Chapitre 46

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Alors le lundi matin, je mis un débardeur suffisamment ample, pour que Paul puisse y glisser la main, sans difficulté. J'avais imaginé que le soir, après que tout le monde serait parti, je viendrais à son bureau pour lui dire au revoir et qu'il aurait profité de notre solitude, pour caresser ma poitrine. Et peut-être même que cette proximité lui aurait donné envie de plus.

Comme d'habitude, je me préparais au meilleur, en sachant au fond qu'il ne se passerait sûrement rien. J'en avais l'habitude maintenant.

C'était la fin de la pause déjeuner et nous allions prendre traditionnel le café qui clôturait celle-ci. Paul était en face de moi, adossé au mur. Nos regards se croisaient parfois et ses yeux glissaient de temps à autre sur mon décolleté. Mais je réalisais, au bout de quelques minutes, qu'il y avait au niveau de son entrejambes un renflement. Il ne pouvait s'agir que d'une érection. J'en étais convaincu.

Alors de retour à mon poste, la tentation fut trop grande.

« Alors toujours besoin de réconfort ? ☺ »

« Tu cherches à m'aguicher avec ton décolleté plongeant ? ;) », répondit-il à ma question par une question.

« Va savoir... »

« C'était intéressant... »

« Si seulement ça te donnait envie de les caresser ☺ »

« Un peu...
beaucoup même », avoua-t-il.

« Si seulement ça te donnait envie de passer à l'acte ☺ »

« Peut-être »

« J'ai déjà eu mille peut-être », remarquai-je.

« Passe à l'appart »

Mon cœur avait dû s'arrêter. Et mes mains tremblaient.

« Tu as le chic pour me surprendre... toujours... », avouai-je.

« Ce n'est pas une réponse ça »

Même si c'est que j'avais toujours voulu, j'étais très impressionnée et effrayée.

« Je crois que si tu lis entre les lignes, tu devrais voir un : quand tu veux »

« Quand tu veux alors », ajouta-t-il.

« C'est les vacances, donc je suis libre comme l'air ☺ »

« Profites-en, tant que j'en ai beaucoup envie... »

« Malheureusement, le lundi, tu fais ton sport ☺ »

« Je peux décaler à plus tard dans la soirée »

« On aura quand même le temps de boire une bière, pour détendre l'atmosphère ? », dis-je alors que je tremblais depuis le début de la discussion comme une feuille.

« Oui tout de même ☺ »

« Cool »

J'avais du mal à réaliser. Ce soir, je devais aller retrouver Paul, pour faire l'amour avec lui. Où était le piège ? Quelle météorite allait rentrer dans l'atmosphère en cette fin d'après-midi. Il n'était pas facile de se concentrer, dans ces conditions et le temps passait si lentement.

À 17 h 01, Paul, m'envoyait : « Bon, allez, c'est bien pour aujourd'hui ! »

« Moi, je finis à 17h30 »

« Du coup ?
Il est 17h31 », envoya-t-il par empressement dès que l'heure fut sonnée.

Au vu de mon stress, il fallait une petite dose d'humour pour alléger la tension de cette situation.

« Ça fait tellement longtemps. J'ai oublié l'adresse »

« C'est vrai ? »

Bien sûr que non ! pensai-je.

Mais il me la redonnait quand même, histoire d'être sûr.

« Mince plus d'excuses ☺ », dis-je alors que bien évidemment, je n'avais envie que de ça depuis des mois.

« C'est toi qui vois »

J'avais éteint mon ordinateur, pris une pastille à la menthe, remis un petit peu de déodorant. Le matin, j'avais eu la présence d'esprit de raser mes jambes et mes aisselles et de choisir une jolie lingerie. J'étais prête. J'étais tellement impatiente et terrorisée à la fois. Même l'ascenseur semblait faire tous les étages.

« L'ascenseur se fait désirer », envoyai-je pour lui faire comprendre où j'étais.

