Chapitre 47 - 1

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Ce fut dans une ambiance plus sereine que la famille se dirigea vers le magasin d’artéfacts. Impossible de se tromper, vu qu’il s’agissait du seul de la ville, et donc le seul officialisé par l’Académie.

Lya débordait d’énergie tant elle était enthousiaste, et cette fois, Karel parvint à partager son sentiment, bien qu’il demeurait beaucoup plus sur la réserve. Il avait appris une belle leçon plus tôt avec Sorel, et même si elle n’avait pas été des plus agréables. Il avait compris que ses parents ne cherchaient pas à avoir le pouvoir sur lui, seulement l’aider, mais que Karel devait aussi les aider pour cette tâche. Il sentait que quelque chose s’était brisé en lui, mais pas dans le mauvais sens. Un poids en moins, comme si cette discussion avec son père avait chassé un épais brouillard qui l’avait aveuglé. L’une de ses barrières avait enfin cédé, lui permettant de voir les choses de manière différente. Peut-être avait-il donc besoin d’aide pour briser toutes ses autres barrières ? Karel avait pris conscience qu’il était encore aveugle sur beaucoup de choses. Plus il attraperait ces mains tendues, et plus il serait enfin capable de revoir plus clair. Il n’était plus seul. Ces personnes le guideraient jusqu’à ce qu’il soit capable d’appréhender ce nouveau monde seul.

Il ne s’était jamais senti aussi bien depuis qu’il avait quitté les Monts. Il avait pu s’exprimer librement avec Sorel dans la chambre, sans se faire juger ni interrompre. Un poids dont il n’avait pas su comment s’en défaire depuis très longtemps, jusqu’à ce qu’on lui montre comment faire.

Karel n’était pas insensible aux efforts que faisaient la petite famille pour lui. La moindre des choses était donc de leur rendre la pareille. Au moins essayer.

Ils furent très vite devant la façade. Ils entrèrent. Chacun fut impressionné par le nombre infini d’articles qu’il semblait y avoir, la surface de vente mesurant au moins dix fois leur maison au village de Var.

Le gérant, un homme d’âge mûr avec des lunettes et s’aidant d’une canne pour marcher, vint à leur rencontre.

  • Bienvenue ! Alors, qu’avons-nous là pour aujourd’hui ? De nouveaux Apprentis ? Ou c’est pour des réparations ?
  • Ces deux enfants viennent d’être admis à l’Académie de Magie, expliqua Eylen. Voici le document l’attestant. Pour le reste… Serait-il possible de nous guider ?
  • Ah, vous êtes des Sans-Pouvoirs, donc. Ne vous en faites pas. Je m’occupe de tout, répondit le vendeur après avoir vérifié l’attestation.

Il avait l’habitude. Des Apprentis sans ascendance magique, cela arrivait de temps en temps. Donc des parents qui ne savaient pas du tout comment procéder, cela arrivait. Il invita Lya et Karel à le suivre.

  • Ce n’est pas le Sorcier qui choisit son artéfact, c’est l’artéfact qui choisit son maître. J’espère que vous avez du temps parce que parfois, les recherches peuvent être longues. Leur fabrication est très complexe, et sachez que vous les garderez à vie. Ces objets vous serviront à réguler votre pouvoir, à vous aider à parfaitement le maîtriser. Vos petites difficultés de maîtrise disparaîtront donc très vite grâce à eux. Même si cela vous demandera un temps d’adaptation, chaque objet étant très différent d’une personne à l’autre. Et si un jour, vous accédez au statut de Mage, vous n’en aurez plus besoin, ils deviendront de simples objets non-magiques.

Karel grimaça. Beaucoup trop d’informations d’un seul coup pour sa maîtrise actuelle du Weylorien. Heureusement, Lya exécuta rapidement quelques signes à son intention pour lui traduire les passages les plus difficiles en suivant le vendeur.

  • Tu es nerveuse, jeune fille ?

Lya lui offrit un ravissant sourire.

  • Oui, Monsieur, il faut dire que c’est excitant, quand même ! Je vais devenir une Apprentie, après tout ! J’ai vraiment hâte de commencer !

Karel fut saisi d’admiration devant la répartie assurée de sa sœur. Comment est-ce qu’elle faisait ?

  • Drôle de tics nerveux… constata le vendeur en se tournant pour les guider jusque dans les rayons.
  • Désolé…

Lya ne sursauta même pas. Elle s’était très vite habituée et son frère l’avait prévenue avec leur code habituel sur une épaule, apparaissant comme une main posée sur son épaule.

