Septembre 2012

6 minutes de lecture

La semaine est longue et éprouvante, les épreuves me demandent une concentration énorme, beaucoup d’énergie, de temps. S’y ajoutent le stress de la réussite, les trajets en bus jusqu’au centre d’examens à Nîmes et l’absence de Clémence, partie pour quelques jours s’installer dans son appartement à Montpellier, visiter l’IFSI, prendre ses marques et qui ne rentrera que le jeudi soir.

Les résultats ne sont, malheureusement, pas à la hauteur de mes espérances, de nos espérances et je comprends immédiatement que mes choix se sont réduits comme peau de chagrin. J’ai beau avoir fait tous les efforts possibles, je suis loin d'avoir atteint mes objectifs et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je me suis laissé gagner par l’angoisse, par la peur de l’échec et même si je n'ai pas, à proprement parlé, foiré mes épreuves, mes notes sont beaucoup trop moyennes à mon goût et celui de certaines facs..

Dans la foulée, les refus tombent, ne m’aidant pas à redresser suffisamment la tête pour lever les yeux sereinement sur mon avenir.

- Juss, c’est pas si grave… Tu ne peux pas te reprocher quoi que ce soit… T’as fait de ton mieux, mais après ce que tu as vécu, c’est déjà bien d’avoir eu ton bac du premier coup.

- M’man… Merci de ne pas m’enfoncer…

- Pourquoi tu voudrais qu’on t’enfonce mon coeur? T’as passé deux mois à réviser comme un dingue, je suis bien placée pour savoir que tu étais au point… Après c’est le contexte, tes émotions… Et ça t’y peux pas grand chose…

- Merci ma puce… Je m’en veux d’avoir pourri ton été, juste pour ça…

- Vous avez passé du temps tous les deux, vous avez fait un super voyage et… On sait ce que ça a donné, je suis pas sûre que Clem regrette quoi que ce soit, non?

- T’as raison Annie… Je regrette rien Juss, rien du tout…

- Merci ma puce… Je suis désolé pour la colloc… Peut-être que l'année prochaine si mes partiels se passent bien je pourrai demander une mutation à Montpellier…

- Bien sûr… Mais pour l’instant, tu vas faire ton année en Avignon, c’est pas l’autre bout du monde non plus, c’est pas si mal…

C’est vrai que c’était pas mal, mais c’était pas Montpellier, ni Nîmes et surtout c’était pas avec Clémence…

Une fois bien organisés, on espère pouvoir se libérer du temps, pour se voir assez souvent, en fonction de nos emplois du temps respectifs, au moins les week-ends.

D’ici quelques semaines, nous aurons tous les deux la possibilité de passer notre permis de conduire et de nous déplacer plus facilement, sans compter sur les transports en commun.

Malgré celà, je reste déçu, contrarié, nous avions envisagé de vivre ensemble, je me suis projeté dans cette vie un peu trop vite, encore une fois, et la réalité me rattrape, me frappe de plein fouet et je doute de plus en plus de ma capacité à supporter la séparation, malgré Clémence qui se veut tellement rassurante.

Je passe pas mal de temps avec elle à préparer nos affaires pour nos emménagements, mes parents m’ont déniché un petit studio meublé à dix minutes à pied de l’université, le loyer n’est pas donné, mais ma situation ne nous laisse guère le choix, et ils peuvent se le permettre. A défaut d’espace, il est fonctionnel et assez lumineux, climatisé et neuf, et donne surtout sur une cour intérieure arborée. Un petit coin cuisine avec un petit lave-vaisselle, un coin nuit, une table réglable, télévision, wifi, salle de bain équipée d’un lave-linge. Bref un petit cocon fort accueillant et confortable, proche du centre-ville, dans un quartier calme proche des théâtres.

Notre séparation est un véritable déchirement, deux semaines plus tard, même si je semble faire face en apparence, intérieurement, c'est un véritable déluge d’émotions contradictoires. J’avais beau m’y être préparé, on avait beau en avoir discuté pendant des heures, je ne peux me résoudre à me retrouver seul, j’ai l'impression qu’on m’ôte encore une partie de moi.

