Le Bureau

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"C'est terminé Ludivine !" C'est ce que j'ai dis à ma soeur en rentrant du travail.

Je n'avais pas conscience de, si c'était moi ou si c'était lui. Mais les choses avaient l'air terminé.

Devant la tête surprise, de ma colocataire et soeur, je devais m'expliquer.

"Aujourd'hui" Commençais-je.

J'étais tranquillement à mon bureau après la pause de midi, le matin nous avions eu une lourde réunion sur les bilans de l'entreprise et la façon de communiquer cela. L'équipe au grand complet.

Jacques, notre N+2 était aux aboies. Les prévisions étaient très mauvaises, les ventes stagnaient et la demande de la direction était clair. Le troisième trimestre devait regonfler le morale des financeurs et des actionnaires. Autrement dit nous devions faire un profit, mais le marché s'effondrait.

Le marché n'allait pas miraculeusement remonter, nous le savions. L'équipe élargit de la DRH et de la communication interne comprit que la masse salariale allait être dégrossi. Nous allions devoir nous séparer d'un nombre important de collaborateurs dans toutes la structure et dans toutes les couches, de l'atelier jusqu'au bureau.

Mais tout le monde comprenait, malheureusement. Les investissements avaient été lourds et les résultats attendus tardaient à venir. On devait faire un geste. La tension avait pesé sur le bureau depuis trois mois. Et depuis trois mois, chacun faisait le dos rond dans le service. Je connaissais des gens dans l'atelier et j'essayais de leur donner quelques informations. Histoire qu'ils ne soient pas surpris, le jour où on devra annoncer des licenciments et des fins de contrats.

Je n'étais pas serein. Mes commandes graphiques penaient à avancer, Bernard, mon tuteur senior et responsable était devenu distant et me refilait les créations au compte-goutte. Mais j'étais à jour et j'aidais mes collègues quand je le pouvais. Bernard absent pour une formation, ne m'avait pas prévenu de la réunion et de son contenu.

Du coup, j'ai eu l'air bête quand on m'a demandé de présenter, les dernières créations graphiques pour les produits internes. J'ai voulu aller récupérer le tout sur mon ordinateur. Mais Jacques n'avait pas le temps et est passé à autre chose.

J'en reviens à ce début d'après-midi. Comme toujours, je ne vais pas à la cantine. Je mange un petit plat à mon poste et je m'accorde quelques minutes de distraction. Il restait 5 minutes avant que le gros de la troupe revienne dans l'open space.

Christian, mon N+1, chef du service interne de communication, arriva derrière moi. Sarah étant absente pour maladie, c'est le chef en personne qui est venu me trouver pour une question graphique.

J'étais encore sur mon jeu de naviguateur, mes pages de réseau social ouverte. Je m'aperçu qu'on me regardais et je me retournais en pivotant sur mon siège. Christian visiblement énervé par ma décontraction éclata.

"Mais vous jouer au bureau !"

"Je m'excuse monsieur, je ferme cela tout de suite. J'y prends sur mon temps de pause."

"Non NON et NON ! Ne me la faites pas à l'envers vous jouez au bureau. Je vous trouve très décontracté Monsieur DESPERIAN. Déjà ce matin, devant le directeur des Ressources Humaines vous êtes pas foutu de montrer deux produits alors que l'ordre du jour stipulait d'amener tous les éléments de travail. Vous êtes le seul à n'avoir rien présenter."

"Monsieur, d'habitude c'est Bernard qui me transmet les ordres du jour et il est en formation."

"Oui, vous vous reposez toujours sur Bernard. D'ailleurs, il n'est pas élogieux vis-à-vis de votre comportement au travail."

"Je ne comprends pas, je suis à jour de toutes productions graphiques."

"Parce que Bernard vous mâche le travail. Qu'il fait tout à votre place. Vous auriez du voir le compte-rendu qu'il fait sur votre fiche d'évaluation ces derniers moi."

"Bernard ne m'a jamais fait de remontrance sur ce point et j'ai ... "

"Fainéant, procrastinateur et peu attentif. Je comprends mieux quand je vous vois jouer au bureau ce que Bernard veut dire."

"Je comprends tout à fait que mon passe-temps ne devrais pas interférer avec mon travail, mais je le prends pendant un temps de pause."

"Croyez-vous que j'ai le temps de faire une pause moi ? Croyez-vous que je me permets de tel futiliter au bureau !"

"Non, monsieur."

"Tout le monde bosse d'arrache-pied pour que l'entreprise ne s'effondre pas. Et vous, vous jouez."

