Chapitre 39

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German arpentait la salle d’attente de l’hôpital comme un lion en cage, Elliot et Camilla accoururent dès qu’ils les avaient appelés pour annoncer qu’Eva avait été enlevée et qu’elle était à l’hôpital dans un piteux état. Ils attendirent ensemble jusqu’à ce qu’un médecin arrive, demandant à voir la famille d’Eva Aguillar.

« Je suis son petit ami. Dit German en se postant face au docteur.

- Très bien, Mademoiselle Aguilar est très fatiguée, mais elle va plutôt bien. Son état est stable. Avec tout le sang qu’elle a perdu, il faut qu’elle se repose.

- Du sang, que…

- Oui, je suis désolé de vous apprendre qu’elle a perdu le bébé. Nous l’installons dans la chambre 215, vous pourrez la voir dans ¼ d’heure. »

Le médecin sortit de la pièce laissant German les yeux écarquillés, la phrase se frayant un chemin jusqu’au tréfonds de sa conscience « elle a perdu le bébé ». Eva était enceinte ! Le savait-elle ? Et si oui pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé ? Elliot lui mit la main sur l’épaule en signe de réconfort. Il entendit Camilla Bouchard murmurer « Mon Dieu ». Il les regarda comme hébété. Un sentiment de colère lui souleva le cœur, cet enfoiré de Stéphane Lombard lui avait volé son bonheur. Il aurait voulu lui arracher les ongles un par un et le voir souffrir des heures durant. Mais le sort le privait de sa vengeance. L'homme était décédé dans l'accident.

Il se laissa choir sur un siège la tête entre les mains s’agrippant les cheveux, son frère qui venait d’arriver demanda à haute voix :

« Alors comment va-t-elle ?

German leva les yeux sur lui et murmura d’une voix fêlée.

- Elle a perdu le bébé.

Wyatt resta un moment à regarder le visage défait de son frère et s’assit à son côté lui mettant la main sur l’épaule.

- Désolé frangin ».

Lorsqu’elle leva les paupières, la lumière lui fit mal, tout était trop lumineux. Elle baissa son regard sur son bras où un cathéter y était planté. Elle était à l’hôpital. Elle tourna la tête et vit German qui dû sentir son regard car il ouvrit les yeux.

" Eva. Dit-il en se levant et en venant s’installer sur le bord du lit

- German ? Que…

- Chut, dit-il en lui prenant la main. Il ne faut pas te fatiguer. "

Elle se tut sans broncher, elle était fourbue comme quand une mauvaise grippe vous prend pour cible et endolorie tous vos muscles. German se pencha pour lui embrasser le front tout en caressant ses boucles brunes. Elle essaya de se relever contre les coussins, mais la force lui manquait alors il la tira sous les aisselles pour la remonter comme une enfant. Elle n’arrivait pas à arrêter de le regarder. Elle avait cru ne jamais revoir ce beau visage, ses yeux noirs…

Il porta sa main à ses lèvres.

« Eva, notre bébé….

Il n’eut pas besoin de poursuivre, elle comprit, quelque chose se fracassa en elle et une larme perla du coin de son œil lui brouillant la vue. Il avait dit « notre bébé » mais le bébé n’était plus là. Il essuya sa larme de son pouce. Son regard perdu dans le sien, il la questionnait silencieux, avec comme un reproche dans le fond. Il demandait pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Car il avait compris qu’elle savait pour sa grossesse. Cette femme ne lui donnerait donc jamais sa confiance. Il ne voulait pas d’une demi-relation. Il avait, par le passé, déjà souffert des affres du doute, il en connaissait le pouvoir destructeur et ne comptait nullement y goûter à nouveau. La douleur s'insinuait plus cuisante que toutes celles ressentit jusqu'à présent, même Rebecca ne lui avait pas morcelé le cœur de cette façon. Pour la première fois qu'il s'attachait tant à une femme, il fallait que ce soit avec celle qui voulait le moins lui donner. La laisser partir, se détacher semblait sans doute son meilleur espoir de ne pas se perdre. Il avait presque touché du doigt un bonheur espéré et il était déchiré.

Eva resta trois jours à l’hôpital. German vint la chercher pour la ramener. En chemin, il lui annonça que ses amis l'attendaient chez elle pour une petite fête. Arrivés devant son immeuble, il l’aida à descendre et l’accompagna jusqu'à sa porte. Quand il se retourna pour partir, elle eut un geste de la main pour l’arrêter :

- Tu n’entres pas ?

Il la regarda douloureusement.

- Non.

Sa petite mine déconfite lui serra le cœur.

- Écoute Eva, je… Je ne peux supporter que tu ne me fasses pas confiance. Si tu l’avais fait, tout ça ne serait pas arrivé. La confiance, c’est le ciment qui lie les couples et le nôtre manque cruellement de ciment. Pour le moment, je… Je préfère prendre un peu de distance avec nous.

Elle ne savait pas si elle avait eu un jour si mal. Il la laissa là avec un dernier regard de pure souffrance. Elle voyait comme elle l’avait blessé. Il partait et elle n’était pas assez courageuse, elle n’avait pas assez de force pour le retenir. Immobile, elle le regarda disparaître dans l’escalier.

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