1 - Megalia

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Howard Stark n'était pas connu pour être un homme aimant. Il était un génie, il avait révolutionné l'armement américain, il vouait un culte à Captain America, ça oui. Mais un homme aimant, personne ne pourrait l'affirmer.

Sa femme était aussi froide que les glaces polaires, et si elle avait pu apprécier sincèrement son époux, jamais l'Amour avec un grand "A" n'avait cimenté leur couple. En fait, comme beaucoup de femmes en ce temps, elle avait été belle pour habiller le bras de son époux, lui offrir un fils, héritier digne de ce nom, et parfaire le tableau de la famille américaine typique.

Son fils, quant à lui, n'avait jamais connu de son père que le scientifique. Le génie. Le travailleur acharné qui ne savait parler que le langage des chiffres et de la science. La physique nucléaire, les tenues de combats, la technologie primitive. Rares avaient été les "je t'aime", les "je suis fier de toi", ou tout simplement les "fils" sortis d'entre ses lèvres. Si rares, en vérité, que le petit Anthony avait fini par les oublier, s'il les avait jamais connus un jour.

Alors non, définitivement, Howard Stark n'avait pas été un homme aimant, ni un époux attentionné, et encore moins un père exemplaire. Et cela, tout le monde, ou presque, le savait.

Ce qui était moins connu, en revanche, c'est qu'Howard avait aimé les plaisirs de la chair. Ah, il n'approchait même pas le palmarès de son fils, playboy et compagnie, mais il avait eu quelques conquêtes du temps de la guerre. Le SHIELD était tout jeune, Captain America perdu dans les glaces de l'Arctique et encore beaucoup trop de travail a effectué pour assurer un semblant de paix durable. Il n'était qu'un homme.

Il avait partagé quelques moments d'intimité avec elles. Elles étaient jeunes, belles, discrètes. Elles ne demandaient rien, jamais. Et elles ne parlaient pas. Elles laissaient son corps se décharger en elles, physiquement bien présent mais l'esprit ailleurs tourné vers mille autres préoccupations.

Il aurait pu s'interroger, lui, le grand génie. Il aurait dû, peut-être. Toujours était-il qu'entre quatre murs immaculés, au quatrième sous-sol d'un bâtiment oublié en Asie Centrale, un enfant était né de cette union purement charnelle. Megalia Stark.

oOo

« Stark ! »

Tony ouvrit les yeux et se redressa immédiatement, se demandant comment il avait bien pu atterrir ici. Et où était le "ici" en question. Et pourquoi il était pris en otage. Encore.

L'homme qui avait hurlé son nom, le réveillant par la même, recommença encore une fois, et Tony se demanda s'il n'avait pas un léger pète au casque. Parce qu'il ne voyait pas bien l'intérêt de l'appeler, lui, alors qu'il était prisonnier entre trois murs et une vitre et que le gueulard lui tournait le dos depuis tout à l'heure.

Profitant d'un moment de silence, il laissa son regard glisser sur ce qui l'entourait : ses trois camarades étaient là-dedans avec lui, toutes leurs armes en dehors de leur petite pièce, posées de façon provocante contre le mur que semblait regarder M. Débile Profond (non, Tony ne l'aimait pas beaucoup, pourquoi l'aurait-il fait ?)

Il allait esquisser un mouvement vers Steve lorsque l'agent derrière la vitre sembla s'animer à nouveau.

« Ah ! Te voilà enfin, princesse. Quand je t'appelle, j'aimerais que tu ramènes ton joli petit cul fissa. »

Face à lui, une jeune femme d'une vingtaine d'années se faisait traîner par un gardien. En voyant son costume, Tony n'eut plus aucun doute, ils étaient bien dans l'une des plus grosses bases d'HYDRA. Et avec leur chance, ils étaient probablement à l'autre bout du monde, dans un pays hostile aux Américains.

Le gardien jeta la jeune fille au sol, et celle-ci se retrouva agenouillée devant l'homme qui parlait toujours. La nouvelle position de la brunette semblait beaucoup lui plaire, à en croire les insanités qu'il débitait. Tony l'écoutait à peine, cherchant déjà mille et une façons de sortir de là sans perdre un membre. Mais sa réflexion fût coupée net quand M. Débile s'adressa à la jeune femme en l'appelant "Stark" encore une fois.

Tony se figea et fixa son regard sur la forme toujours agenouillée dans une attitude de fausse repentance. Quand enfin l'homme quitta la salle, il ne sut dire combien de temps avait passé. La petite brune releva la tête lentement, ses yeux brillants de haines et de colère croisant ceux du génie en état de choc.

« Megalia, lève-toi. »

Une autre femme sortit des ombres de la pièce et vint se placer aux côtés de la-dite Megalia qui n'esquissa pas l'ombre d'un mouvement. Elle se contenta simplement d'ouvrir la bouche et de parler d'une voix faible.

« Tu es réveillée aussi...

— Ils nous ont toutes réveillées. (Tournant son regard vers les prisonniers.) Ils ont enfin réussi à les capturer, et ils vont sûrement s'amuser à je ne sais quel jeu malsain. (Ses yeux revenant sur Megalia, toujours au sol.) Lève-toi maintenant. C'est la première fois que nous sommes toutes ensemble, et c'est notre seule chance. D'après les gardes, ils (désigne les prisonniers de la tête) ont trois jours de répits avant qu'ils ne jouent avec. Trois jours avant de passer à l'action. »

Sa voix avait diminué au fil des phrases jusqu'à n'être plus qu'un chuchotement incompréhensible à Tony sur la fin. Elle jeta un dernier regard à la baie vitrée donnant sur les quatre hommes puis sortit de la pièce en pressant l'épaule de Megalia au passage.

La jeune femme n'avait toujours pas quitté Tony du regard. Quand, enfin, elle sembla reprendre ses esprits, ses lèvres s'étirèrent en un sourire sincère, quoiqu'un peu effrayant du point de vue de Tony. Elle se releva lentement, fit trois pas trébuchant vers l'avant puis s'arrêta net. Son sourire s'élargit encore plus et ses yeux s'illuminèrent un instant avant que d'autres pas ne se fassent entendre dans les couloirs. Son visage se referma totalement jusqu'à devenir aussi vide et froid que la pierre, puis elle se détourna et disparue dans l'ombre à peine la porte passée.

Tony resta longtemps là, bras ballants, bouche entr'ouverte et le regard fixé sur l'endroit où elle s'était évanouie. Il était intelligent, ça oui, un génie d'après lui-même, ce que les autres accordaient volontiers. Il était plus que capable de faire 2+2, il avait une capacité d'analyse et de déduction assez hors du commun – ce n'était pas pour rien qu'il avait été consultant au SHIELD. Aussi ne lui fallut-il pas longtemps pour se faire une raison : il venait de rencontrer un membre de sa famille.

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