Chapitre 5

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 Ce samedi, Alexandra devait aller déposer des CV dans les bibliothèques et bouquinistes aux alentours. Ses parents lui versaient de l'argent tous les mois, mais à 24 ans la jeune femme voulait s'en sortir toute seule, du moins le plus possible. Elle se leva de bonne heure, et fut surprise de croiser Riley - elle avait entendu son ami crier le nom de son amante une bonne partie de la nuit - un café à la main, vêtue d'un t-shirt d'Andrea. Elle se sortit une tasse du placard et se servit un grand café dans lequel elle plongea un sucre, avant de retourner dans sa chambre.

Alexandra sortit un jean noir et un t-shirt blanc de sa penderie qu'elle jetta sur son lit avant de se diriger vers la salle de bain. Elle se glissa sous l'eau chaude qui la réveilla complètement. Elle passa quelques minutes à apprécier l'eau brûlante qui réchauffait son corps, puis se mit à se laver. La porte s'ouvrit, et Alex reconnu son meilleur ami, peu au fait de la notion d'intimité, qui venait se brosser les dents.

  • Tu pourrais attendre un peu que je sois sortie...dit Alexandra
  • Bonjour à toi aussi, répondit la voix endormie d'Andrea. Tu vas chercher du boulot ce matin ?
  • Yep ! Donc laisses moi me préparer, mon chou !

Le rideau s'ouvrit d'un coup. Par réflexe, la jeune femme se tourna vers le mur.

  • Alors, comment tu la trouves ? demanda Andrea, un grand sourire aux lèvres. Pas mal, hein ?
  • Tu parles de Riley ? Oui, pas mal, enfin bon j'ai déjà vu mieux. Par contre les vocalises de cette nuit c'était vraiment pas nécessaire ! Je sais que t'es pas trop mal au pieu mais bon de là à crier comme ça !
  • Eh ! se vexa Andrea en donnant une tape sur l'épaule d'Alexandra, d'abord t'es mal placée pour dire si je suis un bon coup ou pas, je te rappelle que t'aime pas les mecs !
  • Pas faux, m'enfin bon...rit la jeune femme, maintenant laisse moi finir de me laver !
  • Oh ça va ! Je t'ai déjà vue à poil ! s'amusa le blond en partant.
  • C'est pas une raison, gros pervers ! cria Alex.

Elle se dépêcha de sortir de la douche, s'enroula dans sa serviette et alla dans sa chambre finir de se préparer. N'ayant toujours pas bu son café, elle saisit la tasse et alla dans la cuisine pour le réchauffer. Elle tomba sur Riley, assise sur le comptoir, et Andrea debout entre ses jambes, qui était en train d'explorer sa gorge, du moins, du point de vue d'Alexandra. Elle saisit un torchon et le jeta sur son ami, le sommant d'aller dans sa chambre. Qu'il ramène des filles passait encore, mais qu'il se permette de faire des cochonneries ailleurs que dans sa chambre, non.

La jeune femme retourna dans sa chambre en buvant son café. Elle s'habilla en vitesse, se sécha les cheveux et alla mettre ses chaussures pour sortir. Au moment de sortir, les gémissements de l'étrangère se firent de nouveau entendre. Décidément, le week-end allait être très long. A ce moment-là, Alexandra regretta presque de ne pas avoir de copine ou d'amis chez qui se réfugier pour avoir la paix.

 Elle se rendit dans deux librairies, trois bouquinistes et à la bibliothèque municipale afin d'y déposer sa candidature. Elle espérait être rappelée très vite, elle commençait un peu à s'ennuyer à force de passer tout son temps libre à étudier ou rester à l'appart. La fin de matinée approchant, elle alla prendre un café à emporter et se dirigea vers le parc. Elle s'assit dans l'herbe au pied d'un arbre et sortit un livre de son sac. Elle démêla ses écouteurs en pestant, puis lança une musique au hasard, juste pour s'isoler des bruits environnants.

 Deux heures plus tard, quelqu'un bouscula son pied. En levant la tête, elle vit Andrea, qui lui fit signe d'enlever ses écouteurs.

