L’étrange protecteur

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Rose poussa la porte et observa la salle. Il n’y avait pas grand monde. Elle s’avança vers un homme qui essuyait des verres derrière un comptoir et lui demanda une chambre ainsi qu’un repas bien chaud. L’homme la regarda attentivement, surpris de voir une femme, bien habillée, perdue dans la campagne profonde.

- Vous ne devriez pas parcourir la région sans être accompagnée ! Lui dit-il en posant son chiffon sale sur le côté.

- Je me suis égarée, voilà tout. Savez-vous où se trouve le couvent le plus proche ?

- Il y en a un, à un peu plus d’une matinée de route vers l’Est. Mais je vous conseille de ne pas vous déplacer seule, madame.

- Je n’ai pas le choix. Veuillez me servir une assiette de ce ragoût qui mijote.

Le tavernier sortit une écuelle en bois et partit vers son fourneau. Rose prit place à une table, retira sa cape qu’elle plia sur le côté. Le serveur lui apporta son repas et repartit dans une autre pièce. Elle avait tellement faim, qu’elle dévora son ragoût bien trop cuit. C’est alors, que deux hommes à l’odeur putride vinrent prendre place à ses côtés. Ils posèrent leur choppe de bière et commencèrent à la taquiner. Bien éméché, l’un d’eux posa sa main sur la cuisse de la jeune femme. Rose n’osait plus bouger, espérant voir le tavernier revenir au plus tôt. Les deux hommes empestaient l’alcool et réclamaient des caresses. Rose repoussa la main baladeuse et essaya de s’extirper des bras du second. À ce moment, une coupe en terre cuite fut posée avec fracas sur la table. Elle sursauta et leva les yeux. C’était son fugitif, au regard vert, qui venait à point à son secours. Les deux paysans le fixèrent, l’un d’eux s’aventura à poser sa main sur un couteau.

- Veuillez laisser cette dame tranquille, elle est avec moi, dit l’étranger.

- Je te la rendrai après avoir visité ses jupons ! lui lança un des deux hommes saouls.

L’individu plongea son regard dans celui des deux hommes et fit tourner son verre entre ses mains, tout en respirant lentement. Les deux paysans paralysés n’osaient rien dire.

- Prenez vos verres, et allez vous asseoir au fond de la salle, face au mur, dit-il d’une voix posée et très calme.

Les deux compères s’exécutèrent. Rose se retourna, intriguée par cette scène insolite. Elle fixa les deux hommes puis l’étranger.

- Comment avez-vous fait cela ? Vous pouvez manipuler leurs esprits ? Questionna-t-elle, méfiante.

- C’est bien trop facile, ils ont plus d’alcool que de sangs dans leurs veines.

- Vous êtes le diable, n’est-ce pas ?

- Non. Je suis Aaron. Vous m’avez libéré et j’ai une dette envers vous. Je dois vous mettre en sécurité, avant que les Dominicains ne vous trouvent.

- Je n’ai pas besoin de vous ! Lança-t-elle, affolée.

Elle se leva, mais la main d’Aaron l’arrêta.

- Je crois que vous voulez rejoindre ce couvent, n’est-ce pas ? Permettez-moi, de vous accompagner.

- Comment le savez-vous ?

- Je le sais ! Les routes ne sont pas sûres et je ne voudrais pas qu’il vous arrive malheur. Mon temps est précieux, mais je voudrais, néanmoins, vous savoir en lieu sûr.

Le tavernier entra et regarda l’étranger. Il s’avança vers Rose et lui demanda si cet homme l’importunait. Rose réfléchit quelques secondes puis le remercia.

- Vous avez la chambre en haut des escaliers, dit le serveur en posant une clef sur la table.

- Nous aurions besoin de deux chevaux, demain matin, dit Aaron en reculant sur sa chaise. En attendant, servez-moi ce bon ragoût qui sent très bon.

Le serveur repartit dans la cuisine et revint avec une écuelle entre les mains. Il la posa devant lui et fixa de nouveau la jeune femme.

- Tout va bien, il est avec moi ! dit-elle, sans vraiment être consciente de ce qu’elle venait de dire.

Le tavernier repartit à ses casseroles, laissant les deux voyageurs en tête-à-tête.

- Qui êtes-vous ? Demanda de nouveau Rose.

- Je ne suis pas le diable ! Et vous n’avez rien à craindre, répondit-il en dévorant son repas.

