"Le hasard fait bien les choses" (partie I)

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Peregrinus avait passé une bonne partie de la nuit sur ses écrits, aussi le réveil n'avait pas été facile pour lui. Pour ses recherches, le château Denancourt s'était avéré être une aubaine, et depuis les cinq dernières années, il poursuivait ses études sur l'ancien empire débutées bien avant la guerre et sa carrière militaire. Par ailleurs, les Oniris avaient signé un pacte de paix avec la confédération du Nord, ce qui lui avait offert un temps de répit durant des années.

Après avoir trouvé suffisamment de conviction pour se lever, Peregrinus se dégagea de son épaisse couette en laine, puis, le cerveau encore embrumé, il se pencha à la fenêtre de sa chambre en observant le ciel immaculé d'un bleu éclatant. On distinguait en contrebas, au sol, quelques gardes habillés d'armures aux plaques scintillantes. L'épée à la ceinture, ils patrouillaient en haut du corset de remparts.

Un peu plus loin, au pied de la falaise de craie blanche sur laquelle le fort Denancourt trônait, on apercevait le littoral et ses grandes plages. Ces vastes étendus de sables bordés par les eaux froides de la mer du Nord. Les vagues venaient mourir sur le bord de l’eau dans un faible mouvement régulier, tout en formant de l'écume. L'horizon était bleuté, les dunes se mouvaient au gré du vent salé.

Peregrinus enfila alors ses vêtements, composés d’une sobre tunique noire à capuche, de braies, d’une paire de gants en velours charbon et de ses grandes bottes en cuir qu'il ne quittait jamais. Il n’oublia pas d’également placer son masque de fer sur son visage calciné. La guerre lui avait laissé des cicatrices béantes qu’il ne pouvait effacer, alors il les dissimulait.

L'homme à la façade métallique sortit alors de sa chambre, puis il traversa le long corridor du château, richement habillé de chandeliers aux couleurs or et de tableaux en tout genre, prenant la direction de la grande bibliothèque. Les peintures représentaient des portraits, aux allures étonnamment réalistes, des plus grandes figures de la noblesse Aeriégeoise. Pour autant, Peregrinus ne prit pas le temps de les contempler : ils les côtoyaient chaque jour depuis quelques années.

Une des portes du couloirs était ouverte, donnant sur une chambre. Peregrinus y aperçut Lia, une femme de ménage du château. La femme avait une forte carrure et des dents de lapins. Elle était appréciée dans tout le château, notamment grâce à sa gentillesse et ses soucis de perfection concernant le ménage. Concentré sur ses tâches, la femme ne le remarqua pas.

Arrivant enfin à l'entrée de la bibliothèque, Peregrinus en poussa les lourdes portes de bois, pénétrant ainsi dans la vaste pièce. Il leva la tête, fixant le plafond d'une soixantaine de mètres auquel était suspendu un imposant chandelier habillé d’une robe de cristal. La salle entière était en fait l'intérieur de la tour centrale du château.

Les grandes bibliothèques montaient jusqu'à la charpente, symbolisant l'envergure de la connaissance résidant dans ce majestueux édifice. De larges vitres, situées de part et d'autre sur les murs, permettaient à la lumière d’éclairer avec légèreté les environs. L'endroit était magnifique, la vue spectaculaire.

L’homme au masque de fer alla s'asseoir, comme à son habitude, sur un des fauteuils de cuir face à la large table. Devant lui était étalés des manuscrits en pagaille, une plume et un encrier. C'était le travail inachevé qu'il avait entamé la veille. Il bâilla, puis il débuta la relecture de sa feuille. C’était une synthèse portant sur des reliques impériales qu'il avait étudiées et traduit, relatant brièvement l'histoire et les différents aspects de l'empire.

L’empire était une ancienne nation, aux légendes mystiques, aujourd’hui disparut. On racontait qu’il était de la trinité divine, composé de Risis, déesse de la guerre et de l’honneur, de Dhros, déesse du savoir et de la technologie, et de Desséphaïs, déesse de la nature et de l’esprit. Le tout sous la régence d’Alovel, une entité supérieure.

Par suite de cela, l’empire avait vu le jour, unifiant les terres d’Hillions en un seul et même état sans faire usage de la guerre, répandant un mode de vie simple, en lien avec la nature. Les druides, selon certains écrits, dirigeaient cette société. Les flux du verse – ou magique - émanant de la croyance des Hommes (qu’elle soit envers un individu, un dieu en particulier ou des dieux) n’avaient jamais été aussi puissants. Mais comme pour toute nation, l’empreinte des siècles lui fut fatale, et l’empire se disloqua. Ce dernier céda sa place à une multitude de clan plongé dans d’interminable guerre. Au fil du temps, les clans devinrent royaumes, républiques ou aristocratie.

Après quelques minutes de relecture, Peregrinus détourna ses yeux de ses écrits, sûrement par flemmardise d'en faire davantage. Il scruta au hasard, de son regard perçant, quelques livres présents dans les immenses bibliothèques de bois, à la recherche d’un autre passetemps dans le but de s’aérer l’esprit.

Son œil s'arrêta alors sur un livre en particulier. Il semblait différent des autres. Sa reliure se constituait de multiples gravures aux couleurs or sur un fond en cuir rouge. Il reflétait la lumière du soleil en brillant de mille feux dorés, contrastant avec les autres livres jaunis et délabrés.

Poussé par la curiosité, l'homme au masque de fer se leva de sa chaise et se dirigea vers ce dernier. Étonnamment, il ne l’avait jamais remarqué malgré les centaines d'heures passés à écumer les rangés de livres.

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