Chapitre 48

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Je perdais petit à petit espoir. Et les jours qui me séparaient du départ de Paul filaient trop vite. Je profitais encore un peu de lui, pendant les pauses-café et les pauses-déjeuner, mais ce que j'avais le droit de dire devant mes collègues était forcément très limité.

Mi-mai, alors que cela faisait plus d'un mois que Paul ignorait mes sms, nous avions organisé une soirée Karaokey entre collègues.

Avant d'aller chanter Paul nous avait proposé de boire un premier verre chez lui et ensuite dans son bar préféré pour y manger avant d'aller chanter. Nous étions donc quatre : Nathalie, Jérémy, Paul et moi.

— Installez-vous sur le canapé, j'arrive avec les bières, dit-il alors qu'il ouvrait le frigo.

— Tu aurais du wifi, je n'ai pas de réseau, demandai-je.

— Oui, mon mot de passe, c'est paul.paul tout en minuscule.

Mais pas moyen de me connecter.

— Une blonde, pour Jeremy et pour Nathalie et l'ambrée pour toi, dit Paul, alors qu'en tendant mon verre, je sentis son petit doigt venir caresser ma main, et qu'il me regardait droit dans les yeux.

— Merci. Au fait, tu es sûre de ton mot de passe ?

— Passe ton téléphone, je vais le faire.

— Au fait, tu es sûre de ton mot de passe ?

— Merci

— On est censé arriver à quelle heure, demanda Jeremy.

— Onze heures, répondis-je.

— Parfait on aura le temps de manger un morceau au bar.

Pour une dernière fois, peut-être, je passais une excellente soirée, avec Paul, avec beaucoup de rires. Je repensais à cette caresse sur ma main, me demandant si elle avait été volontaire ou accidentelle. Mais j'avais bien senti qu'il avait retenu le verre quelques secondes et que son doigt était passé au-dessus du mien, alors qu'il était à l’abri des regards, caché par la bière.

Nous étions maintenant assis dans ce bar où j'étais venu à plusieurs reprises avec Paul. Nous attendions notre commande. Devant le grand nombre de bières différentes de la carte, j'avais laissé choisir Paul à ma place. Je voulais savoir ainsi, s'il voulait passer la soirée avec l'Elisa sobre ou exubérante.

Huit degrés, en baron, accompagné de son sourire charmeur.

Au fond, j'adorais quand il me poussait à être emportée par une douce folie, surtout en sa présence.

— Le bipeur sonne. Tu m'accompagnes, chercher les assiettes, Jeremy ? demanda Paul.

Une nouvelle fois en me donnant mon assiette, je sentis Paul caresser ma main.

J'avais fini par m'habituer à ses incohérences de comportement et je me laissais juste porter par l'instant, profitant de sa joie, de nos rires, de cette insouciance. Comme à son habitude, il me taquinait et se réjouissait de me voir quelque peu alcoolisée. De mon côté j'étais détendue, comme si tout fut oublié.

Mais il avait dit à plusieurs reprises qu'une jeune fille devait le rejoindre au Karaokey. Et effectivement quelques minutes après notre arrivée, une demoiselle, brune et frisée faisait son apparition.

Elle était discrète, posée et plutôt effacée. Tout l'inverse de moi. Surtout ce soir-là, où j'étais dans mon élément. Danser, chanter, faire la fête et amuser la galerie, pourraient résumer assez bien cette soirée. Paul passa son temps sur une banquette. Il ne se leva que pour aller chanter avec une de mes collègues, qui avait choisi pour lui " Ne retiens pas tes larmes " d'Amel Bent version second degré. Duo très drôle quand tout le monde veut s'amuser.

Mais même si le temps d'un soir, j'avais retrouvé le Paul amical et espiègle que j'appréciais, rien n'avait changé.

Fin mai de temps en temps Paul et moi échangions quelques sms, surtout quand il avait besoin de moi, pour me revendre des places de cinéma ou pour écouter ses problèmes de boulot, mais je ne faisais pas la difficile car, je savais que rien c'était tellement insupportable.

Et puis, début juin, sans raison apparente, après l'un de mes messages, Paul m'écrit : « Trop têtu, mais j'aurai bien touché des seins aujourd'hui... ».

Que pouvais-je bien répondre à ça. Paul avait tellement soufflé le chaud et le froid.

Mais en même temps, j'avais tellement besoin de lui et il ne le savait que trop bien.

« Moi, je peux en toucher quand je veux ☺ », répondis-je.

Mais pas de réponse.

Qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Paul, j'étais de plus en plus déstabilisée.

Le soir, je le relançais quand même.

« Quand tu as besoin de toucher des seins, c'est que ça ne va pas. Alors que se passe-t-il ? »

« Même pas ! Ça va »

« Alors c'est juste pour m'embêter »

Peut-être que oui en fin de compte, il voulait me faire marcher et je courais. Mais il ne restait même pas deux mois et l'angoisse de son départ, dissipait toute lucidité.

Paul, au bureau, à la moindre de mes réflexions me disait que j'étais une chaudière et il voyait bien que cela m'énervait même si je feignais que non. Alors il recommençait, encore et encore. Alors, comme la veille, il avait tendu un hameçon érotique, cette fois-là fut la fois de trop.

« Trop méchant ! Dommage, j'avais très envie de lécher une verge aujourd'hui ☺ »

« Vraiment dommage alors... », répondit-il

« Peut-être pas, je ne sais toujours pas si je sais me servir de ma langue »

« Je ne sais plus »

« Je peux te rafraîchir la mémoire »

« Comment ? », demanda-t-il.

« À toi de me dire »

Et de nouveau plus rien. Il m'épuisait à jouer continuellement comme ça et je n'en comprenais pas le but.

Peut-être ne supportait-il pas de me parler, comme beaucoup de gens, et espérait-il profiter de mes sentiments pour lui, pour avoir quelques faveurs sexuelles dont les hommes sont friands. Le pire, c'est que j'étais prête à ça, si c'était la seule chose que je pouvais espérer de lui. J'avais perdu toute once d'orgueil et aurais accepté les quelques miettes qu'il voulait bien me laisser.

19h20

« Quand tu parles de caresser des seins, tu sais que je vais partir au quart de tour. Mais je ne comprends pas le but. Et putain, c'est con parce que ce matin, j'avais bien l'intention de baiser avec un mec qui me fait bander. »

Mais rien...

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