- Mais vous n’êtes pas humain ?

- C’est exact !

- Si vous arrivez à manipuler les esprits, comment vous êtes vous fait arrêter par les gardes du Comte ?

- Je n’aime pas trop les lances. Mais ne posez plus de questions. Je vais vous mettre en sécurité et subséquemment, j’accomplirai ma mission.

- Quelle mission ?

- Cela ne vous regarde pas. Mais sachez que je ne suis pas un ange exterminateur.

- Le Comte ?

- Il est mort ! Il ne vous causera plus d’ennuis. Par contre les Dominicains nous recherchent. C’est pourquoi, nous devrons partir très tôt, demain matin.

Rose soupira. Elle se sentit oppressée et regrettait d’avoir libéré cet être étrange. Son geste déplorable avait suscité la colère des Dominicains et exposé sa vie à un réel danger. Aaron poussa son assiette vide et la fixa droit dans les yeux. Son regard vert s’illuminait à la lueur des bougies. Il lui fit un sourire et l’invita à aller se coucher, la route allait être longue et ils avaient besoin de repos.

Ils montèrent à l’étage et entrèrent dans une chambre spacieuse qui sentait l’humidité. Aaron se pencha sur un poêle à bois et déposa quelques petites bûches. Il claqua des doigts et une étincelle surgit de la sciure. Rose sursauta, elle n’en croyait pas ses yeux. Qui était-il pour pouvoir réaliser tant de choses surprenantes ? Elle recula, effrayée.

- N’ayez pas peur, Rose. Comme je vous l’ai dit, je ne représente pas le diable et je ne vous veux aucun mal.

Il se dressa devant elle, la faisant reculer jusqu’ au fond de la pièce. Les yeux dans les yeux, il posa son doigt sur la tempe de la jeune femme apeurée et saisit son visage entre ses mains.

- Dormez, maintenant, dit-il en accomplissant de petits mouvements circulaires sur ses tempes.

Rose sentit une douce chaleur l’envahir. Ses paupières se fermèrent et elle se laissa glisser dans ses bras. Il la déposa sur le grand lit et la recouvrit d’une couverture, avant de prendre place dans l’imposant fauteuil placé prés de la fenêtre.

****

Le soleil n’était pas levé qu’Aaron réveilla doucement Rose. Elle ouvrit les yeux et s’enfonça au plus profond de ses couvertures. Mais Aaron la tira doucement hors du lit.

- Nous devons partir, maintenant.

Rose détourna son regard. Lorsqu’il enfouissait ses yeux dans les siens, c’était pour s’emparer de son esprit, et ça, elle l’avait bien compris.

- Très bien ! S’écria-t-il. Dormez et attendons l’arrivée des Dominicains !

- Vous me faites peur !

- Rose ! dit-il d’une voix paisible, je ne vous ferai aucun mal, croyez-moi. Vous n’avez pas envie de finir sur un bûcher, n’est-ce pas ?

- Non !

- Et je peux vous confirmer qu’être brûlé vif n’est pas une partie de plaisir ! Nous devons partir à présent. Je connais ce couvent et vous y serez très bien.

- Comment le connaissez-vous ?

- Ce serait trop long à vous expliquer, et nous ne disposons pas du temps nécessaire pour cela. Je vous attends dans les escaliers, faites vite.

Sur ces quelques mots, Aaron quitta la chambre et s’assit sur la dernière marche des escaliers. Rose se leva et regarda par la fenêtre. La toiture de la taverne était à sa portée. Elle ouvrit et balança son baluchon en bas, puis enjamba le rebord pour attraper une poutre qui dépassait du toit. Longeant le mur en prenant soin de ne pas émettre le moindre bruit, elle descendit prudemment sur les tuiles jusqu’au bord du toit où, saisissant la gouttière, elle se laissa tomber au sol. Après un bref regard autour d’elle, elle prit son baluchon et courut en direction de la sortie du village, pensant être débarrassée définitivement d’Aaron. Mais qu’elle ne fut pas sa surprise de voir qu’il l’attendait avec deux chevaux.

- La prochaine fois, faites moins de bruit, Rose.

De colère, elle lui aurait bien asséné une gifle, mais à l’évidence, elle ne pouvait lui échapper. Alors, elle monta sur l’un des étalons et attendit qu’il lui indique la direction.

Aaron monta à son tour et donna un coup de talon. Les voilà partis en direction du grand couvent des carmélites.