  • Depuis quand t'es là ? Tu répondais pas à mes messages donc je suis sorti te chercher. Riley proposait d'aller manger avec ses amis, ça te donnera l'occasion de voir des gens de ton pays !
  • Je passe, merci quand même. Répondit Alexandra.
  • Oh allez, je te laisse pas le choix, il serait temps que tu arrêtes de rester seule comme ça, c'est mauvais pour ce que t'as !
  • Et qu'est-ce que j'ai ?
  • Une flemmingite aiguë ! Debout ! s'exclama le jeune homme en tirant son amie par le bras.

 Un peu à contrecoeur, la jeune femme se leva et suivit son ami. L'irlandaise leur avait donné rendez-vous dans une brasserie à cinq minutes de marche. Connaissant déjà l’adresse, ils arrivèrent rapidement, et Riley entreprit de faire les présentations. Le groupe était composé de quatre filles et deux garçons. Les garçons et trois des filles, dont Riley, étaient très extravertis, ravis de se faire des amis en France. La quatrième fille, Brianna, restait en retrait. Le petit groupe passa commande au comptoir et alla se mettre en terrasse. Alexandra apprit que les six étaient venus en France avec le même organisme que celui grâce auquel sa mère etait arrivée ici. Plutôt contente de pouvoir parler sa seconde langue maternelle, elle discuta un peu avec les jeunes, ravis de trouver une "half compatriot" dans ce pays inconnu. La seule qui ne décrochait pas un mot était Brianna. Andrea essaya de lui faire un brin de conversation, mais elle se contentait de répondre par oui ou non, ou par de courtes phrases. C'est ce mutisme qui fit qu'Alexandra s'intéressa à la jeune rousse assise face à elle. De physique et de look, elles étaient deux opposés, mais elles avaient en commun cette passion pour la littérature.

Avant de rentrer, en fin d'après-midi, ils s'échangèrent leurs numéros, afin de s'organiser d'autres sorties ensembles. Riley demanda à Andrea s'ils pouvaient se voir le soir même, mais ce dernier refusa, prétextant avoir des choses à faire. Entendant cette excuse, Alex eut un petit sourire. Elle savait que son meilleur ami mentait, il ne voulait pas que la jeune femme croit qu'elle puisse s'attacher à lui. Il ne voulait surtout pas se lancer dans quelque-chose de sérieux. Il attrapa le bras d'Alexandra, fit un dernier geste à ses nouveaux amis et tourna les talons, entraînant la jeune femme au pas de course.

  • Pétochard ! se moqua Alex
  • Alors non, c'est pas du tout ça ! Je veux pas qu'elle se fasse des idées c'est tout !
  • Tu veux surtout pas t'attacher toi, oui ! Elle a l'air de te plaire, quand même, pourquoi tu veux pas tenter un truc ?
  • C'est pas le moment, j'ai d'autres préoccupations plus importantes !
  • Comme ?
  • Une brunette d'1m70 qui ne sait pas comment vivre sans moi !
  • T'es relou ! rit Alex, amusée et attendrie. Arrêtes de t'en faire autant.

Andrea sourit sans répondre. Il avait, selon lui, de bonnes raisons de s'en faire.

Depuis qu'il la connaissait, il avait vu son amie changer du tout au tout. D'une petite fille ouverte et pétillante, elle était devenue taciturne et s'était renfermée sur elle-même. Le jeune homme savait que ses parents n'étaient pas étrangers à ce changement. Entre son père, quasiment absent de la vie de sa fille, ne s'intéressant qu'à ses résultats scolaires ; et sa mère éditrice dans une petite maison d'édition, toujours en déplacement dans tout le Royaume Uni, la pauvre Alex se retrouvait un peu livrée à elle-même, ainsi que son petit frère. Cela avait créé en elle une peur de l'abandon qu'elles se refusait à voir. C'est pour cette raison que Corine et son fils avaient ouverts leur foyer aux deux enfants Reyes, dans l'espoir de les voir heureux et épanouis.

Alexandra, elle, se sentait souvent nostalgique de son enfance, se rappelant sa facilité à parler aux gens, à s'ouvrir au monde ; mais avant tout, elle regrettait cette époque où sa famille était plus unie. Elle se sentait pourtant à sa place, et était fière de celle qu'elle était devenue.

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