Chapitre 19

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J'avais tenu bon et n'avais envoyé aucun message pendant quinze jours à Paul. J'avais voulu me prouver que je pouvais me contrôler, mais au fond quand je le voulais, j'avais cette capacité à prendre le dessus sur mes pulsions, à une condition : le néant. Comme pour un paquet de chips, le tout et de ne pas manger la première. Mais maintenant que j'étais de retour au bureau, j'attendais avec impatience que Paul m'envoie un premier message. Pour une fois, qu'il fasse le premier pas. Je voulais vraiment tenir bon, mais la vibration de mon téléphone me manquait, chaque jour un peu plus.

Et à part nos regards furtifs au café, Paul restait muet. Les jours passaient interminables, insoutenables. Chaque jour, j'étais de plus en plus triste. Il me manquait atrocement et il mettait impossible de raconter mon chagrin à quiconque, ce qui rajoutait m’oppressait d'autant plus.

Seulement quelques jours et j'étais au fond du gouffre.

Petit à petit, je ne supportais plus que Florian me touche. C'est là que j'ai pris conscience que ma relation avec mon mari était devenue dépendante de mes échanges avec Paul. À chaque fois qu'il s'était éloigné de moi, je m'étais éloigné de Florian. Mon désir avait besoin de Paul, de son sourire, de son élégance et de sa grâce, de sa voix douce, de son regard sur moi et surtout de nos échanges. Mon cœur avait besoin de battre pour éprouver du désir, et là, il étouffait.

Il était devenu ma drogue et j'étais en manque.

J'avais quand même tenu bon pendant dix jours et pour me changer les idées, j'avais décidé de me faire un cinéma en solo. Mais le rien a ses limites et échanger avec lui de nouveau m'était devenu vital.

« A bien y réfléchir, tu me manques », envoyai-je alors que j'attendais le début de mon film.

« Ah, tes vacances ne t'ont pas aidé »

« Absolument pas.
Là, je vais anesthésier mon cerveau pendant deux heures trente au cinéma. »

« Mince !
Tu vas voir quoi ? »

« Les animaux fantastiques »

« Et quelle est la solution alors ? »

« La solution à quoi »

« Au fait que je te manque. »

« Ça, ça ne dépend pas de moi, mais je ne serais pas contre un petit brin d'amitié. »

« Je suis loin d'être contre »

« Mais pourquoi tu ne m'as donné aucune nouvelle depuis plus de trois semaines. »

« Tu avais dit : pas de messages, visiblement ça ne t'a pas aidé. »

« Visiblement. ;) »

À chacun de ses messages, je sentais mon appétit se combler, ma soif s'étancher, mon pouls se calmer.

« Tu sais très bien le risque qu'il y a à se parler et se revoir, surtout si tu vérifies mon travail ☺ », enchaina-t-il.

« Le boulot, c'est le boulot. T'inquiète, je vais être ton pire cauchemar ☺ »

« Je n'en doute pas !! »

« Et puis, quand je ne te parle pas Florian m'exaspère, ce n’est pas terrible non plus. »

« Justement, ça va encore moins aider »

« Le film commence »

« Bon film ! »

À chaque fois c'était pareil, j'arrivais à échanger avec Paul simplement, sans gêne, libre. Je me sentais moi, juste moi, en mieux.

Alors il n'en fallu pas plus qu'un bon film et ses quelques messages pour que je retrouve le sourire.

Paul était une baguette magique, ma baguette magique !

J'avais replongé tête baissée dans ma drogue et je ne résistai qu'une journée avant de relancer les hostilités.

« Au fait, hier, tu parlais de risques, mais je ne pense pas qu'ils soient si nombreux. Je suis loin des critères que tu énumères régulièrement. », écrivis-je.

« Ça dépend !!! ☺ »

« Je ne suis ni fine, je suis née avant 1980, je ne suis pas non plus considérée comme une jolie femme. Il me reste la couleur des cheveux. »

« Brune, c'est vrai !
Non, mais ça, c'est pour les filles avec qui je me pose ☺ »

« C'est vrai, les hommes sont comme ça ! »

« C'est moche hein ? »

Ah les hommes... Sont-ils tellement obsédés par le regard des autres pour qu'ils choisissent une femme aux critères de beauté standard. Au moins, c'était honnête et drôle (enfin, j'espère qu'il y avait un brin de second degré). Comme il fallait me fallait accompagner les filles à leur entraînement, j'avais un peu de temps pour réfléchir à ma réponse.

Alors que mes filles pratiquaient leur sport, je m'installais sur une chaise et relançais la conversation.

« L'avantage, c'est que ça ne donne pas envie »

« C'est l'avantage »

Et si je l'énervais un peu... Avec humour bien sûr !

« Ce n'est pas grave, je trouverai quelqu'un d'autre pour assouvir mes envies libertines, lol »

« Aaaah parce que tu en as ? ☺
Attention à ce que tu dis ! »

Peut-être avais t'il mordu à l'hameçon.

« Va savoir ce qui ce passe dans ma tête »

« Je voudrais bien savoir justement !!
J'aimerais bien savoir ce qui te fait envie »

« Je serai plus causante, quand je saurai ce qui se passe dans la tienne »

« Tu serais choquée ;) »

« Sûrement, je suis très sage »

« Mouais, pas sûr !
Pas sûr que tu sois si sage.
C'est ce qui m'intrigue en fait. ☺ »

« Moi aussi, je me pose la question.
Suis-je ange ou démon »

« Démon, mais bon démon.
Démon bienveillant »

« Ça, tu ne peux pas le dire ! »

« A vérifier »

« La vache la pression !
Va falloir que je m'entraîne »

« Pas sûr !
Pas besoin »

La température montait et j'adorais ça.

Mais il était l'heure que je ramène les filles à la maison.

Cette discussion avait pris des tournures que je n'avais même pas espérées. Il y avait déjà eu quelques sous-entendus, mais très léger, mais là, il devenait délicieusement voluptueux.

Dans la voiture, étonnamment, les disputes des filles me laissèrent indifférente. Je conduisais en rêvassant et réfléchissant déjà à ce que je pourrais lui répondre en arrivant à la maison.

« Cette discussion, n'aurait-elle pas dégénéré », écrivis-je à peine passé la porte.

« Pas assez »

« Si. Je ne peux pas soulager mes tensions, lol »

« Ça dépend... »

« J'ai mes limites.
Jamais quand j'ai mes règles »

« Si ce sont les seules limites, ça va ! »

« C'est délicat les limites. Mais tant qu'on reste dans la sensualité, je pense que c'est toujours mieux.
Si tu vois ce que je veux dire. ☺ »

« Je suis bien d'accord »

« Je me méfie, les hommes n'ont pas toujours la bonne définition de la sensualité »

« Je veux bien le croire.
Mais je pense être pas trop mal là-dessus »

« Je serai incapable d'être aussi sûre de moi ! »

« Ça peut changer ! »

En tout cas, j'en ai très envie.

« Peut-être que tu me réussis. », avouai-je.

« Peut-être ! »

« Sûrement », conclus-je.

Paul m'avait surprise. Cet homme si parfait, qui aurait pu avoir n'importe quelle femme à ses pieds, semblait me désirer. Il m'avait dit que j'étais un bon démon, que j'étais bienveillante. J'avais envie de croire à ses mots. J'avais envie de lui faire du bien. J’avais envie de lâcher prise.

Il était ma définition de la sensualité. Chaud et délicat.

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