Tout le long du chemin, Rose se posait de nombreuses questions. Pourquoi cet être voulait-il impérativement la mettre à l’abri ? Qui était-il ? Quelle était sa mission ? Elle restait à quelques pas derrière lui, scrutant chaque mouvement qu’il faisait. Aaron était énigmatique, mais étrangement, sa présence la réconfortait. La route était longue et ils firent une brève halte au bord d’un petit étang pour abreuver les chevaux. Elle ne le quittait pas du regard. Aux petits soins, s’affairant autour des étalons, Aaron avait retiré sa chemise et brossait le cuir épais des montures. Rose descendit au bord de l’eau pour se rafraîchir le visage. Elle remplit sa gourde et retira sa grande cape. L’eau était délicieuse et l’envie d’un plongeon la tenaillait. Elle retira ses chaussures, ses bas et laissa ses jambes se délasser dans l’étang. Le soleil était au zénith et la chaleur torride. Aaron remplissait un gros bol en bois qu’il déversait sur le dos des chevaux. Rose contemplait son dos musclé. Malgré toutes les tortures subies, il n’arborait aucune cicatrice. Fort, très large d’épaule, avec sa longue tresse qui descendait jusque sur ses reins. Son visage était massif, imberbe, et son regard profond et hypnotique. Il laissa les chevaux se reposer et s’assit sur un rocher saillant pour défaire ses chaussures, avant de plonger dans l’eau et savourer les courants frais. Tout était paisible, les oiseaux chantaient au sommet des arbres. Rose aurait même pu faire une petite sieste, mais Aaron sortit précipitamment de l’eau. Il l’empoigna pour la tirer jusqu’à un chêne centenaire. C’est alors que trois lances s’abattirent sur lui, transperçant son dos. Rose hurla d’horreur en entendant ses cris de douleur et en voyant le bout des pointes ressortir par le torse d’où le sang s’écoulait. Elle leva les yeux et vit une dizaine d’hommes, quatre Dominicains et six gardes du Comte, prêts à renvoyer une salve de lance. Un homme cria un ordre et une pluie de flèches s’abattit sur Aaron qui tentait de protéger la jeune femme de son propre corps. Il encaissa tout en gémissant, releva la tête et plongea son regard dans celui de Rose.

- Rose ! Passez derrière l’arbre, mettez-vous à genoux, fermez les yeux et surtout, bouchez-vous les oreilles.

Rose contourna l’arbre et obéit, sans proférer la moindre parole. Aaron grimaça tout en soufflant fortement. Son corps se mit à trembler, puis un cri grave et terrifiant résonna dans toute la vallée. Ses cheveux se soulevèrent et il se retourna lentement. À sa vue les gardes furent comme pétrifiés.

Bien plus tard, Rose retira ses mains et écouta attentivement. Le silence était revenu. Elle se leva et regarda autour d’elle. Cinq hommes gisaient au sol, la gorge tranchée et le ventre éviscéré. Elle plaqua ses mains sur la bouche horrifiée. Aaron sortit de l’eau et vint à sa rencontre. Elle ne pouvait le croire, il ne présentait aucune trace de blessure. Rose était subjuguée par cet individu qui avançait vers elle, comme si, rien ne s’était passé.

- Nos devons repartir, les fuyards ont dû prévenir le reste de la garnison.

Aaron la saisit par le bras, et l’aida à monter l’unique cheval restant. Il monta à son tour, se cala derrière elle et ils poursuivirent leur route vers le monastère.

Le reste du chemin, ils n’effectuèrent aucune autre halte et n’échangèrent aucune parole. Rose sentait cet étranger la serrer contre lui, afin qu’elle ne puisse s’enfuir.

Enfin, après deux heures interminables, l’enceinte du couvent était en vue. À la porte d’entrée, Aaron fit tinter une petite cloche. Quelques minutes plus tard, une sœur ouvrit. Il lui parla et elle repartit aussitôt. La mère supérieure vint au-devant d’eux et Aaron fit les présentations.

- Bien le bonjour, Marie.

- Nous nous connaissons ? Questionna-t-elle.

- Là n’est pas le sujet. Dit-il en prenant soin de faire descendre Rose de l’étalon. Voici Rose. Je vous la confie, les gardes du Comte et les Dominicains la recherchent.

Il regarda la mère supérieure et enfouit son regard dans le sien.

