Dégénérés-sens

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Comme si les mirages étaient une vieille habitude,
De fermer les paupières, il est de plus en plus rude.
Il y en a qui ne croient que ce qu'ils voient
Et certains qui depuis longtemps ont perdu la vue
Car éparpillée de ci de là, trop de poudre aux yeux.
Les années ont modifiées tous leurs paysages,
Ils sentent pour eux comme un mauvais présage.
Quand le quotidien use la vision de la fusion.
Que même un sourire peut briller d'un faux éclat.
Rien n'est lisible en des images mille fois éclatées.
Même les miroirs nous semblent tous êtres flous.
Le mal du siècle, sans aucun doute, se camoufle là.
Ce que l'on a vu qu'une fois nous manque déjà.
Le jamais vu devient très rapidement du déjà vu…
Dans le noir est concise la clairvoyante lumière.
En pleine possession de nos sens tout s'obscurcit.
Nous sommes des observateurs en panne de secteur.

Lorsque la seule quintessence d'un parfum,
Nous rappelle à une enfance devenue infidèle.
Ou à la senteur d'une histoire qui a prit fin.
Il y en a qui ne font plus confiance à leur odorat.
Sans lui la peau et le reste ne seraient pas plus ternes.
Pourquoi alors sentir les possibilités d'effluves
Dont on ne s'en tire sans croire à la réalité inodore ?
Comment ne pas s'émouvoir à ce qui ne nous endort ?
Et puis il y a des souvenirs qui jamais ne s'effacent.
L'avenir a alors l'inoubliable odeur des fleurs sèches.
Ce n'est pas donné à tout le monde d'être un nez,
Ainsi que de trouver ce qui correspondra à nos aimés.
Alors oui, nous délaissons sans oraison un de nos sens.
Nous n'avons de cesse de penser que plus rien n'en a.
À nous de faire qu'il ne reste pas que le pestilentiel.
Nous attendons peut-être juste ce qui ne s'en ira pas,
Ce qui sera toujours là quand nous ferons le dernier pas.

Il y en a qui ne croient plus en ce qu'ils entendent.
Beaucoup de dissonances ont tintées en tintamarre.
Comme si de mauvais échos cognaient leurs tympans.
Il y a de moins en moins d'oreilles pour se tendre.
Tant ont rejoint trop tôt le monde du silence,
Désirant être malentendants de trop d'intolérance.
Malheureusement certaines voix toujours se taisent
Et d'autres s'élèvent bien haut en créant le malaise.
Nous préférerions être sourds que d'entendre ça...
Des insultes, aux cris de douleurs à travers le monde.
Car il revient toujours cet appel qui nous sonde.
Tant de mots d'amitiés et d'amour qui se sont usés.
De tournures de phrases à la pelle dont on aime abuser.
Même les murs ont tant de choses à dire finalement.
Mais quoi de neuf, qui ne puisse être dérisoire ?
Lorsque les discours nous tiennent sur le fil du rasoir.
Besoin de paroles ne s'envolant pas d'un air désinvolte.
Il y en a qui ne trouvent plus de saveurs à l'existence.
Ils ont peur de l'avoir de nouveau savoureuse.
Lui volant de son importance parce que trop fade.
Quand l'amertume les nourrit plus qu'il ne le faut.
Nous voulons tous du piment pour assaisonner.
Il a parfois laisser place à un mauvais arrière goût.
Tantôt très sucré lorsque nous avons été crédule
Car nous sommes gourmands de ce qui acidule.
Tantôt salé quand les illusions sont dures à avaler.
Étrange mélange aussitôt soumis à la digestion.
Ce n'est jamais longtemps que l'on perd l'appétit.
Alors, après tout, pourquoi en faire tout un plat ?
De nombreux autres ont connu les affres de l'âpre.
Les ont prit et en ont fait un bon apprentissage.
Nous ne sommes finalement que des cuisiniers,
Essayant de mélanger chacun des goûts existant.
Tentant de chasser le dégoût sans pouvoir le renier.

Il y en a aussi qui en ont même perdu le toucher.
Ils ne peuvent chérir le sublime des éperdues caresses.
Les délaissant car la première émeut et l'ultime blesse.
Rien n'est lisse, le délice nous glisse entre les doigts.
On donne au rugueux plus que ce qu'on ne lui doit.
Sommes nous devenus gueux de trop de ressentiments ?
Qu'est advenue l'envie de serrer les gens sincèrement ?
Il y a pourtant encore tellement d'émotions à sentir.
De sensations posées en douceur pour nous effleurer.
Nous, penseurs, avons besoin de l'effectif de la peau.
L'affectif est ce qui continue de faire vivre nos mains.
Maintes fois désunies, elles restent ce qui nous délivre.
Dès la naissance, par elles, nous avons touché l'essentiel.
Malgré la dégénérescence de chacun de nos cinq sens,
Rien ne nous échappe au gré immense de ce qui en découle.
Peut-être n'avons nous rien à comprendre : juste à attendre
Ce qui, à l'instar de nos instincts, nous les fera réapprendre.

– La dégénérés-sens jusqu'à l'un-des-sens –

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