Chapitre 45 - 1

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Le lendemain, le réveil fut compliqué. Karel avait l’impression d’avoir passé une nuit blanche. Heureusement, le petit déjeuner acheva de le réveiller, bien qu’il se serait passé du bruit ambiant. Il se prépara mentalement à prendre beaucoup sur lui-même. Il se sentait dépassé. Il avait l’impression d’être entraîné à l’intérieur d’un cyclone sans fin, tout s’enchaînait trop vite, et ne comprendre que la moitié des choses n’aidait pas.

Une heure plus tard, il se trouvait encore dans ces rues bondées, mais pas seul, cette fois. Malgré son premier séjour catastrophique, Karel parvenait à considérer ces mêmes rues d’un œil neuf. Il restait malgré-tout profondément marqué par sa rencontre avec Lya, de sa main tendue et de son sourire. Celle-ci lui fit face.

  • Ensemble ? sourit-elle en lui tendant la main.

Pour la première fois depuis plusieurs jours, Karel parvint enfin à offrir un sourire sincère. Lya lui apparaissait toujours comme une lumière au milieu des ténèbres. Il acquiesça en répondant à son geste.

Ils arrivèrent devant un grand bâtiment majestueux, au moins cent fois plus gros que le château en ruine dans lequel Karel avait vécu jusqu’à il y a encore quelques semaines. Il se demandait comment des monuments aussi gigantesques pouvaient exister. Plus ils s’en approchèrent, et moins Karel distinguait les toitures. Il jeta un coup d’œil à Lya. Elle aussi était impressionnée et le nez en l’air. Son frère la tira de sa béatitude en lui fermant sa bouche ouverte.

Leurs parents les menèrent à l’accueil. Karel garda les yeux vers le sol pour éviter les regards des gens alentours. Et surtout trop proches… Quel intérêt de se rapprocher autant entre inconnus pour des renseignements ?

Vint le moment qu’il redoutait le plus dans cette journée : lorsqu’ils durent rejoindre d’autres enfants et adolescents d’âges différents pour se faire tester. Karel inspira profondément. Il devait garder la tête haute et museler son angoisse de voir Eylen et Sorel les laisser là.

  • Karel… Ça va aller ? s’enquit Lya en voyant son expression, ayant encore en tête sa réaction brutale de la veille.

Son frère répondit par un signe sec de la tête à l’affirmative, le regard concentré droit devant lui. Il se demandait dans combien de temps les mauvais jugements à son égard allaient tomber. À quel moment son incapacité à parler se remarquerait bien malgré-lui.

Un adulte conduisit tout ce petit monde à l’intérieur de la bâtisse. Karel fut impressionné : l’intérieur était aussi immense que l’extérieur. Et du monde, encore du monde, beaucoup trop de monde, trop de mouvements. Karel se concentra sur la file. On fit entrer les nouveaux élèves dans une salle, et Karel soupira de soulagement quand le calme tomba dans la pièce. Que c’était bon…

L’adulte, une grande femme qui tenait dans la main un haut bâton superbement sculpté, prit la parole.

  • Bienvenue à tous. Si vous êtes ici, c’est parce que vos pouvoirs se sont manifestés. Si maîtriser les éléments peut apporter des choses formidables, ne pas les maîtriser finira rapidement par devenir synonyme de grand danger, à la fois pour vous et pour les autres. Mais nous devons nous en assurer. Vous passerez un par un dans la pièce à côté quand vous entendrez votre nom, où nous procéderons à un premier examen.

Karel avança discrètement sa main sur celle de Lya, assise juste à côté de lui. Comme convenu, Lya fit comme si de rien n’était et garda un visage attentif, tandis que Karel créa un lien télépathique avec elle.

  • Examen… Seuls ?

Lya se garda bien d’hocher la tête.

  • Oui. Mais ne t’inquiète pas. Il suffira juste de faire une démonstration de magie comme tu m’as montré à Var. C’est ça qu’ils te demanderont.
  • Et si… Autres questions ?

Lya ne sut quoi lui répondre pour le rassurer. Elle comprenait les inquiétudes de son frère. Celui-ci n’aimait pas être le centre d’attention, et supportait de moins en moins d’être pointé du doigt. Le problème, c’était que son handicap n’allait pas pouvoir rester secret bien longtemps. Ce répit ne durerait pas. Elle ne pourrait pas toujours le couvrir.

Leurs parents l’avaient informée avoir quémandé un entretien personnel avec le directeur de l’Académie, pour demander à ce qu’ils soient dans la même classe. Lya espéra que cette requête leur serait accordée. Elle non-plus ne se voyait pas laisser son frère seul, vu les difficultés qu’il avait déjà à Var. Ça serait le jeter dans une fosse aux lions sans lui donner de quoi se défendre.

Un regard sévère les toisa.

  • Je vois qu’il y en a qui commencent à se dissiper. Vous utiliserez la magie seulement quand nous vous l’autoriserons entre ces murs, c’est bien compris ?

Karel se crispa mais ne retira pas sa main de celle de Lya : cela risquait de trahir leur code secret. Il redoutait la réaction de sa sœur, mais à sa grande surprise, Lya se retint d’exprimer ce qu’elle devait penser à haute voix. Il l’en remercia intérieurement. Au moins, elle respectait sa décision de ne pas exposer sa faiblesse devant tout le monde. Elle faisait aussi de gros efforts pour tenir sa promesse envers ses parents. Karel essaya d’ignorer les regards curieux qu’il sentait peser sur son dos.

  • Désolée, Madame, se contenta de répondre Lya pour eux deux.
  • Nous allons commencer.

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