Chapitre 43

6 minutes de lecture

En se réveillant le lendemain matin, Lyra se souvint des évènements de la nuit précédente. Avait-elle rêvé ? Était-ce seulement le fruit de son imagination ? Pourtant elle ressentait encore la chaleur de Kayden et la pression de ses baisers sur sa peau. Le cœur emplit d’une joie soudaine elle sauta de son lit, s’habilla et se coiffa, sans attendre Madeleine.

Cette dernière venait justement de faire son entrée dans la chambre. Elle regarda dubitative la demoiselle qui ne pouvait s’empêcher de sourire, les pieds dansant presque à chacun de ses mouvements.

  • Vous êtes bien matinale aujourd’hui Mademoiselle, constata la domestique ravie de voir son amie en si grande forme.
  • Tu ne peux même pas imaginer Madeleine ! Je n’ai plus besoin de me cacher ici, aujourd'hui je sors.

Et sans même laisser le temps à la jeune fille de répondre, Lyra la serra dans ses bras et s’éclipsa en vitesse.

Si je proposais à Kay une balade avec Stardust ? Je suis sûre que ça lui fera du bien de ne pas penser à la bataille qui se prépare, au moins pour aujourd'hui.. Et puis ça pourrait être romantique !

À l’idée de passer toute la journée en tête à tête avec le chef de la garde, se promenant paisiblement le long d’une rivière, s’allongeant sous un arbre, poursuivant leurs caresses de la veille, elle exulta. Une bonne journée s’annonçait.

Ou pas.

  • Childéric est à nos portes !

Des hurlements de terreurs s'élevaient dans les aires, la panique, les mouvements de foules. Les domestiques ne savaient plus où donner de la tête. Des groupements de soldats parcouraient les couloirs en tenue militaire, épée au flanc.

Madeleine cherchait désespérément Lyra. Elle la trouva debout sur une table hurlant après les gens du palais.

  • Maintenant ça suffit ! Calmez-vous tous !

Mais personne ne l'écoutait, trop affolé.

Alors Lyra empoigna un verre à pied qui se trouvait sur un plateau et le jeta au sol. Le verre explosa en mille morceaux dans un vacarme cristallin. Les têtes pivotèrent instantanément vers elle.

  • À présent que j’ai votre attention, commença-t-elle d’une voix forte. Que tout le monde garde son calme. Nous n’arriverons jamais à rien dans cette agitation. Toutes les portes du château sont fermées pour empêcher l’ennemi d'entrer alors il ne sert à rien de courir de la sorte. Nous allons avoir besoin de toute l’aide qui est à notre disposition. Les gardes vont se battre pour nous, à nous de les protéger. Que tous ceux qui s’y connaissent en soin de premier secours se mettent à ma droite, les autres vont aider aux cuisines. Nos soldats auront besoin de force et ils n’arriveront à rien s' ils ont l’estomac vide.

D’abord réticent, les domestiques continuaient de la fixer sans bouger.

  • Moi je peux m'occuper de la cuisine, déclara Madeleine, sa petite main levée à travers la foule.
  • Merci Madeleine, ton aide va nous être précieuse. Allez tout le monde, on se dépêche.

Rapidement, deux groupes se formèrent. À droite ceux qui soutiendront les médecins, également chargés de faire une infirmerie dans la grande salle. Il fallait beaucoup de lits pour les blesser et donc de la place. À gauche ceux qui se chargeront de nourrir l’armée. Lyra leur indiqua à chacun leur mission. Le jeune femme ne réflichissait même pas. Les mots sortaient naturellement et les gestes venaient avec. Elle demanda à un autre groupe de domestique, plus restreint, d’informer leurs collègues de la marche à suivre. Pour finir elle leur indiqua qu’il était primordial de ne pas boucher les courtines, le logis et le chemin de ronde. Ce sont des passages stratégiques pour les gardes.

Avant qu’elle ne parte, Lyra attrapa le bras de Madeline. Je dois voir Kayden, je te rejoins dans les cuisines juste après. Le petite domestique acquiesça mais ne dit mot. Sa gorge était prise dans un étau, la peur.

  • Tout va bien se passer, la rassura Lyra. J’ai confiance en notre armée, et en nous.

Impossible de mettre la main sur Kayden. Et maintenant plus aucun soldat ne vadrouillaient dans les couloirs. Seuls quelques domestiques apeurés erraient, attendant la mort. Lyra leur expliqua à chacun ce qu’elle avait déjà dit au premier groupe. Ils l’écoutaient sans résister. La jeune femme devant eux avait une aura puissante. Avec une telle voix, déterminée mais posée, on ne pouvait que lui obéir. Surtout lorsque l'on était si perdu.

Au détour d’une tour, elle aperçut Thelma, habillée de son armure. Elle était entourée du conseil de guerre, seul manquait Kayden.

