Les vorastéryas

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Je me relève doucement et tend une main secourable à Altea. Evaïs est alerte, prêt à nous protéger, la main sur le fourreau de son épée. La porte est entrouverte mais l’eau n’y entre pas. Un quelconque dôme doit nous protéger.

- Restez ici.

Le ton est sans appel. Je me retourne vers Altea, voulant la rassurer. Je constate qu’il n’en est nul besoin : c’est une princesse, oui, mais une princesse guerrière. Elle se tient droite, prête à affronter le danger, quel qu’il soit. Dans ses yeux, une lueur prédatrice s’est allumée. Elle sait se battre, il n’y a aucun doute là-dessus. Evaïs entrouvre doucement la porte : le majordome gît à terre, assommé. Nous avançons prudemment et je me penche sur le pauvre Nymphalien : rien de grave, juste une belle bosse à l’arrière de la tête. Je la soigne en un rien de temps. Il reprend connaissance et me murmure un pâle merci. Le général entre à ce moment-là. Par la porte ouverte, j’aperçois une énorme méduse rose frôler le navire.

- Que se passe-t-il, général ? s'enquiert Evaïs.

- La vigie a aperçu au loin d’un banc de vorastéryas… Ces maudits animaux sont contrôlés par Athenor… Leur présence ne présage rien de bon. Votre armée n’a pu embarquer, ni celle des elfes. Mes hommes sont bons au combat mais en termes de magie ils sont limités. Nous sommes trois à avoir des capacités spécifiques. Qu’en est-il de votre côté ?

- Les deux elfes qui m’accompagnent sont de rang supérieur : l’un est spécialisé dans les soins, l’autre dans la magie de feu, renseigne Altea.

- Je suis un militaire, Cody est une psychique, bien qu’elle soit encore novice, et Alyana une élémentalienne.

- Vous ? Vous me paraissez bien jeune pourtant…

- Ne vous fiez pas à son apparence : elle a terrassé le Kaern. A elle seule.

Le général manque de s’étouffer.

- Le Kaern ? Comment cela est-il possible ? J’aimerai à l’occasion que vous me racontez cela ma chère. Malheureusement nous n’avons guère le temps. Nous devons à tout prix éviter de croiser la route d’Athenor mais je crains que ces maudites bestioles ne lui signalent notre position. De plus, nous ne savons pas de quoi il est au courant... Le dôme de protection est mis en place par mes soins mais la route est longue : je souhaitais à priori effectuer une partie du trajet en surface afin d’économiser mon énergie… Je ne suis plus au meilleur de ma forme… Mes 5 898 ans me rattrappent...

- Vos…!? je suis estomaquée mais réfléchis rapidement. Pendant que vous maintenez le dôme, je peux nous rendre indétectable : il me faut un endroit calme où je puisse me concentrer afin de nous rendre invisibles. Le navire est grand et nous sommes assez nombreux. Cela nous permettrait de gagner du temps. Evaïs, peux-tu maintenir un bouclier d’insonorisation ?

- Parfaitement.

- Très bien. Général ? Combien de temps avons-nous avant d’arriver à destination ?

- Nous en avons pour deux heures si nous ne rencontrons aucun obstacle.

Deux heures. Cela me paraît long. Je ne peux pas puiser dans l’énergie d’Aoi : je ne sais pas quelles sont ses conditions de détention. Mon estomac se tord à l’idée qu’il puisse être maltraité. Altea prend ma main et la serre. J’ai compris : elle me propose son aide. Je regarde le général et hoche la tête d’un air entendu. Le général me conduit dans sa cabine personnelle où il me montre une maquette du navire et m’indique ses mesures : quarante-cinq de mètres de long sur six mètres de large. Le plus haut mât fait six mètres cinquante. C’est trois voire quatre fois plus grand que la tente d’Evaïs lorsque j’ai protégé le combat fraternel. En serai-je vraiment capable ?

- Je resterai auprès de toi ma chérie, me dit Altea d’une voix maternelle, comprenant mes craintes.

- Je monte sur le pont, donner mes ordres et surveiller notre progression. Prince, nous ne serons pas trop de deux. L’urgence de la situation ne vous échappe pas j’en suis sûr.

- Je vous rejoins.

Evaïs s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Je me détends aussitôt. Il me voue une confiance aveugle et son étreinte veut me le prouver. Je m’installe dans la position du lotus sur le lit du général et en fermant les yeux, j’imagine le bateau dans son ensemble. Je sens les énergies de toutes les personnes présentes. J’inspire une longue bouffée d’air et lance mon sort d’invisibilité. Je suis en état de transe : chaque son, chaque mouvement est amplifié. Je ressens chaque sensation avec une acuité nouvelle. C’est très perturbant au début parce que je peux percevoir toutes les personnes qui se trouvent à bord. Altea s’est assise près de moi et je sens ses mains dans les miennes : elle me transmet sa propre énergie afin que je ne flanche pas.

Deux heures. Il va falloir tenir deux heures.

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