- Elle n’est pas chez vous, et vous ne l’avez jamais vue.

- Soyez sans crainte, elle sera en bonne main. Répondit-elle sans le quitter des yeux.

Aaron la fit avancer, lui donna son baluchon et l’assura qu’elle serait en sécurité. Puis il repartit aussitôt, toutes brides abattues.

Le soir venu, Rose prit place au réfectoire où de nombreuses nonnes mangeaient en silence. Puis le repas terminé, ils chantèrent des psaumes et prièrent avant de retourner dans leurs chambres respectives. Rose attendit que tout le couvent soit endormi pour se diriger vers les écuries et sceller un cheval. Elle voulait savoir qui était cet être qu’elle avait délibérément sorti des geôles du comte. S’il avait un dessein néfaste, elle devait intervenir. Sans bruit, elle sortit du monastère et s’élança dans la campagne endormie. La lune haute donnait des reflets argentés. Il faisait bon et clair. Elle parcourut des kilomètres avant d’arriver dans une forêt obscure. Épuisée, elle s’allongea sur l’herbe fraîche et s’endormit.

****

Le soleil ne tarda pas à faire son apparition, alors, Rose remonta sur sa monture et reprit sa route. Elle repassa dans le petit village et poursuivit vers l’ouest. Où pouvait-il bien être ?

En cours de route, désorientée, elle se dirigea vers le sommet d’une colline pour faire le point. Une fois arrivée, son attention fut attirée par un pentagramme avec de nombreux symboles dessinés sur le sol. Plus de doute, Aaron était bien un envoyé de Satan, et il ne devait pas être très loin. Elle descendit de son cheval et contourna l’emblème satanique, lorsqu’un craquement de branches la fit sursauter. Il était là, les bras croisés, appuyé contre un arbre.

- Je crois que je n’ai pas été suffisamment clair avec Marie, dit-il, agacé d’avoir cette jeune jouvencelle dans les jambes.

- Vous êtes réellement envoyé par Satan, n’est-ce pas ?

Aaron soupira fortement et s’approcha d’elle.

- Je ne vais pas me répéter sans cesse, Rose. Pourquoi n’êtes-vous pas restée dans ce couvent ?

- C’est à cause de moi que vous êtes sorti, et je dois y remédier.

L’homme pouffa de rire et balaya du pied son dessin.

- Bien, vous avez décidé de saboter ma mission… Je vais devoir me montrer plus ferme avec vous !

Rose se soustrait à son regard afin qu’il ne puisse pas l’influencer. Elle tremblait telle une feuille dans le vent, convaincue d’être en compagnie de Satan en personne. Rageant de colère, Aaron l’envoya sur son épaule, puis l’installa sur son cheval avant de monter à son tour. Ils repartirent en direction du couvent où il insista auprès de sœur Marie pour qu’elle la garde enfermée durant au moins quatre jours. La mère supérieure hocha la tête et prit la jeune femme par le bras. Rose hurlait, expliquant que cet être était Satan lui-même, mais personne ne l’écoutait.

Enfermée dans une pièce exiguë, avec une trappe pour recevoir son plateau repas et une autre pour faire passer le seau des latrines, elle ne cessait, en vain, de réclamer sa libération.

Adossée au fond de sa prison, Rose repensa à cet étranger au regard vert, puis à la déception de son père. Elle ouvrit la sainte-bible et plus particulièrement le chapitre de l’ancien testament sur l’exode qui traite de l’histoire de Moïse et de son frère aîné Aaron. « Au retour de Moïse du mont Sinaï, Aaron fut ordonné grand prêtre et porte parole de Moïse. »

Rose plongea son regard à travers la petite fenêtre aux barreaux d’acier.

— Et s’il s’agissait du frère de Moïse, pourquoi dessinerait-il un pentagramme ? Se demanda-t-elle.

Elle culpabilisait, pensant avoir libéré un monstre, mais si ce n’était pas le cas ? Elle devait en avoir le cœur net.

Les trappes étaient fermées à clef, mais quelques coups de pied en vinrent à bout. Rose se glissa à l’extérieur et parcouru encore une fois les longs couloirs du couvent. Au dernier, deux sœurs venaient dans sa direction en chuchotant. Rose se plaqua contre le mur, camouflée par un grand rideau en velours et elles passèrent sans même s’apercevoir de sa présence. Lorsqu’elles se furent suffisamment éloignées, Rose regagna les écuries où elle sella un cheval et quitta le monastère.

