Le lendemain avec dix minutes d’avance German frappa à sa porte. Il prit sa valise et la porta jusqu’au coffre de son Audi. Le voyage dura près d'une heure trente dans un silence gênant. Eva ne comprit pas ce qui la décida à accepter un week-end de travail et dans la famille de German en plus. Et puis, il n'y avait pas autant à faire sur cette présentation. Avait-il une idée derrière la tête ? S'il s'imaginait qu'il pouvait se passer quelque chose entre eux... Et bien que ferait-elle si jamais il l'embrassait à nouveau ? Pour être honnête, elle ne le savait pas. Elle avait trop apprécié ce baiser pour préjuger de ses forces à stopper le prochain. Et elle se mentirait à elle-même si elle ne reconnaissait pas désirer qu'il recommence. Juste une fois. Pour voir si son corps s'éveillait une fois encore. Ses tergiversations s'écoulèrent tout au long du chemin, son regard rivé sur le paysage qui défilait.

German tourna sur un chemin bordé de grands chênes centenaires et se gara à côté d’un Mercedes GL familial d’où s’échappa un bambin brun qui lui sauta au coup. Il le prit dans ses bras et mangea sa joue de baisers bruyants qui déclenchèrent des éclats de rire.

« Salut German. Dit une voix qui sortait du véhicule

- Salut frérot.

L’homme se releva et accrocha la nacelle d’un cosy sur le cadre poussette. Eva lui trouva une ressemblance frappante avec German.

German le bambin toujours pendu à son coup se baissa sur le landau.

« Elle a bien grandi, la princesse. »

Une petite femme brune vint l’embrasser sur les deux joues. Son regard s'immobilisa sur Eva qu’elle venait d’apercevoir et fit un signe de tête dans sa direction.

« Alors ça ! Tu nous avais caché venir avec une invitée ?

German se retourna vers Eva qu’il semblait avoir oubliée et qui se sentait-elle de plus en plus mal à l’aise.

- Ah oui, voici Eva Aguilar mon assistante. Eva, mon frère Wyatt, sa charmante épouse Julia et leurs deux adorables enfants Axel et Louisa.

Eva salua de la main dans un sourire timide. German lâcha le petit Axel pour prendre les valises dans le coffre et tout le monde entra dans la maison.

L'imposante demeure en bardage bois, comportait deux étages. Un rez-de-chaussée où se trouvaient les pièces à vivre et un étage entouré d'un balcon qui abritait les chambres. Eva n'était jamais entrée dans ce genre de bâtisse. Dans son milieu, on ne les voyait que dans les magazines ces maisons à quelques mètres de la plage, avec une piscine géante. Le moindre bibelot ressemblait à une œuvre d'art. La chambre qu'on lui destina devait au moins être aussi grande que son appartement et possédait sa propre salle de bain. Étrangement, elle ne s'attendait pas à ça. En même temps, qui avaient les moyens d'habiter dans les Hamptons à part les plus riches.

L'énorme baie vitrée, lui donnait une vue imprenable sur l'océan. Et tout était d'un blanc immaculé, les murs, les couvertures, le gigantesque tapis de coton, les deux fauteuils fifties qui faisaient face au lit king size où elle pourrait se perdre tant il était large.

Après avoir pris une douche, Eva descendit et retrouva la famille Baxter dans l'immense cuisine. En fait, tout paraissait démesuré dans cette maison. Une femme blonde et élégante d’une soixante d'années vint à sa rencontre. À n'en pas douter, la mère de German.

" Je suis enchantée de faire votre connaissance Eva. German nous parle souvent de vous.

Ah bon ? Et que pouvait-il bien leur raconter sur son insignifiante personne ? German intervint.

- Bon maintenant que vous êtes prête, nous pouvons nous mettre au travail.

- Oh là frérot, tu peux lui laisser cinq minutes de détente peut-être. Tout le monde n'est pas un forçat du travail comme toi. Dit Wyatt.

L'image fit sourire Eva.

- Nous avons un dossier important à boucler. Le repos viendra après. "

Du grand M. Abusif tout ça. Mais bon, elle était là pour le travail. Ils s'enfermèrent l'après-midi entier dans le bureau qui avait été celui du père de German. Un endroit sobre, chaleureux et petit. En fin de journée, le dossier était quasi bouclé. German montra une figure satisfaite.

" Il ne restera plus que la mise en forme. Cela vous laissera le temps de profiter du soleil.

- Je ne suis pas venue pour ça. Répliqua Eva.

- C'est vrai, mais mon frère à raison, vous avez le droit de vous détendre un peu. "

Elle était ravie qu'il reconnaisse qu'il en demandait beaucoup, mais en même temps, elle culpabilisait presque de profiter d'un week-end dans cet endroit paradisiaque et en compagnie de son patron. Elle ne se sentait pas à sa place.

German lui proposa une bière, qu'elle accepta volontiers, et ils rejoignirent la petite famille qui profitait des derniers rayons du soleil. Julia, qui se révéla être une femme très sociable, commença la conversation avec une Eva qui se détendait au fil des heures, prise par l'ambiance chaleureuse des membres du clan Baxter.