idée. Je ne me suis jamais posé la question. C'est tellement compliqué, je sens bien que tu me plais et mon mari... Il est... le désir n'est plus... Comment t'expliquer ce qui se passe dans ma tête alors que je ne le sais pas moi même. Et puis quand on est tous les deux tout est si facile, je me sens tellement bien.

Je réfléchissais presque à haute voix. C'était tellement compliqué. Je me rendais compte que je n'aimais plus mon mari, mais il y avait mes filles qui ne me pardonneraient jamais si je partais. Si j'avais eu une baguette magique et que Paul et moi avions une relation, est-ce que notre différence d'âge n'aurait pas été un frein.

Il commençait à faire nuit. Dans la pièce, la pénombre s'installait peu à peu, alors que nos yeux si habituaient. L'heure tournait et ma montre me disait qu'il il fallait que je rentre.

Sur le chemin du retour, les mots se mélangeaient dans ma tête. « Plein de fois j'aurais pu ». « Si tu avais été célibataire ». « Et toi qu'est-ce que tu veux ? »

Et moi qu'est-ce que je voulais.

Je voulais Paul, mais je n'arrivais pas à emboîter les pièces du puzzle. Mon corps le désirait charnellement, ma tête le voulait tout le temps. Mon âme voulait prendre soin de lui. Il était ce qui ressemblait le plus au bonheur... Mon bonheur.

Mais qu'est-ce que j'avais à offrir à Paul. Comment aurait-il pu être heureux avec une femme de presque vingt ans son ainée. Je voulais être égoïste, mais je ne pouvais être égoïste. Par amour pour lui, je ne pouvais être égoïste.

Mais tel un aimant j'étais incapable de m'éloigner de lui.

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