Noël 2013

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Quelques jours avant les vacances, Amy m’annonça qu’elle avait finalement décidé de passer les fêtes dans sa famille, qu’elle avait besoin de rentrer au pays, de revoir les paysages enneigés de son enfance. J’avoue que celà m'avait quelque peu contrarié, mais je me réjouissais tellement à l'idée de retrouver mes proches et surtout Clémence, à qui je n’avais touché aucun mot sur ma relation avec Amy, que j’acceptais cette décision avec résignation, sans chercher à lui faire changer d’avis.

Je la dépose en gare d’Avignon dès le samedi matin, après une nuit entre ses bras, pour son TGV vers Paris et, une fois son train parti, je prends la direction de Nîmes.

Ce break d’hiver ve me donner l’occasion de faire un point sur mes sentiments, je me rends compte immédiatement qu’Amy me manque, ce qui peut paraitre un bon signe, mais plus que notre relation, c’est surtout sa présence à mes côtés qui me manque, son contact, la douceur de ses bras au creux desquels je me sens si bien. Je ne suis toujours pas sûr de mes sentiments pour elle, ils sont beaucoup moins puissant que ce que j’ai pu ressentir par le passé, je n’arrive pas à savoir si ce que je ressens pour Amy n’est rien d’autre qu’une simple attirance, un simple coup de cœur passager ou la naissance d’un amour, sincère, qui ne demande qu'un peu de temps et de patience pour grandir.

- MON JUJU!!!!

- MA CLEMSOU!!!

Elle se jette dans mes bras sur le quai de la gare, m’écrasant contre elle comme au bon vieux temps.

- Si tu savais comme tu m’as manqué, comme tes bras m’ont manqué, ton odeur…

- Ma belle… Calme toi et surtout ne te mets pas à pleurer comme ça, sinon tu sais ce qui va se passer. Tu m’as tellement manqué aussi…

- Excuse-moi, c'est la fatigue… Il était temps que ça se termine, je suis au bout du rouleau. Je suis tellement heureuse de passer ces deux semaines avec toi, tellement heureuse que t’ai pu te libérer finalement.

- Je le suis aussi, si t’avait pas été là, j'aurais juste fait un aller-retour pour Noël, deux ou trois jours, mais finalement, les événements ont fait que je peux rester deux semaines et j’ai tellement de choses à te raconter. T’as super bonne mine pour quelqu’un au bout du rouleau!

- Des choses à me raconter? Mais… On s’appelle toutes les semaines!

- En voiture Simone!!! Je te raconte en route… Et toi?

- Semestre difficile… Mais, grâce au sport, je peux décompresser une ou deux fois par semaine et ça m’aide beaucoup, surtout après mon stage en réa. C’était pire que la mine, mais je crois que c’est ce que je veux faire. Vraiment.

Nous quittons le parking dans la nuit naissante, une fois ses bagages entassés dans le petit coffre de ma voiture.

Alors et toi? C’est quoi ces nouvelles si importantes que tu as à m'annoncer?

- Je… J’ai… Je suis avec quelqu’un… C’est peut-être juste une passade, je sais pas encore ce que ça peut donner. J'ai pas besoin d'une relation parfaite pour l’instant, juste de quelqu’un près de moi, je veux dire une présence, des bras pour me réconforter, une oreille attentive, même si je sais que t’es toujours là.

- Juss… Te justifie pas je comprends… C’est qui, je la connais?

- Amy…

- Amy??? Je m’attendais à toutes, sauf à elle….

- Moi aussi… On s’est beaucoup rapprochés depuis la rentrée et pour Halloween, comme j’ai failli me retrouver seul pour finir la soirée, elle est restée pour me tenir compagnie, on a bu quelques coups au Red, elle m’a raccompagné chez moi, on a discuté une bonne partie de la nuit… Quelques jours plus tard, on a sauté le pas… Excuse-moi Clems… J’ai l’impression de te trahir…

- Tu plaisantes j’espère? Je suis super heureuse pour toi… Pour vous deux… C’est à moi de m’excuser, je suis désolée Juss, désolée de tout ce que je t’ai imposé, de t’avoir fait souffrir…

- T’as rien imposé du tout, on était deux à prendre les décisions, soeurette, on a voulu essayer alors qu’on savait que ce serait très dur, avec la distance, les cours et tout ça, on a pas tenu le coup, mais au moins on a rien à regretter…

- T’as raison… C’est pour ça que je suis contente de passer ces vacances avec toi, comme au bon vieux temps. On ira courir demain, que je vois si t’as pas trop perdu?

- J’aime quand tu me parles comme ça!!! Mais c’est pas parce que mon coach n’a plus beaucoup de temps à me consacrer et que j’ai moins de temps libre, que je me suis ramolli, Amy aime bien aller courir avec moi de temps en temps…

Je profite du voyage pour lui donner un peu plus de détails sur ma relation avec Amy, mes hésitations par peur de la contrarier, mes sentiments qui semblent grandir chaque jour, sur mes projets tatouages, sur son absence, qui me pèse déjà, pour les vacances.