« Pas que l'ascenseur »

Dix minutes après, je garais la voiture à cinq cents mètres de chez lui et me dirigeais vers son appartement.

Je me posais beaucoup de questions. La dernière fois que j'avais fait l'amour pour la première fois avec un homme, c'était il y a dix-neuf ans. Et je n'avais jamais programmé ce genre de chose. Mon dieu que c'était impressionnant.

Je sonnais pour que Paul m'ouvre le portail. En entrant dans la cour, il était là à m'attendre, devant la porte de son bâtiment.

Bien sûr, il nous servit une bière, ce qui nous permit d'échanger quelques mots. Comme d'habitude, Paul me faisait remarquer que c'était moi qui le cherchais tout le temps. Mais j'y étais habitué.

Je ne mettais absolument pas demandée comment nous allions commencer et j'étais incapable de faire le premier pas, même si Paul c'était assis tout près de moi. Mais, de toute évidence, il s'impatientait et je n'avais même pas bu la moitié de ma bière quand Paul se leva.

— Bon, il va falloir que je prenne les choses en main.

Il se dirigea vers son lit et me demanda de le rejoindre.

Obéissante, je me levais, mais buvais ma bière d'une traite, pour me donner du courage. Paul était assis au bord de son lit et je m'agenouillais près de lui. Il commença à défaire les boutons de mon débardeur, mais ceux-ci étants inutiles, ils étaient très difficiles à retirer.

— Tu sais Paul, j'ai mis ce débardeur, car il est ample et que tu peux glisser ta main en dessous.

Je pris son poignet, et accompagnais son mouvement sous mon tee-shirt, pour que ses doigts viennent effleurer ma poitrine. Bien que plus entreprenant que moi, il semblait tout aussi terrorisé, et même légèrement maladroit. Je dégrafais ensuite mon soutien-gorge, pour qu'il profite pleinement de leurs poids dans sa paume. Avec l'excitation, mes tétons pointaient fortement, ce qui les rendait plus ronds et plus mignons. J'ôtais son tee-shirt et lui enlevait le mien. Je me redressais légèrement pour que ma poitrine vienne au niveau de sa bouche et de ma main, j'accompagnais l'un de mes tétons à ses lèvres. Quelle sensation agréable de sentir enfin sa bouche et sa langue jouer avec cette partie si sensible, exacerbée par une attente si longue. Impatiente, j'allongeais Paul sur le dos lui pour retirer son pantalon et son boxer.

J'étais au-dessus de lui et j'embrassais son cou pour doucement redescendre vers son torse, puis son ventre. Mes lèvres glissaient sur sa peau et déposaient au hasard des baisers, sur les os de son bassin, le haut de ses cuisses, le long de ses jambes. Volontairement, je laissai pour l'instant son sexe tranquille, pour faire durer le plaisir et retarder encore ce que je désirais par dessus tout. Il était là, avec moi et il se laissait faire. Il était à moi pour cet instant d'éternité. Mais cette queue que j'avais tant imaginée m'attendait, elle attendait ma langue, elle attendait ma bouche, elle attendait mon sexe. Alors je commençais par la lécher sur toute sa longueur. Mon dieu qu'elle était douce. Il était comme un cornet qu'on lèche encore et encore en finissant du bout de la langue pour garder dans sa bouche le plus possible de crème. Avec gourmandise, je caressais tout le tour de son gland avec la pointe de ma langue ou plus goulûment avec l'ensemble de ma bouche. Petit à petit, je mis sa verge plus profondément, pour finir par la prendre dans sa totalité.

Il profita de longues minutes de mes attentions, mais finit par se dégager doucement pour mettre un préservatif. Pendant ce temps, j'enlevais mes derniers vêtements, sans la moindre pudeur. Il se rallongea sur le dos et je revins à ma place au-dessus de lui, mes jambes de part et d'autre de son bassin. J'embrassais de nouveau son le torse et le creux de son cou. Je n'avais pas oublié qu'il avait dit « pas sur la bouche ». De ma main, je redressais son sexe et venais le mettre dans le mien. Enfin !

