Ils sont partis, tous deux, piliers de leur maison,

Lui, soldat du désert, elle, lumière du lagon.

Leur souffle a traversé leurs terres et nos âges,

Semant honneur et foi, façonnant nos visages.

Mon père était la France au regard indompté,

Le clairon dans l’éclat d’un monde révolté.

Il avait pour fierté la Patrie et le Roi,

Et portait dans son cœur l’Action comme une loi.

Toulon l’a vu grandir, fort, droit, catholique,

Vrai roc dans les marées d’un siècle frénétique.

En Algérie, jeune homme, esprit franc et fidèle,

Il marchait sans trembler sous la bannière belle.

Ma mère, cœur du foyer, regard bleu de merveille,

Vit le jour sous le ciel de l’île aux fleurs vermeilles.

À Bois-Colombes ensuite, elle traça une voie,

Dans le tumulte clair des combats d’autrefois.

Suivant ses idéaux, vénérable complice,

Sa flamme était l’acier des justes sacrifices.

Le Roi comme la France, elle aimait sans détour,

Et priait le Très-Haut, à genoux, chaque jour.

Tous deux se sont trouvés dans l’élan d’un serment,

D’amours enracinées d’ici au firmament.

Catholiques fervents, bâtisseurs inflexibles,

Ils vivaient dans l’honneur, la droiture invincible.

De ce foyer sacré, naquirent leurs onze enfants,

Et mille âmes encore fleurirent au vent du temps.

Ils ont semé la vie, dans l’épreuve et la grâce,

Sous l’infini dès lors, l’Éternel les enlace.

Septembre emporta père, avril nous prit maman,

Et le deuil a lié leurs âmes tendrement.

Mais je sens leur regard dans le silence épais,

Comme le songe d’une plume vers la splendeur de paix.

Ils sont là, au-delà, dans un ciel mérité,

L’un près de l’autre encore, et pour l’éternité.

Et nous, leurs héritiers, dans ce monde indécis,

Nous jurons devant Dieu de chérir leur souci.

Ensemble relevons leur flambeau de mémoire,

Ce sang qui nous anime est leur plus belle victoire.

Soyez en paix, parents, vous qui fûtes si grands,

Les cieux ont deux étoiles qui guident vos enfants.