Arrivée sur la colline où Aaron avait dessiné son pentagramme, ne le voyant pas, elle repartit dans la direction opposée. Cette fois-ci, sans marquer le moindre arrêt. Toute la journée, elle sillonna la campagne sans relâche.

Le soir venu, elle décida de retourner à la taverne afin de prendre un peu de repos. Le patron la regarda entrer et fronça les sourcils.

- Vous n’avez pas trouvé le couvent ? Lui demanda-t-il.

- Si, mais j’ai changé d’avis. Auriez-vous vu l’homme qui m’accompagnait ?

Le tavernier lui fit un signe de tête, lui montrant le fond de la salle. Rose se retourna, il était là, assis à une table, un verre entre les mains, la fixant droit dans les yeux. Rose s’avança et prit place en face de lui, un peu mal à l’aise.

- Si je comprends bien, je vais vous avoir sur le dos continuellement, dit-il en faisant signe au serveur.

- Qu’avez-vous l’intention de faire ?

Le serveur se présenta, et Aaron lui commanda deux dîners et une chambre. Celui-ci envoya son chiffon sur l’épaule et repartit dans la cuisine.

- Vous ne devriez pas vous mêler de mes affaires, ça ne vous regarde pas.

- Je suis responsable de votre libération. Alors, oui, ça me concerne.

- Votre père ne vous a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ?

- Laissez mon père tranquille. Votre frère, ne serait-il pas Moïse ?

Aaron détourna la tête, ne voulant plus répondre aux questions de la jeune femme. Mais, Rose insista, elle voulait en avoir le cœur net.

- Vous êtes immortel, n’est-ce pas ?

- Ce n’est pas tout à fait ça !

- Alors qui êtes-vous : un ange déchu ? Un démon envoyé par Satan ?

- Laissez donc les anges et les démons, Rose et ne posez plus de questions. Je n’ai rien à vous expliquer.

- Vous êtes déconcertant !

Aaron laissa le serveur poser les assiettes et entama son dîner. Mais sous les regards insistants de Rose, il posa son couvert sur la table et s’enfonça dans sa chaise.

- Pour votre sécurité, Rose, je ne vous direz rien. Votre place est, pour le moment, en lieux sûr. Je n’ai vraiment pas le temps de vous protéger, croyez-moi.

- Vous avez dessiné un pentagramme sur la colline, pourquoi ?

Aaron soupira, cette femme n’allait jamais le laisser en paix. Il reprit ses couverts et poursuivit son repas.

- Pourquoi m’avez-vous protégé au bord de l’étang ?

- J’avais une dette envers vous. Je m’acquitte toujours de mes dettes.

- À quoi devait servir ce pentagramme ?

- Par toutes les cornes des apôtres, n’en avez-vous pas fini avec ces questions ? Dit-il en haussant le ton.

- Les cornes des apôtres, voyez-vous ça ! Vous voulez parler des acolytes du diable, n’est-ce pas ?

Aaron leva les yeux au plafond, il devait la faire taire avant que le serveur ne se doute de quelque chose. Il la fixa, mais elle détourna son regard. Il lui saisit la main, elle la retira. Alors, il posa son doigt sur la table et commença à composer des cercles. Rose observa cet ongle large et pointu, il était bien différent de celui de tout être humain. Lentement, il releva son doigt afin qu’elle relève la tête et le regarde dans les yeux.

- Mangez et ne posez plus de questions.

Rose sentit la tension s’éloigner et un climat de confiance mutuel s’instaurer. Elle lui sourit, prit ses couverts et entama, à son tour, son repas.

- C’est mieux comme ça, non ? Lui dit-il avec un large sourire.

- Oui, effectivement. Je me sens vraiment mieux. Merci pour cette attention. Répondit-elle avec un large sourire.

Le repas terminé, Aaron la convia à le suivre jusque dans la chambre. En toute simplicité, elle se déshabilla tout en chantonnant et s’enfouit dans les couvertures sous les yeux éberlués de son compagnon de route.

- Bien, j’ai visiblement dû faire deux ou trois tours de trop.

- Vous venez vous coucher ? Demanda Rose en l’invitant à la rejoindre.

- Je vais surveiller le feu, endormez-vous.

Rose s’effondra littéralement sur son oreiller et ne tarda pas à s’endormir.

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