Mémoires : dix-neuvième fragment

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Bien sûr, après ses événements, il arrêta de payer mes études et l'école me renvoya sans préavis. Un beau rêve s'arrêtait. Je préférais cela que lui être redevable, mais je trouvais quand même injuste de devoir tout stopper comme cela. Je n'avais plus eu de ses nouvelles depuis la confrontation. Peut-être avait-il compris que tout était fini. En tout cas, je l'espérais.

Je repris mon costume de mannequin. Je m'aperçus que je possédais encore une notoriété. J'obtins plusieurs cachets assez facilement. Je retrouvai un certain équilibre.

Mais il faut croire que le passé toujours vous rattrape. Surtout celui qui ne veut pas vous laisser avancer et qui par un fil ne veut que vous rembobiner. Je participai à un défilé d'une grande maison. Je me déhanchais sur l'estrade quand mon regard se porta sur le sien, carnassier. Je manquais défaillir, mais restais aussi stoïque et professionnelle que je le pouvais.

Je ne le croisai qu'à la fin du défilé, lors du cocktail organisé. Je me conduisais comme si je ne le connaissais pas. Il agit de même. J'étais presque rassurée par cette indifférence. Je ne demandais rien de plus.

Sans m'en douter, je m'illusionnais.

Plus tard, le taxi me déposa devant chez moi. Alors, il sortit de nulle part. M'attrapant par le bras, avant que je ne rentre, il me tourna vers lui. Je me retrouvais collée à son torse. La peur m'assiégea. Il me pénétra de son regard :

" Je ne peux pas vivre sans toi bébé.

Il embrassa d'abord mes cheveux, mes yeux, mes joues, avant d'arriver à mes lèvres. Je me laissais faire. Ma faiblesse était d'aimer ses douceurs autant que je détestais ses violences.
- Tu es à moi.

Ces quelques mots me ramenèrent dans ma triste réalité. Je le poussais, mettant le plus de distance possible entre nous. Son regard se rembrunit, son corps se tendit. Mon refus amorça sa folie. Il m'attrapa par le bras, me le retournant dans le dos, me forçant ainsi à revenir me coller sur son torse. De sa main libre, il tira mes cheveux en arrière et s'imposa à mes lèvres avec violence.

Il me lâcha, me gifla puis me poussa. Je tombai en arrière sur le trottoir. Il en profita pour me soustraire aux regards. Me tirant par les bras, pour m'enfoncer dans la petite ruelle adjacente. Je hurlai qu'il s'arrête. Il remonta mon T-shirt sur ma tête étouffant ainsi mes pleurs. Je sentis crépiter en lui ce besoin viscéral de me voir souffrir. Il mordit mes seins, jusqu'à me faire gémir de douleur, me laissant des marques sanguinolentes. Il commença à ouvrir le bouton de mon jean. Je tentais de me dégager, gesticulant dans tous les sens, le frappant d'un genou. Puis, une voix déchira la lourdeur de la nuit.

" Arrêtez. Tout de suite.

Je sentis la pression sur mon corps se détendre. J'en profitais pour rabaisser mon T-shirt et me mettre à genoux. Ma bienfaitrice, toujours elle, ma sauveuse, se tenait devant moi une arme à la main qu'elle pointait avec froideur sur la poitrine de mon agresseur. Il se releva, rit froidement :

- Vous pensez m'impressionner.

- Je n'hésiterai pas un seul instant. Partez.

Il resta quelques secondes à jauger la femme en face de lui. Puis contre toute attente, il acquiesça à sa demande et s'enfuit sans un regard pour moi.

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