Il était en moi et je faisais glisser doucement ça verge dans mon vagin, contre lui au début puis en me redressant, alors que ses mains profitaient de mes seins lourds. J'attendais que Paul à son tour prenne la direction des opérations, ce qu'il fit. Avec fermeté il me mit sur le ventre. C'était maintenant lui qui donnait le rythme et comme beaucoup d'homme, il était plus rapide que le miens. Mais trop d'intensité chez un homme peut faire monter trop vite le désir. Paul m'avait pourtant fait comprendre, lors de certaines de nos discussions, qu'il était éjaculateur tardif, pouvant attendre deux heures avant d'enfin jouir. Mais je reconnaissais à l'arrêt subit de sa pénétration, qu'il avait sous-estimé son excitation. Il glissa avec un peu trop d'ardeur ses doigts dans mon sexe, le temps de faire redescendre la tension.

Mais il revint en moi et accéléra encore le rythme. J'aurais voulu lui offrir ma jouissance, mais j'étais trop impressionnée et lui trop excité. Pourtant, il me faisait du bien et j'aurais aimé rester un peu plus longtemps dans cet état d'excitation intense. Ses mains se crispèrent sur mes fesses alors qu'enfin, il atteignait l'orgasme qu'il avait imaginé depuis sûrement quelques jours... Plus peut-être.

Nous étions maintenant allongés l'un à côté de l'autre, et même si je n'étais pas allée au bout de mon plaisir, j'étais heureuse. Il n'avait pas été parfait, plutôt impatient, parfois maladroit, mais c'était la première fois que nous faisions l'amour, alors que depuis bien longtemps, nous flirtions. En fin de compte, son attitude était plutôt touchante. Il n'était pas la bête de sexe qu'il décrivait devant mes collègues et ça me plaisait encore plus.

Collée contre lui, je caressais doucement son corps, pour profiter encore de cet instant que j'avais tant désiré.

Avant que nous fassions l'amour, Paul avait refermé ses volets, mais la pièce n'avait jamais été dans le noir. Bizarrement, j'étais nue, au-dessus des draps, et je n'avais pas honte de mon corps, même si je le savais imparfait et plein de rondeur.

Jamais je n'aurais mis fin à ce petit câlin volé, cherchant à immortaliser son corps fin, la couleur de sa peau claire, son odeur, sa respiration. Mais Paul se rhabilla en premier et moi, forcée, j'en fis de même.

Il retourna finir sa bière et me demanda l'heure qu'il était.

— 18h30, lui répondis-je

— Seulement ?!

Effectivement, Paul avait été légèrement impatient, ne nous laissant même pas finir calmement notre bière. Et la longueur de nos rapports sexuels n'avait pas atteint les records qu'il m'avait annoncés.

Soit il avait grandement enjolivé ses exploits, soit son excitation avait été plus forte qu'à l'accoutumé.

Mentalement, je choisissais la deuxième solution pour flatter mon ego.

— Tu sais qu'il n'y aura pas de prochaines fois, Elisa ?

— C'est toi qui vois Paul.

— Et de toute façon, c'était pour te rendre service, dit-il pour me déstabiliser comme toujours.

Mais le sourire sur mon visage n'était pas près de partir. J'étais sur un petit nuage de plénitude.

— Arrête de sourire comme ça ! dit-il décontenancé.

— Mais pourquoi, je n'ai aucune raison de pleurer, bien au contraire, ajoutais avec ce sourire qui ne me lâchait plus.

Et puis, même si Paul n'avait pas été très gentleman, je savais que ce regret que j'avais, de ne jamais lui avoir fait l'amour était parti. Et j'avais aussi une forme de fierté, de l'avoir eu pour moi, je lui avoir donné de l'envie et du plaisir.

Paul restait Paul : mi-ange, mi-démon. Sans le savoir, il m'avait montré ses faiblesses et jamais il ne pourrait plus tricher avec moi.

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