Facebook est un disque rayé, une machine à produire de la monomanie.

Tu aimes les vidéos de p'tits chats? En voici une, puis deux, puis trois. Tu veux passer toutes tes journées à en regarder? Pas de problème. On en a des milliers.

Tu es sensible à l'écologie? Voici tout un camion citerne de publications à ce sujet.

Tu t'intéresses à la poésie européenne du quatorzième siècle? C'est open bar: on a tout ce qu'il te faut.

Tu recherches des recettes de cuisine? Mets tes pieds sous la table: tu vas te régaler.

Euh... en fait non: on va te gaver parce que tu es une oie, et avec tes données, on va produire du foie gras numérique dans nos ateliers de la Silicon Valley.

Non! Ne décroche pas! Reste collé à ton ordi, à ton smartphone. On a encore des milliards de trucs à te montrer! Putain, faut vraiment qu'on noue un partenariat avec Ikea, histoire qu'ils fabriquent des chaises qui collent au cul des utilisateurs, pour qu'ils renoncent définitivement à se lever. Ou des canapés en chewing-gum pour les engluer dans notre slime numérique.

Il faut qu'on déverse un océan de publications IA qui imitent en moins bien des trucs que les utilisateurs apprécient. Parce que les publications originales, faites par des humains, ne sont pas assez nombreuses pour remplir la corne d'abondance qui se déverse dans leurs cerveaux perméables.

Tu sais ce que signifie Zuckerberg en allemand? Montagne de sucre! Donc du sucre, tu vas en bouffer.

Mais le sucre le plus raffiné et le plus addictif, ce sont les croyances et les convictions.

Il faut les repérer et en rajouter des couches et des couches. Que les droitards se droitisent, que les gauchistes se gauchisent, que les Cochises se cochisent, que les juifs se juifisent, que les musulmans se radicalisent, que les islamistes se djihadisent, que les viandards bouffent du vegan, que l'extrême droite fabrique des deep-fakes, et que les complotistes s'imaginent que ce grand bordel a été un peu pensé pour que tout ce petit monde se mette sur la gueule.

En même temps, nous, vous savez, tant que ça fait du buzz, du clash, de l'engagement, et que la montagne de sucre se transforme en montagne de dollars, on est contents.

De toute façon, on a prévu nos bunkers pour le jour où ça finira par péter. Et puis maintenant, on mange dans la main de l'Oncle Donald! Alors, il ne peut rien nous arriver.