Chapitre 18

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Elodie arrêta sa course dans la salle principale. Pliée en deux, mains sur les genoux, elle reprenait bruyamment son souffle. Blême, un voile de sueur dégoulinant le long de son visage, elle ne put retenir un hoquet qui la fit vomir une bile verdâtre, acide. Elle cracha, s’essuyant comme elle pouvait le nez et la bouche.

  • Bordel ! Bordel ! Bordel !

Elle tapa du pied contre un gravas qui alla exploser en poussière contre un mur. C’était de la folie ce qu’elle avait vécu ! C’était quoi ces gens ? Des réminiscences du passé dans le présent ? Ou alors c’était elle qui avait été projeté dans le passé ? Ou le manque d’oxygénation de son cerveau ? Ou tout simplement la peur ? A un moment elle avait même cru sentir la protection bienveillante de quelqu’un… C’est dire jusqu’où cette demeure oppressante avait poussé son délire paranoïaque. Elle posa son sac sur le sol et fouilla fébrilement dans la poche latérale pour en extraire une corne de brume. Comme convenu en cas de séparation elle actionna l’instrument en un long son aigue. Un seul signifiait qu’elle était en sécurité dans la salle principale.

Que devenaient les autres ? Son inquiétude grandissait de seconde en seconde. Heureusement, après un rapide coup d’œil vers l’entrée, elle constata que le passage était toujours libre. Les mains sur les hanches, Elodie se redressa, toujours en manque d’oxygène. Son cœur, assourdissant, battait à ses oreilles.

Le grincement d’une porte derrière elle la fit se retourner lentement, les yeux grands ouverts, au bord de la perte de connaissance. Malgré l’essoufflement elle retint sa respiration. Un escalier montait vers l’étage supérieur.

  • Mais tu me prends pour une demeurée ou quoi ? Je vais tranquillement rester ici, et je ne vais pas m’aventurer ailleurs !

Le silence.

  • Mouais… Tu ne vas pas me répondre. Voilà que je parle aux portes maintenant.

Dans l’ombre du seuil deux chaussures noires venaient d’apparaître. Elle resta immobile un long moment, doutant fortement de la réalité. Un court instant elle ne sut plus où elle était ni trop bien qui elle était.

La chaussure de droite bougea, imperceptiblement, faisant crisser les gravillons sur le sol.

Cela fut la goutte de trop. Elodie se mit à courir, titubant nerveusement, se cognant à plusieurs reprises contre les murs. Elle déboula dans la rue et poursuivit sa folle fuite vers le centre-ville.

Lentement, les portes mises à bas se relevèrent. Les gonds reprirent leurs places. Avec un cliquetis angoissant, que personne n’entendit, la serrure se ferma.

Un vol de passereaux virevolta au-dessus du jardin et se posa en silence dans les arbres. Tous les petits oiseaux regardaient la maison, ouvrant et fermant leurs becs, comme s’ils ricanaient méchamment.

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