Chapitre 13 - 2

4 minutes de lecture

Un air semi satisfait s’afficha sur son visage.

« Eh bien, c’est encore un peu imprécis, mais… c’est déjà beaucoup mieux. Tu vois, quand tu veux. Maintenant, passons à l’étape suivante. »

Sur ces pensées, Serymar invita Karel à recommencer. Son Apprenti parvint cette fois au résultat plus rapidement, il commençait à comprendre. Il demeurait toujours imprécis dans ses destinations, mais avec de l’entraînement, il finirait par y arriver.

Serymar se releva. Il pesa le pour et le contre et fit signe à Karel de le rejoindre afin de lui apprendre comment se téléporter lui-même. Une fois proche, Karel le fixa, prêt à intégrer le moindre de ses mouvements pour arriver au but ultime. Serymar réfléchit. Se téléporter lui était devenu si naturel qu’il n’avait plus besoin d’y prêter attention.

Il prit quelques secondes pour décomposer mentalement cet automatisme ancré dans sa mémoire. Il se souvint de ses propres difficultés lorsqu’il était encore un Apprenti. Elles n’avaient pas été les mêmes que Karel, mais peut-être pourrait-il trouver les réponses qu’il recherchait en analysant les souvenirs de son propre apprentissage.

Il se tourna vers Karel et lui imagea chaque étape. Il lui conseilla d’abord de prendre son temps, et lui expliqua qu’il pourrait un jour se téléporter de manière instantanée quand il maîtriserait mieux la discipline. Puis Serymar disparut en s’imposant de le faire de manière progressive. Il s’effaça littéralement jusqu’à disparaître et fit de même en apparaissant un peu plus loin, sous les yeux impressionnés de Karel.

Le petit garçon tenta à son tour. Il disparut et reparut ailleurs, mais la surprise déforma ses traits lorsqu’il se retrouva sans sa chemise et ses chaussures. Serymar leva les yeux au ciel et d’un autre geste, il rectifia le sort raté.

  • « Je te prierai de bien vouloir rester chaussé. Cela préserve ton intégrité en tant qu’individu. »

Soulagé de se retrouver entièrement habillé, Karel se massa le crâne en regardant d’un air gêné son Maître. Celui-ci lui fit le signe de bien respirer et surtout de rester calme.

« Toi, au moins, tu arrives déjà à le faire dès le premier jour d’essai. C’est une bonne chose, et c’est impressionnant au vu de ton âge. » songea Serymar en attendant que Karel retrouve ses esprits.

Après plusieurs essais difficiles, son Apprenti parvint enfin à se téléporter entièrement. Ne maîtrisant pas encore les distances, Serymar le vit apparaître à un mètre du sol à côté de lui. Le petit garçon chuta maladroitement face contre terre à ses pieds. Karel secoua la tête pour se débarrasser d’un maximum de cendre sur le visage et se redressa sur ses genoux. Il offrit un sourire embarrassé au Mage. Serymar songea qu’il l’aurait entendu rire nerveusement si Karel avait été doté d’une voix.

C’était un début plutôt prometteur, mais il restait encore du chemin. Karel pouvait se mettre en grave danger s’il ne maîtrisait pas les distances. Il pouvait faire une chute mortelle et se tuer d’une manière stupide. Pendant de longues secondes, le Mage se détourna, une main sur le bas du visage : comment enseigner ce sort complexe à Karel de manière efficace ? Aucune idée satisfaisante ne lui vint à l’esprit. Enfin, si, il y avait bien une solution... Son regard se posa de nouveau sur son Apprenti.

« Il va falloir que je prenne sur moi… Karel… Tu m’exaspères… à croire que tu le fais exprès. »

Le Mage lui ordonna de se relever. Le petit garçon obéit et Serymar lui fit signe de ne plus rien tenter pour le moment, ni même d’observer, mais simplement de ressentir. Il lui indiqua de faire attention au moindre ressenti et à la moindre sensation, physique, externe comme interne, qu’il pourrait avoir dans les prochaines secondes. Serymar allait lui montrer. Il tendit une main vers Karel, parvenant difficilement à ne pas la crisper.

Karel ne cacha pas sa surprise, peu habitué à ce type d’invitation. Il ne se fit cependant pas prier. Il prit la main de son Maître qui se raidit un peu malgré-lui.

Résolu, Serymar referma ses doigts sur la petite main chaude puis exécuta une simple téléportation plusieurs mètres plus loin. Il relâcha aussitôt Karel, serrant discrètement le poing pour faire passer cette fébrilité désagréable.

Serymar examina son Apprenti qui semblait en intense réflexion. Il le laissa faire. Après un moment, il disparut pour réapparaître un peu plus loin et Karel l’imita sans attendre. Cette fois il y parvint, bien qu’il perdit l’équilibre à l’arrivée.

Sans le dire, Serymar se sentait plutôt satisfait. Comme il l’avait prévu, Karel avait d’excellentes capacités. Il en était sûr, le garçon parviendrait à contrer la Prophétie qui les visait. Plus que quelques années à patienter. Karel lui redonnait de l’espoir. Une chose qu’il n’avait plus ressenti depuis de nombreuses années.
Au moment où Karel semblait vouloir exprimer quelque chose, Serymar le vit vaciller dangereusement, pris de vertiges. Karel fut si surpris qu’il posa machinalement sa main sur son front comme pour tenter de sortir de son état. Serymar remarqua qu’il était devenu pâle. Cela ne l’étonna guère : son Apprenti avait beaucoup usé de son énergie magique pendant cette séance. Il s’épuisait plus vite que la normale, ces derniers temps.

  • « Va te reposer. Tu as bien travaillé. » lui intima Serymar.

Après le dernier signe, il plaça une main dans le dos de Karel afin de l’inciter doucement à avancer. Son Apprenti acquiesça en lui offrant un sourire reconnaissant et ils se dirigèrent vers la demeure.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire Eylun ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0