"Mais monsieur, je travaille dur moi aussi. J'ai fini les commandes pour les services en avance."

"Ne me faites pas rire, j'ai vu les commandes, deux semaines de retard. Vous n'êtes pas en avance, loin de là."

Ludivine n'a pas trop compris. Moi même je ne comprenais pas tout de suite comment mes commandes pouvaient avoir deux semaines de retard. Mais si on réfléchissait un peu, on voyait vite que mes commandes passaient par le même homme qui m'accusait de ne rien faire. L'absence de lourds dossiers, le message non transmis sur l'ordre du jour. Tout passait par Bernard. Cela fait dix ans voir plus qu'il est dans cette boite. Il a vu venir le dégraissement des services et pendant qu'il passe pour le bon élève, je trinque en cible idéal. Cet enfoiré m'avait niqué sur toute la ligne. Mon calvaire lui commençais.

"Je vous assure que je fais tout ce que Bernard me transmet."

"Ne relâchez vos ingérances sur Bernard. Il connait le boulot et je lui fait confiance."

"Un problème avec ce jeune homme, Christian ?"

C'était Jacques le grand chef, il venait interrompre la dispute. Nous nous aperçumes alors que tous les membres du bureau était en rang d'oignons au fond de l'Open space, regardant la scène dans le plus grand silence.

"Monsieur le directeur, c'est DESPERIAN, le graphiste."

"Ah, Oui. La réunion de ce matin, je vois." dit Jacques d'un air dédaigneux.

"Son poste de travail est encombré de détritus de repas. Il joue à un jeu vidéo, consulte les réseaux sociaux sur son temps de travail..."

"J'étais en pause monsieur."

"Cessez vos simagrées ! Monsieur le DRH n'est pas là pour les détails !" cria soudainement mon N+1.

"Oui cessez, vous coupez votre chef." me reprit le N+2.

"Je disais, qu'il divague pendant le travail et comme vous avez pu le voir ce matin, n'est pas au fait de son travail. De plus, il se permet de révéler aux personnels de l'atelier, certains détails du bureau."

"En quoi, mes rapports avec les gars de l'atelier est-il un problème. Tout le monde se doute de quelque chose et à l'atelier, ils veulent des réponses. Pas des chiffres ou des choses confidentielles. Ce sont nos collègues." interpelai-je mon boss.

"Vous n'avez rien à divulguer !" pesta Christian.

"Nous sommes à la communication interne, je ne vois pas ce que je fais de mal, surtout quand on va licencier." Repris-je

"Taisez-vous DESPERIAN !" S'énerva le DRH

"Les licenciements sont des sujets sensibles pouvant réveiller syndicalistes et affiliés. Vous êtes syndicaliste Monsieur DESPERIAN ?" M'interrogea le chef des services de communication interne.

"Rangez votre bureau DESPERIAN. Enlevez moi vos jeux et pages internet et suivez moi dans le bureau de votre chef." Cingla mon N+2.

"Et vous tous, au lieu de regarder votre collègue se pavaner, reprenez le travail." Siffla Christian.

Mes collègues me regardèrent tous aller au bureau du directeur de la communication interne. Malgré le fait qu'ils reprirent le travail, ils ne loupèrent pas une miette de la scène. Les cloisons vitrées étaient tout sauf des murs. Ils purent entendre mes patrons faire la revue de tous mes défauts. Enfin ceux listés par mon tuteur et responsable.

Il me hurlèrent dessus combien une honte pour l'entreprise. Que je ne respectais rien, ni les règles établies, ni le job de mes collègues. Tous purent entendre la version de Bernard, celle où j'étais un boulet pour lui et l'équipe. Il avait volontairement gonfler les aspects négatifs et tut ma mise au placard depuis un ou deux mois.

Il était absent et ses dix ans d'ancienneté parlaient à sa place. Je n'étais plus rien, mes deux ans et demi passé ici à donner le meilleur, à construire une bonne image professionnel. En 45 minutes, tout cela fut briser.

Ce que n'entendirent pas mes collègues, c'est mes excuses, mes pleures. Mes chefs non-plus ne les entendirent pas. Tout ce qui restera, c'est que le jeune graphiste était un glandeur, qu'il s'est fait enguirlander et qu'il a craqué. Tous les commérages diront alors, que je serai le premier à partir.

Je regardis Ludivine. Choquée et profondément triste, elle ne trouva pas de mot pour me réconforter.

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C'est terminé...Chapitre2 messages | 6 ans
Aujourd'hui au bureau.Chapitre2 messages | 6 ans

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