Ce jour là sans madelaine
J'ai essayé de comprendre pourquoi je suis arrivé à ces conclusions. Je crois que la haine s'enracine trop profondément dans mes racines, elle m'a tellement nourri que je ne connais aucun autre nutriment. C'est tellement simple de faire semblant d'aimer, de faire croire que l'on est capable de telle chose, de faire croire qu'on a fait croire qu'on a été capable de telle froideur, pour ensuite tomber véritablement dans le piège qu'on a nous-même tendu. Ce n'est qu'un jeu à multiples niveaux, et au bout du compte, je suis le menteur. Je peux me mentir à moi-même mais au fond je connais ma vérité la plus profonde, celle que je cache toujours à tout le monde, celle qui pourrait me consumer de l'intérieur. Cet espèce de froid glaçant qui fait rire car Ô point drôle d'entendre le petit poète maudit se lamenter pour se rendre intéressant, alors il arrête de dire des choses belles et effroyables sur lui-même et commence à dégoûter autrui, à se rendre à leurs yeux toujours plus intéressant et toujours plus creux. Habile, habile menteur qui manipule les foules et qui prend le malin plaisir de les voir l'ignorer alors qu'il leur dit la vérité, toutefois avec tant de force qu'on n'y croit plus. Il s'improvise en Cassandre, sauf qu'il ne s'agit pas de malédiction : il bénéficie d'une puissance incommensurable sur ces gens qui ignorent encore et toujours la façon dont il dirige, fabuleux chef d'orchestre, les conversations pour pousser les uns contre les autres. Car il sait écouter. Il sait se rappeler et prétend le contraire. Pourquoi la fatigue le prend ? Il ment, manipule et prétexte par des stratagèmes durs.
Simple comme bonjour, cet écartement artificiel de la langue. L'outil le plus puissant de l'humanité est sans aucun doute la seule arme capable de la détruire constamment. On cherche la magie dans les larmes, les couteaux, les linges et les lignes. Sauf qu'elle est déjà là, au fond : dans notre façon de déformer les choses que l'on pense, de les tordre suffisamment pour que leurs titanesques corps puissent se poser sur notre langue, et l'alourdir encore et encore.
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