Nos parents semblent ravis de nous voir arriver ensemble, souriants et heureux, comme au bon vieux temps, si seulement ils savaient certaines choses…

- Hello Darling!

- Hello Sweetie!

- We arrived safely at Lézan, Clem kisses you. And your flight? (Nous sommes bien arrivés à Lézan, Clem t'embrasse. Et ton vol ?)

- I'm at the airport, I'm waiting to board the plane. Did you tell her about both of us? (Je suis à l'aéroport, j'attends l'embarquement. Tu lui as parlé de nous deux ?)

- Of course! I couldn't hide it from her any longer. (Oui, bien sûr ! Je ne pouvais plus lui cacher.)

- And so? (Et alors ?)

- She's happy for us, and said we deserved it. I'm so happy to have her back for two weeks. ( Elle est ravie pour nous, elle a dit qu'on le méritait. Je suis si heureux de la retrouver pour deux semaines.)

- It's cool that you two can meet again. Be wise anyway. (C'est cool que vous puissiez vous retrouver tous les deux. Soyez sages de toute façon.)

- Don’t worry about it… Don't forget to text me when you land at Kennedy. (Ne t'inquiète pas pour ça... N'oublie pas de m'envoyer un texto quand tu atterriras à Kennedy.)

- No worries Darling, but I will wake you up. (Pas de soucis Darling, mais je vais te réveiller.)

- It doesn't matter at all. (Ce n'est pas très grave.)

- Kiss you Darling, bye.

- Kiss you too, bye Sweetie.

J'essuie rapidement une larme qui perle au coin de mon œil avant que Clémence n’arrive.

- Tu parles vachement bien anglais maintenant!

- J’ai une super prof…

- Ça va aller Juss?

- Bien sûr, c’est juste qu’elle me manque… Ça me rappelle de mauvais souvenirs… Mais t’es là toi…

- Viens là, me faire un gros câlin… Elle me serre une nouvelle fois dans ses bras, venant poser son front contre le mien et ficher ses yeux dans les miens. J’ai du mal à croire que pour votre premier Noël, vous ne soyez pas ensemble!

- Et tu l'aurais pris comment si je t’avais dit que je le passais à New-York, avec une fille, où que je venais pas seul?

- Pas super bien, mais j’aurais compris…

- Je voulais pas… Pas cette année en tout cas, c’est trop frais entre nous…

- Entre nous ou entre vous?

- Les deux…

Il a ensuite fallu expliquer aux parents les raisons de ce soudain accès de tristesse, sans entrer dans les détails, puis nous avons partagé de délicieuses pizzas avant de passer la soirée tous les deux à découvrir le centre d’Anduze qui affichait son air de fête, sous les décorations lumineuses. J’ai dû à plusieurs reprises lutter contre mon envie de prendre sa main dans la mienne, les habitudes ont la vie dure. Mais lorsque son bras a entouré ma taille et sa tête est venue se poser sur mon épaule, je n’ai pas hésité à passer mon bras autour des siennes en frissonnant de bonheur, fermant les yeux un instant pour figer ce moment dans ma mémoire. Nous avons continué ensuite notre promenade silencieuse jusqu’au bord du Gardon, où nous nous sommes assis pour contempler le ciel.

- T’es sûre que ça va?

- Oui… C’est juste que… Ton histoire avec Amy, ça m’a surprise…

- Désolé de pas t’en avoir parlé avant, mais tu vois, je sais toujours pas vraiment où je vais avec elle. J’ai encore du mal à me projeter vers l’avenir, je pense beaucoup à toi, à nous, je me dis qu’on à peut être raté quelque chose… Puis, j’ai surtout peur que tu en souffre…

- C’est adorable de penser à moi… Je vais pas te dire que ça me fait sauter au plafond, mais si t’es heureux, ça me va… Puis maintenant, je sais que je vais pouvoir, moi aussi, trouver quelqu’un, sans avoir peur de te faire plus de mal…

- Merci… Merci pour tout, pour cette amitié, pour cet amour, pour ta sincérité, pour ta bienveillance…

- Je peux te retourner les remerciements…

Elle a pris ma main, croisé nos auriculaires en plongeant son regard dans le mien.

Justin et Clémence. A la vie, à la mort…

- Clémence et Justin. A la vie, à la mort…

Cette soirée est venue s’ajouter à tous ces moments inoubliables que nous avons partagé, qui sont rangés, là, dans un petit coin de nos têtes, et qui, de temps en temps, quand notre ciel est gris, quand il pleut sur nos vies, nous éclairent et font naître un arc en ciel dans notre coeur.

Nous passons encore de belles fêtes de fin d’années en famille, renouvelant les traditions de l’année précédente et, à la fin de nos vacances, je la raccompagne jusqu’à Montpellier pour passer encore quelques heures avec elle, avant d’aller attendre Amy sur le quai de la gare d’Avignon en fin d'après-midi.

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