Chapitre 1 - 1

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Deux mois plus tard.




Des cris s’élevèrent du palais, témoignant du chaos survenu en ses murs. L’étonnement et la peur se répandirent parmi les habitants de la capitale. La ville était entourée par un vaste désert, comment ce bâtiment pouvait-il être pris d’assaut en dépit de ses gardes ?




  • L’intrus a été repéré dans l’aile est ! hurla Aguerard. Dépêchez-vous !

Une trentaine de Sans-Pouvoirs et de Sorciers se précipitèrent à la suite de leur capitaine dans l’un des couloirs. Les échos de lutte de leurs collègues leur parvinrent. Aguerard plissa les yeux, accentuant les premières rides de son front. Sa vue devenait moins perçante depuis quelques années.

La liste des victimes ne cessait pas de s’allonger de minute en minute.

  • Il faut arrêter ce monstre !

Le mur derrière eux explosa dans un vacarme assourdissant. Une partie du groupe fut soufflée. Les Sorciers ne purent protéger tout le monde, pris de vitesse par les projectiles. Ceux encore debout vinrent en aide aux blessés et les traînèrent vers l’arrière des rangs.

Tous les regards convergèrent vers la brèche. Une sombre silhouette se révéla une fois le nuage de poussière retombé, la main tendue. Une large cape noire usée la recouvrait et dissimulait plus de la moitié de son visage. L’intrus abaissa son bras.

  • Empêchez-le d’aller plus loin ! ordonna Aguerard en saisissant sa chevalière.

Il n’eut pas le temps de jeter un sort, son artéfact devint ardent. Aguerard hurla de douleur et chercha à retirer le bijou qui fusionnait avec sa peau. Ses hommes ne se laissèrent pas distraire et fondirent sur l’ennemi qui dut interrompre son sortilège.

Trois flèches fusèrent vers son visage. Il parvint à les saisir entre ses longs doigts fins à une vitesse inhumaine, les pointes à quelques centimètres de sa tête avant que les gardes ne fussent sur lui.

L’intrus se glissa dans la masse. Il saisit la lance du premier combattant et enfonça la pique dans la gorge du garde qui l’attaquait par derrière. Le premier perdit l’équilibre et trébucha vers l’ennemi qui l’attira à lui. Son corps fut secoué d’un spasme violent et l’air lui manqua : une dague était plantée profondément dans son abdomen. L’ennemi retira aussitôt la lame et laissa chuter son adversaire. Il invoqua immédiatement une barrière de vent qui souffla le reste de ses adversaires autour de lui.

Aguerard, qu’un Sorcier avait secouru, resta stupéfait.

  • Il maîtrise plusieurs auras ? C’est impossible…
  • Et sans artéfact, releva son acolyte Sorcier.
  • Par les Dragons, il fallait que ça soit un Mage !

La situation était périlleuse. Le capitaine jugea bon de reculer pour repenser sa stratégie en observant l’étranger.

Il n’y eut rien à faire. Ses combattants attaquèrent l’ennemi de toutes les manières possibles, mais chaque assaut engendrait des morts sans jamais parvenir à lui infliger ne serait-ce qu’une égratignure.

Aguerard crispa la mâchoire. Il ne pouvait faillir à son devoir. De son œil expert, il profita de la confusion pour déceler un éventuel point faible. Il s’aperçut que l’ennemi prenait appui uniquement sur sa jambe droite, comme si le fait de tenir en équilibre – même pendant une fraction de seconde – lui était périlleux. Le Mage ne courait jamais et calculait la moindre riposte en avance, ce qui lui permettait de se déplacer avec célérité et aisance.

  • Prenez-le à revers ! cria Aguerard.

Les soldats les plus proches de lui s’exécutèrent pour l’encercler. Les autres tentèrent d’accaparer l’attention de l’ennemi pour le détourner de l’attaque à venir.

Privé de toute retraite, l’intrus dirigea aussitôt ses mains en direction du sol. Des pieux acérés surgirent de la pierre et provoquèrent des hurlements d’agonie. Plusieurs hommes tombèrent dans une pluie sanglante.

De nombreux murmures effarés suivirent alors que l’ennemi les toisait, couvert de sang. Si cette offensive se soldait par un énième désastre, Aguerard eut au moins la preuve qu’il avait vu juste : l’inconnu avait un problème sur une jambe. Ces horribles pieux avaient servi non-seulement à blesser ses adversaires, mais aussi à se créer un bouclier offensif temporaire. La moindre seconde comptait dans un affrontement. Cet inconnu en avait conscience.

  • Prenez-le sur sa gauche ! cria Aguerard à ses hommes, décidé à ne laisser aucun répit.

Le Mage n’eut pas le temps de réagir, confirmant malgré lui l’analyse du capitaine. Il se téléporta aussitôt dans le dos d’Aguerard et de son acolyte Sorcier. Celui-ci s’effondra dans un râle d’agonie, une flaque vermillon s’étalant sous son corps inerte. À peine le capitaine s’en aperçut-il qu’une exclamation de douleur s’échappa de sa gorge. La morsure d’une lame glaciale plantée dans son dos le paralysait. Il tomba à genoux dans un gémissement étranglé. Seule la main de son assassin le retenait encore et l’empêchait de s’écrouler dans son propre sang.

Durant un court instant, ses hommes se figèrent face à ce spectacle. D’un groupe d’une trentaine de personnes, ils n’étaient plus qu’une dizaine.

Sous leurs yeux, Aguerard tremblait de rage et de souffrance. La flaque rouge s’élargissait à ses genoux et rejoignait celle de son allié Sorcier. L’intrus tenait fermement ses mains dans son dos.

Lentement, le Mage s’approcha de son oreille.

  • Ne regrette rien. Tu as été un bon adversaire.

Aguerard ne put répliquer. Une torsion de la dague maîtrisée avec précision et il s’écroula tel un pantin désarticulé sous les yeux terrifiés de ses subordonnés. Désespérés et en colère, ils attaquèrent leur ennemi à l’unisson en poussant un cri de guerre.




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