  • T’inquiète pas pour ça, ça ne me fait vraiment rien ! Je te jure, ça ne m’atteint pas. Puis c’est vrai que je suis impatiente, en plus !

D’un côté, Karel lui était fort reconnaissant de le couvrir sans le rabaisser, de l’autre, il ne pouvait pas s’empêcher de culpabiliser sur le fait qu’elle se donnait exprès un genre pour ce faire.

Tous les deux s’étaient entraînés ensemble avant de partir de Var. Si Karel était désormais capable de partager ses pensées, au début, il avait été incapable d’entendre Lya. Son frère avait dû apprendre de lui-même à l’entendre, ce qui demandait quelques ressources supplémentaires en lui-même pour alimenter cette connexion entre eux. Il devait aussi forcément la toucher pour y parvenir, d’où leur petit code secret. Leurs parents s’étaient demandés pourquoi leurs enfants subissaient des maux de tête en même temps pendant plusieurs soirs d’affilée, pour ensuite en guérir précisément au même moment.

Le vendeur s’immobilisa et fit face aux deux futurs Apprentis.

  • Toi, jeune fille, essaie donc par-là. Vu le tempérament que tu sembles avoir, je pense que ton artéfact doit se trouver dans cette zone.
  • Dîtes, Monsieur, comment je saurais si un artéfact me choisit ?
  • Oh, tu sentiras très vite la différence ! N’hésite pas à essayer, mais range bien après derrière, s’il te plaît. Si tu ne ressens rien, c’est que l’objet ne sera pas pour toi, le cas contraire, tu devrais ressentir quelque chose.
  • Et c’est quoi, ce quelque chose ?
  • C’est difficile à expliquer… Tout ce que je peux te dire, c’est que tu vas ressentir comme une sorte de révélation en toi.
  • D’accord, je vais essayer, alors ! Merci pour les explications !

Karel remerciant une énième fois sa sœur intérieurement de demander les choses pour deux. Il se fit surprendre par le regard attentif du vendeur qui l’étudiait. Karel se sentit un peu mal à l’aise, malgré son ancienne habitude avec le Mage. C’était… Perturbant.

Le vendeur réajusta ses lunettes.

  • Mh, toi, tu m’as plutôt l’air d’être une force tranquille, à condition qu’on ne la pousse pas dans ses retranchements.

Karel lui adressa un regard étonné. Qu’est-ce que c’était que ces expressions, encore ? Comment le vendeur faisait-il pour supposer comme ça leur nature alors qu’ils ne se connaissaient pas ?

  • Suis-moi, toi, ça devrait plutôt se situer par là-bas.

Karel le suivit docilement, et comme il avait pu voir comment ça se déroulait avec Lya, il commença ses recherches quand le gérant l’y autorisa. Il soupira de soulagement quand il s’aperçut que ce simple geste ne provoqua aucun problème. Cela lui changeait de d’habitude. Et ça lui fit du bien. Si seulement tout pouvait être aussi simple !

Devant lui, un nombre incalculable d’objets en tout genre, passant par des objets du quotidien comme des armes à l’apparence étrange. Karel les bouda aussitôt. Cela lui rappelait un peu trop le Mage et ses entraînements physiques. Son regard fut attiré par un livre plutôt épais, magnifique à ses yeux. Karel s’en approcha et le contempla. Des dorures étaient présentes sur les coins et sur les quelques petites ornementations de la couverture épaisse, recouverte d’une texture lisse agréable au toucher. Karel remarqua qu’il n’y avait pas de titre. Poussé par la curiosité, il l’ouvrit avec délicatesse, craignant de l’abîmer. Il y découvrit des pages dépourvues de texte. Elles affichaient des symboles allant du plus simple au plus complexe, un peu comme il avait pu voir chez le Mage. Mais à part de l’admiration et de la curiosité, Karel ne ressentit rien d’extraordinaire.

Il referma le livre avec soin, déçu. Karel regarda autour de lui et se demanda ce qu’il pourrait essayer d’autre. Son regard se porta sur une simple baguette de bois finement ouvragée, mais là aussi, rien ne se passa. Il passa à une boussole, magnifique aussi, mais qui ne lui procura rien de plus.

  • Tu t’y prends mal, Petit, intervint le vendeur derrière lui.

Suite ===>

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