- Mon coeur… Tu vas y arriver… Tu le sais aussi bien que moi… Puis c’est juste cinq jours… Vendredi soir on se retrouve, on passe le wee-kend ensemble…

- Bien sûr que je le sais, mais… J’arrive pas à comprendre ce qu’il m'arrive… Clem… Ma puce, j’ai peur que… Qu’on y arrive pas… Dans quelque temps… Quand… Je veux dire qu'on aura nos habitudes, notre vie, nos nouveaux potes…

- Et alors? Ça changera rien entre nous… Pour moi on restera nous… Quoi qu’il arrive… Si tu t’en sens pas capable… On arrête maintenant… Mais ne compte plus sur moi… Plus jamais Justin! Pas sans avoir essayé au moins…

- Non… Je veux qu’on continue… Je veux te retrouver à chaque occasion… Chaque week-end, être dans tes bras…

- On est d’accord mon coeur… Je te dis pas que ce sera facile… Même pour moi… Mais on doit continuer… Se battre comme tu l’as déjà fait…

- D’accord… Je te remercie ma puce… De me secouer comme ça…

- On avait dit dès le début qu'on regarderait pas plus loin, qu'on vivrait au jour le jour… Alors on va s’y tenir… Et si on y arrive pas… Tant pis, on aura essayé au moins… On sera toujours là l’un pour l’autre… On a survécu à une première rupture, de la plus belle des façons, alors, y’a pas de raisons…

- C’est vrai… C’était y’a pas si longtemps et pourtant, j’y pensais déjà plus…

Même là, en face d’elle j’ai joué le jeu, je ne veux pas qu’elle se sente responsable de mes souffrances, et surtout j’ai ma fierté, même devant elle qui me connaît si bien.

Après une dernière longue étreinte, nous nous sommes installés dans les voitures de nos parents et nous sommes partis chacun de notre côté, vers notre avenir, les yeux embués de larmes.

Je trouve assez rapidement mes marques en Avignon, je vais visiter la fac où je boucle mon admission, j’apprends à me repérer en ville et y trouver les différents itinéraires pour aller et venir à mon aise, repère l‘auto-école la plus proche, bref je m’enferme dans ce quotidien pour ne pas penser à ma solitude, à notre séparation et je dois dire que ça fonctionne plutôt bien en journée lorsque j'active le “mode robot”. Le soir, par contre, une fois rentré, la situation se complique, surtout lorsque je retrouve Clémence sur l’écran de mon ordinateur, entendre sa voix et la voir me soulage, me rassure, mais sans pouvoir la toucher, la serrer dans mes bras et l’embrasser. Nous passons finalement ce premier wee-kend d’étudiants chacun chez soi, j’aurais voulu rentrer à Lézan, chez mes parents, prendre encore une dernière dose d’air pur avant de devenir un citadin, mais Clémence se retrouve coincée à Montpellier pour régler des détails d’organisation avec le centre de formation et l'hôpital, où elle doit faire ses stages, du coup j’ai préféré rester seul en Avignon.

J’en profite pour jouer au touriste, me promener en ville et découvrir tous les lieux que je pourrais visiter plus tard, le Palais des Papes bien évidemment, mais aussi les remparts, les quais du Rhône et le fameux Pont d’Avignon. Je fais aussi un tour des nombreux théâtres et salles de spectacles, pour récupérer les programmes et essayer de trouver de quoi égayer mes soirées solitaires, repérant au passage quelques bars où se retrouve la jeunesse étudiante.

- Allo mon coeur?

- Coucou petite puce… Je suis content de t’entendre…

- Alors cette première journée de tourisme?

- Ben écoute, j’ai de quoi m’occuper pour un moment. C’est une très jolie ville, vivante, animée et j’ai pas eu le temps de tout voir, juste un tour des remparts en bus et un tour dans le centre, le Palais des Papes, les salles de spectacles et théâtres… Et toi?

- Tout est enfin réglé, je suis rentrée y’a une heure et j’ai essayé de te joindre en visio…

- Ouais j’ai trainé, je suis pas encore rentré en fait, je zone encore un peu tant qu’il fait beau. Si tu veux on en fait une ce soir, j’ai envie de te voir…

- Moi aussi… Tu me manques Juss…

- Tu me manques aussi Clems… Pédaler à tes côtés surtout… Et dormir avec toi bien sûr…

- Je confirme, dormir dans tes bras… La meilleure chose au monde… Je t’aime Justin…

- Je t’aime Clémence…

- Allez je te laisse et on se voit toute à l'heure…

- Ok, j’ai pas envie que tu m’entende pleurer…

- Pareil…

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