Chapitre 11

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La réponse du comité de la Fashion Week de Paris arriva mi-février. German réunit l'ensemble des équipes dans la grande salle de réunion pour annoncer la bonne nouvelle.

" Félicitations à tous, mais ne vous reposez pas sur vos lauriers, nous avons encore beaucoup de travail. "

Telle fut la conclusion de la tirade de German. Carla ne perdit pas l'occasion pour minauder avec lui.

" Je suis si excitée par ce voyage, German. Dit-elle en s'accrochant à son bras.

- Vous avez fait un excellent travail Carla, c'est mérité.

- Cela nous permettra aussi de mieux nous connaître, n'est-ce pas German ?

- Certainement. dit-il en se reculant de deux pas pour éviter le contact trop intime de la brune ténébreuse.

Du coin de l'œil il repéra Guiseppe et Eva qui discutaient au bout de la salle. Une aubaine, Il s'excusa auprès de Carla qui le regarda avec un mélange d'agacement et de fascination. Lorsqu'elle le vit s'approcher d'Eva, elle fulmina intérieurement. Elle voyait bien le manège qui se déroulait sous ses yeux et elle était vexée que l'assistante mal fagotée reste la préférence de l'homme qui hantait ses désirs du moment. Elle s'avança à son tour du petit groupe.

- Tout est presque prêt. dit Eva.

- Mia cara, tu es merveilleuse. dit Guiseppe

German n'eut pas le temps de répondre. Carla s'en chargea à sa place.

- Allons, il ne faut pas exagérer. Elle n'a fait que passer trois coups de fil. Tout le travail repose sur nous Guiseppe.

Eva repéra l'œil sombre de German qui annonçait que son interlocuteur allait passer un mauvais moment. Elle ne pouvait pas dire qu'elle en était désolée. Carla détenait le don de l'agacer avec son mépris.

- Je crois que je ne me suis pas bien fait comprendre Mlle Riley. Le travail de tous est primordial. Sans ce travail d'équipe, rien ne serait possible même pas pour vous.

Carla devint plus pâle de mots en mots. Mortifiée, elle ne répliqua pas et tourna les talons avec rage pour sortir de la salle.

- Désolée Eva. dit German

- Vous n'avez pas à vous excuser pour elle.

- C'est une gelosa, de toute façon. Ne t'inquiète pas mia cara. renchérit Guiseppe.

- Nous allons avoir besoin de vous à Paris...

- German, nous avons déjà parlé de ça...

- Oui et je me souviens très bien vous avoir répondu que si Bouchard avait besoin de vous, il n'y aurait pas à discuter.

- Vous ne pouvez pas m'obliger.

- Vous croyez ?

Guiseppe regardait la joute verbale qui se tenait devant lui avec un certain amusement. Il ne put s'empêcher d'intervenir.

- Eva, un événement comme celui-ci, tu ne peux pas me dire que tu ne crève pas d'y aller.

C'est vrai, dans le fond, elle mourrait d'envie de participer à cet événement. À la fois, parce qu'elle avait énormément travaillé sur la préparation et aussi, car les plus beaux défilés du monde se déroulaient à Paris.

- J'ai dit non.

Le cri de protestation d'Eva traversa toute la salle avec force. Ses yeux lançaient des éclairs, German l'attrapa par le bras pour la rapprocher de lui.

- Vous viendrez, c'est compris.

Elle dégagea son bras avec force et sortit de la salle. German était insupportable, mais comment lui expliquer qu'elle ne pouvait, non, ne devait pas se rendre à Paris. Rien que d'y penser, elle en avait des sueurs froides.

German ne désespérait pas de la convaincre, mais il voyait bien ou plutôt il devait s'avouer que sa méthode coercitive ne fonctionnerait pas. Il ne voyait qu'une seule personne susceptible de la faire changer d'avis : Elliot Bouchard.

En voulant se rendre chez les Bouchard, un soir, en sortant du travail, il tomba nez à nez avec Carla. La femme dans toute sa splendeur, moulée dans une jupe crayon noire, perchée sur de hauts talons. Normalement, il aurait dû être attiré, mais au contraire, elle ne lui inspirait aucun sentiment. Peut-être était-ce son comportement aguichant trop voyant qui la rendait vulgaire. Il ne savait pas trop.

