• Ben alors, Karel, tu es malade, ou quoi ? s’enquit Lya.

Plusieurs jours s’étaient écoulés, plus ou moins difficiles pour Karel. Pourtant, il était ici depuis moins d’une semaine. Chaque jour l’épuisait, de par les gros efforts qu’il devait fournir pour prendre sur lui heure par heure.

Ils étaient au réfectoire de l’Académie en compagnie de Lyrielle. Tous trois en profitaient pour échanger leurs prises de note s’aider mutuellement. Karel était celui qui fournissait un double travail à cause de ses lacunes. Heureusement, la majorité des choses, il semblait déjà les savoir. D’un côté, Karel était soulagé que le Mage ne lui ait pas appris n’importe quoi, mais de l’autre… Cela lui avait donné une avance certaine sur les autres Apprentis. Beaucoup d’entre eux avaient encore du mal à invoquer la magie alors que Karel faisait cette action naturellement depuis plusieurs années. De même, les sorts qu’il lançait n’étaient certes pas parfaits, mais démontraient déjà une certaine maîtrise que les autres Apprentis de son âge ne possédaient pas encore.

• Karel, tu m’entends ?

Il revint à la réalité. Karel se rendit compte qu’il avait tendance à très vite se déconcentrer. Le Mage le lui avait souvent reproché, aussi. Karel se promit d’y remédier. Reportant le regard sur son assiette, la mine à la fois gênée et dégoûtée, il la repoussa d’une main. Lya émit quelques secondes de silence avant de comprendre. Elle fronça le regard.

• Non, sérieusement, ne me dis pas que tu as fait ça ?

Karel esquiva soigneusement son regard, tant le ridicule de la situation lui pesa.

• Ne me dis pas que tu t’es entraîné à « ça » sur nos animaux ? le provoqua Lya.

Le « ça » en question était la télépathie. Lya eut très vite sa réponse en voyant la réaction de son frère : fuyante. Elle comprit mieux pourquoi il refusait la viande dans son assiette. Elle se tapa le front.

• Non, mais franchement, quel idiot !

Lyrielle éclata de rire. Karel se tassa sur sa chaise, trouvant un soudain grand intérêt à ses mains sous la table. Il trouva aussitôt une manière de détourner la conversation en s’adressant à Lyrielle. Leur amie jeta un regard vers Lya.

• Il te demande si tu as des rêves pour plus tard dans la vie.

Lyrielle sourit.

• Oh, ça va vous paraître un peu démesuré et non réalisable pour une fille comme moi…

La fratrie la fixa avec insistance pour la pousser à répondre quand même. Acculée, Lyrielle céda.

• Je voudrais étudier chez les Avancés, quand j’aurais appris tout ce qu’il faut sur la magie. Leurs inventions sont fascinantes ! Vous savez, la vie est rude dans l’Archipel des Glaciers. Le froid est intense, parfois meurtrier. Heureusement que Nyrvana n’est pas maudite ! Enfin… voilà. Je voudrais étudier chez eux afin d’être capable de, moi aussi, créer des inventions qui faciliteront la vie des gens !

Lyrielle rougit soudain, embarrassée.

• Enfin… je sais… ça parait ridicule, pas vrai ?

Lya et Karel secouèrent la tête de concert.

• Au contraire, c’est génial ! répondit Lya pour deux.

Karel exécuta deux signes, d’abord d’une main poussée vers l’avant, puis fit de même avec les deux poings avec un grand sourire. Lya partagea son expression.

• Il te souhaite « bon courage ».

Le repas terminé, tout le monde se dirigea vers la cour intérieure. Un autre enseignant les invita à se rapprocher de l’estrade.

• Aujourd’hui, nous allons tester vos aptitudes face à un danger. Le monde dehors peut se révéler dangereux, et ce malgré la bienveillance des Sept. Ou plutôt des trois Aînés qui nous défendent encore. Ceci afin de déterminer votre niveau. Si jamais un membre d’un Clan vous agresse, vous devez être en mesure de vous protéger.
• Mais Monsieur, intervint un Apprenti. On dit qu’une fois qu’un membre d’un Clan vous a capturé, on n’en revient jamais.
• C’est pour cela que nous souhaitons mettre toutes les chances de votre côté. Dans tous les cas, évitez-les soigneusement. Les fréquenter n’apporte absolument rien de bon.
• Comment ça se fait qu’ils ne viennent pas attaquer ici ? demanda un autre Apprenti.
• Les Clans sont bien trop occupés à se battre entre eux pour essayer de se dominer les uns les autres, expliqua l’enseignant. Ils ne s’intéressent que très peu à nos villes, et c’est une chance. Toutefois, rassurez-vous, cette Académie dispose d’une barrière magique qui les empêche de venir ici. Nous disposons également d’un système magique empêchant toute intrusion par téléportation, grâce à la technologie de nos voisins Avancés, sans oublier la réputation de Maître Valkor, qui est une légende vivante. Maintenant, revenons au cours. Edmond, Karel, veuillez commencer.

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