  • Je dois me battre avec mon armée, s’énerva Thelma contre un vieux moustachu.
  • Mais votre Majestée, vous devez rester à l’abri avec la reine Ellyana. S’il vous arrivait malheur, c’est tout Ambrume qui tomberait.

Thelma leva les yeux au ciel. C’est elle qui avait combattu Childéric et récupéré le trône. Et elle recommencerait autant de fois qu’il le faudrait. De coin de l'œil, elle vit une Lyra, rouge d’avoir couru si longtemps.

  • Lyra ? Mais que faites-vous ici ? s’étonna-t-elle.

Au même moment, Kayden arriva à l’opposé, Damien et Alphonse à ses côtés.

  • Majestée. Il se passe quelque chose d’étrange avec les domestiques, nous n’en avons vu aucun. Les avez-vous renvoyé chez eux ?
  • C’est de ma faute. Justement je te cherchais, dit-elle à l’intention de Kayden. Votre Majestée, veuillez excusez mon impertinence mais j’ai estimé qu’il était plus sage d’agir ainsi.
  • Explique toi, je ne comprends rien.
  • J’ai envoyé les domestiques se charger de nourrir et de soigner l’armée, la grande salle va servir d’infirmerie. Ils savent ce qu’ils ont à faire et les médecins sont déjà avec eux pour placer des lits. Je vais les aider en cuisine. Je voulais simplement prévenir Kay… hum le Renard doré.

Le visage de Kayden se décomposait. C’était un affront énorme. Lyra n’avait aucun pouvoir au sein du palais, pourtant elle se permettait de donner des ordres. Il redoutait la réaction de la reine. Qu’allait-il pouvoir faire ? Il était le chef de la garde et Thelma était sa souveraine. Pourtant Lyra était la personne qu’il aimait. À cause de la conteuse, il se retrouvait de nouveau dans une situation délicate.

  • Tu as osé prendre en main l’organisation de mes sujets?

Lyra déglutit.

  • Ahah ça ne m’étonne pas de toi ! C’est bien ma belle fille ça ! s’esclaffa Thelma en donnant un coup de coude au chef de la garde.
  • B-Belle fille ?
  • Ben oui, tous les deux vous êtes pas …, demanda Thelma en pointant du doigt Lyra puis Kayden.

Ils ne répondirent pas, trop honteux même pour se regarder.

  • Allez faites pas les timides, embrassez-vous une dernière fois. C’est pas tout ça mais on a une guerre sur le feu. Renard dis à tes hommes de se préparer. Quant à toi, Lyra, j’ai l’impression que tu sais déjà ce que tu dois faire. Vous autres suivez-moi, déclara-t-elle en se tournant vers les membres du conseil.

Thelma disparut derrière un pilier. Lyra se précipita vers Damien et Alphonse. Elle les enveloppa dans ses bras, emplit de joie de revoir ses amis sain et sauf.

  • Vous m’avez manqué tous les deux ! Quand êtes-vous rentré ? Comment avez-vous fait ? Damien tu as maigri. Et toi Alphonse tu as l’air épuisé. Oh mes amis je suis si contente !
  • Ahah nous aussi Lyra, on avait peur pour toi. Et tu peux parler, où est passée la fille capable de manger un sanglier entier, plaisanta Damien en serrant la jeune femme.
  • Ça n’a pas été facile de rejoindre la capitale, mais ce n’est pas le moment de tout te raconter, termina Alphonse tout en tapotant le crâne de Lyra. On va vous laisser parler. Je crois qu’il en a besoin.

Alphonse avait chuchoté la dernière phrase, un mouvement de menton en direction de leur chef.

  • Monsieur, nous retournons à notre poste, annonça Alphonse.

Les gardes saluèrent militairement les deux jeunes gens avant de prendre le même chemin que la reine.

Ils n’entendaient plus que les pas des gardes s’éloigner.

Lyra commença à ouvrir la bouche mais Kayden fut plus rapide.

  • Je suis désolé pour ce qu’à dit Thelma, je ne lui ai rien dit pour hier. Pour… nous. Je t’assure.
  • Ce n’est rien. J’ai juste été surprise, le rassura Lyra.
  • Moi aussi.

Long silence.

  • Tu as été courageuse.
  • Comment ça ?
  • Avec les domestiques. À Polaris. Au bal. Tu as toujours été courageuse.
  • C’est faux Kay. J’ai peur. J’ai toujours eu peur. Et aujourd'hui je suis terrifiée par cette guerre.

Il s’avança jusqu’à elle. Seulement un pas les séparait l’un de l'autre. Il lui prit la main. Lyra sentait le cœur de Kayden battre à l’intérieur de sa paume. Il la porta à ses lèvres. À cet instant, il avait tout du prince charmant, comme ceux de ses histoires.

  • Aucun mal ne te sera fait. Je suis là pour te protéger.
  • C’est justement ce qui m'effraie le plus. Qui te protégera toi ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire NeverlandClochette ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0