- German qu'elle surprise !

Sans trop savoir pourquoi il avait le vague sentiment que cela n'en était pas tout à fait une.

- Carla.

- C'est un heureux hasard de vous rencontrer ici. On pourrait en profiter pour prendre un verre, vous ne croyez pas.

- Non, je ne crois pas Carla et puis je suis pressé...

- Vous avez bien pris un verre avec votre petite assistante.

- Et ?

- Je ne vois pas ce que vous lui trouvez...

- Carla, vous sortez du cadre professionnel.

Il lui tourna le dos et traversa la rue. En réalité, il connaissait la réponse à la question de Carla. L'innocence, la fragilité d'Eva, son regard, sa voix, il lui trouvait tout en plus. Même s'il se l'avouait intérieurement, il ne pouvait pas l'énoncer tout haut. Et surtout pas devant Carla.

Quand il se retourna pour s'assurer que Carla ne le suivait pas, il la trouva affalée sur le sol, se tenant la cheville. Plusieurs personnes l'entouraient déjà pour proposer leur aide. Dans un premier temps, German se demanda si elle ne feintait pas. Mais en voyant ses traits déformés par la douleur, son doute s'évapora. Il revint sur ses pas et s'agenouilla à côté de Carla. Elle s'accrocha à sa manche plantant ses longs ongles dans son biceps.

- Je crois que je me suis fait une entorse.

Sa cheville commençait à enfler à vue d'œil.

- Je vais appeler les secours, il faut vous emmener à l'hôpital.

Les secours arrivèrent dans la demi-heure et German accompagna Carla jusqu'au Presbytarian où on lui mis un strap et lui conseilla une immobilisation complète d'un mois. Carla protesta, elle ne pouvait pas louper le départ pour Paris. Le médecin lui interdit formellement de faire un aussi long voyage avec une entorse d'autant qu'il était fort probable que la compagnie refuse de la faire embarquer. Carla était folle de rage. German pouvait comprendre sa frustration, il essaya tant bien que mal de la consoler, mais rien ne l'apaisa. Il la raccompagna jusque chez elle. Elle tenta de le retenir :

- Vous restez prendre un verre ? Pour vous remercier de m'avoir soutenu.

- Ce n'est pas la peine Carla, j'ai fait ce que je devais et puis je suis très en retard pour mon rendez-vous, alors...

- Très bien alors, je ne vous retiens pas.

Soutenue de sa béquille, elle s'avança jusqu'à sa porte avec German. Avant qu'il ne sorte, elle l'embrassa à la commissure des lèvres ce qui déclencha un mouvement de recul chez German.

- Carla. Dit-il sévèrement.

- Prenez ça pour un merci. Dit-elle en refermant la porte sur un grand sourire.

Le lendemain, German raconta la mésaventure de Carla et annonça qu'elle ne pourrait pas participer au voyage pour la Fashion Week. Seul Elliot semblait désolé de la situation.

- Pauvre petite, ça lui tenait tellement à cœur.

- Elle s'en remettra Elliot. Avez-vous pu parler à Eva ?

- Pas encore, je suis venu ce matin pour ça.

- Très bien.

Elliot se dirigea dans le bureau d'Eva qui était concentré sur l'archivage de dossier.

- Ah Elliot, bonjour.

- Bonjour Eva, je voulais vous parler.

- Oui ?

- Au sujet du voyage à Paris.

Eva se raidit.

- Laissez-moi deviner, c'est lui qui vous envoie.

- Soyez honnête mon petit. Il a raison, vous êtes indispensable à ce voyage.

- Elliot, vous savez bien que c'est un risque que je ne veux pas prendre.

- Comment pouvons-nous faire sans vous ? C'est impossible.

- Elliot, vous savez que je ne peux rien vous refuser, mais ça...

- Votre connaissance de la langue nous est primordiale... Cela fait dix ans maintenant, vous avez certainement changé.

Eva regarda son reflet dans la vitre de son bureau. Il avait raison sur un point, elle ne ressemblait plus à l'adolescente qu'elle était quand elle avait quitté la France.

- Très bien Elliot, j'espère seulement que vous avez raison.

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