Lettre : Ma très chère amie, mais aussi ma jolie-maman

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La première fois que nous nous sommes rencontrés, tu te souviens, je venais de Cergy pour les vacances. Avec Anna, nous habitions dans la commune voisine, une maison que mon frère Franck nous avait prêtée. Tu venais nous chercher pour aller à la Salle du Royaume pour les réunions, avec la voiture d’Aurélien, et Philippe emmenait le reste de la troupe avec sa voiture.

Tu es la mère de mon mari, mais tu as d'abord été mon amie avant toute chose. Tu as su lire en moi et comprendre mon mal-être, dû à mes souffrances passées qui ressemblaient aux tiennes.

Ta joie de vivre était communicative et j'ai pu passer de très bonnes vacances. Une semaine en compagnie d’Anna, dans la maison de mon frère puis après le départ d’Anna, les deux autres en m’installant chez toi. Tu ne voulais pas que je reste seule dans cette maison. Surtout, depuis que je t’avais avoué ce que Fabrice m’avait fait pendant mon enfance.

Tu as pris soin de moi, étant toujours là quand de vieux souvenirs revenaient à la surface. Nos promenades, nos baignades, nos piques-niques tous ensemble au bord de l’étang, que de bons souvenirs

. Nos discussions et nos fous rires ont souvent dérangé certains dans la congrégation, mais nous n'en tenions pas compte.

À mon retour à Cergy, chaque matin, je t'écrivais une lettre retraçant les souvenirs qui remontaient à la surface. Mes peurs, « que mon frère soit caché sous le lit et sorte à tout instant » chaque soir en me couchant, et la fatigue du matin dû à un sommeil agité. Je te décrivais mes cauchemars qui me terrorisaient. Dès le matin en me levant, puis pendant mon trajet en RER, et parfois pendant ma pause déjeuner. J’avais le sentiment que si je ne les mettais pas par écrit, je n’arriverais plus à respirer ni à me lever le matin.

Te les écrire était une façon de m'en libérer et d'essayer de passer une bonne journée au travail. D’ailleurs, c’était ce que tu m’avais demandé avant de partir. La promesse, que tu restais avec moi, malgré la distance.

Mais à un moment donné, la dépression étant trop forte, la douleur insoutenable, la vie trop difficile, me lever le matin impossible que le médecin m’a mis en arrêt avec antidépresseur, anxiolytique et somnifère.

Philippe et toi m’avez proposé de venir chez vous. Pendant ma convalescence cachée dans mon lit au sein de ton foyer, tu as su m'apporter toute l'aide dont j'avais besoin. Toujours présente, avec une parole rassurante, un câlin revigorant, un regard encourageant. Tu as été là à chaque instant et pourtant tu avais toi aussi tes propres souffrances.

Tu es celle qui m'a tenu la main pendant mes crises de larmes, mes peurs, mes angoisses, et surtout quand il fallait appeler mes agresseurs pour les mettre devant leurs responsabilités. Tu t'es investie dans mon rétablissement en m'accompagnant à chaque rendez-vous chez le psychologue.

La thérapie nous a permis de nous reconstruire et aujourd'hui nous pouvons dire que nous allons bien. Cette thérapie, en trois parties : individuelle, en couple et en groupe. Ce groupe, que le psychologue avait créé, était une cellule psychologique, puisque Philippe, toi, Aurélien, et moi-même en faisions partie. Cela nous permettait de gérer les crises, sans devoir aller voir le thérapeute. Nous avons appris des uns des autres, nous avons su nous comprendre, sous soutenir et parfois, rappel toi, éviter le pire.


Pourtant, tes propres angoisses t'ont amenée à me rejeter à plusieurs reprises.

Tu pensais qu’après mon mariage, je ne pourrais plus être ton amie, mais juste ta belle-fille. Cette angoisse, tu l’as vécue, quand ton amie s’est mariée et ne t’a plus donné de nouvelle après. Cette douleur, tu ne voulais pas la revivre. Aussi, tu préférais couper les ponts avant.

De plus, ta relation avec Anna m'a beaucoup fait souffrir, car je perdais deux amies en même temps. Tu essayais d’être présente quand elle était là, mais ce n’était pas pareil. Je devenais la balle dans le jeu de quilles, image que me renvoyait le regard d’Anna.


Malgré cela, nous avons toujours su nous retrouver dans les moments difficiles, que ce soit pour toi ou pour moi. Chacune aidant l'autre, sans arrière-pensée, car notre amitié, malgré tout, était la plus forte. Tes différents combats contre l'alcool, nos larmes quand tu replongeais. Et aujourd'hui, tu peux être fière de toi, car tu es sobre depuis plus de six ans. Ce fut dur, mais ensemble nous y sommes arrivées. Toi-même tu as reconnu, que, sans mon aide et mes encouragements, tu n'y serais pas arrivé. Même si je considère que cette victoire est la tienne, et que je ne fus que la béquille pour éviter ton autodestruction.

Et donc voilà, tout ça pour te dire que je t'aime et te remercie pour tout ce que tu as été pour moi, tous les sacrifices que tu as faits pour moi, quitte à amener certaines personnes à t'en vouloir. Nous avons toujours su tout surmonter et, encore aujourd'hui, nous sommes en union prêtes à tout pour garder cette amitié en place, car elle est nécessaire pour notre bien-être.

À toi, mon amie pour toujours !

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