Amitié nouvelle
Je repris conscience affalé sur le sol de ma chambre mon lit et mon miroir. Je m’assoie difficilement avec un horrible mal de tête. Je regarde mon réveil : il est 7 heures 15. J’ai du m’évanouir sous le coup de la fatigue –les cernes sous mes yeux en témoignent. Je me lève lentement puis me jette lourdement sur mon lit, plongeant mon visage dans l’oreiller. Je songeais alors à l’étrange rêve que je venais de faire. Je ne m’en rends compte qu’à présent, mais j’ai été assez insomniaque durant ces dernières semaines, pour une raison quelconque. Mon sommeil saccader devait surement venir de ces rêves à répétition orientés sur le thème de l’irréel. Alors que j’étais perdu dans mes pensées, je me rappelle soudainement qu’on était mercredi. Je luttais pour ne pas me rendormir et finis par me levé afin de me préparer à aller en cours. Avant de sortir, j’inspecte rapidement le miroir d’argent : rien d’anormal à signaler. Mon regard se tourna vers ma clé qui, pour je-ne-sais quelle raison, émettait une faible lueur bleue. Même celle-ci est négligeable, elle attire quelque peu mon attention. « Ce n’est pas possible, ce n’était qu’un rêve. Il y a forcément une explication ». Explication que je ne voulais pas trouver pour le moment. Je sortis enfin de mon appartement, fermant la porte derrière moi puis dévalant les escaliers. Je regardai rapidement mon téléphone : j’étais en retard. Je me presse sur tout le chemin pour finalement arriver après la sonnerie. Je tape à la porte, m’excuse de mon retard puis pars m’asseoir. Cette réflexion à propos de mon rêve m’avait fait perdre un temps considérable, sans que je ne m’en rende compte. Mme Bouleau reprit son explication sur le théorème de Thalès.
La matinée poursuit son cours ; vint ensuite l’heure du déjeuner. Je mangeais seul comme à mon habitude. C’est alors que je vis un garçon roux à la carrure faiblarde, au style vestimentaire excentrique s’approcher, un panier repas à la main: c’était Solann. Arrivé à mon niveau, il me demanda s’il pouvait déjeuner avec moi. Je hausse les épaules en guise de réponse. Il a du prendre cela pour un oui. Il s’assoit devant moi et commence à manger, puis débuta la conversation :
- Hum…Au fait, on n’a pas vraiment pu discuter hier.
- Je n’avais rien à dire et ce n’est pas le contraire aujourd’hui.
- Je- je vois…dit-il avec un sourire gêné.
- Qu’est-ce que tu me veux ? Finis-je par lâcher.
L’air légèrement enjoué qu’il affichait s’évapora aussitôt que j’eu prononcé ces mots. Il pâlit un peu avant de dire :
- En réalité j’aurais espérer qu’on puisse…devenir ami ? Enfin- j’veux dire-
- Ça ne va pas être possible, dis-je en le coupant. Je ne sais pas ce qu’est l’amitié.
Je pouvais sentir la perplexité dans son regard, même si ses cheveux cachaient ses yeux.
- …Pardon ?
- Le fait est que je ne peux pas ressentir l’amitié. Ni les autres émotions que vous connaissez.
Solann ne dit rien pendant un instant, surement en train de songer à ce que je venais de lui confier. Il finit par briser le silence qui s’était installé entre nous.
- E- Elios ? Te souviens-tu de moi ? demanda-t-il alors que son expression avait radicalement changé.
- Ecoute : je ne sais pas si je devrais. Je n’ai aucun souvenir de ma vie avant mes douze ans.
Il se tut de nouveau. Il tremblotait légèrement pour je ne sais quelle raison. Je poursuivais mon déjeuner. En jetant un coup d’œil rapide par la fenêtre, quelque chose attira mon attention. Je vis alors une étrange silhouette qui m’était bizarrement familière du fait que c’était la mienne : après la nuit tumultueuse que j’avais passé, plus rien ne pouvait m’étonnait. C’était sûrement un Alter Ego. Aussitôt que j’eu fait le lien entre ces événements, la silhouette disparut en une trainé de poussière orangé. A ce moment la, j’eu comme une forte pulsion : un léger pincement au cœur. Des sueurs froides descendaient le long de mon cou. Solann me demande si je vais bien et soudainement, ma crise s’arrête.
- Je vais bien…Dit Solann, veux-tu bien m’apprendre ce qu’est l’amitié ?
C’était bien la première fois que je prononçais le nom d’une personne autre que moi. Mon interlocuteur me regarda, surprit de ma demande. Il rougit et sourit avant de dire :
- Bien sûr !
Il avait l’air si heureux. Il écartait quelques mèches de cheveux, à tel point que l’on parvenait à voir ses yeux, habituellement cachés par celles-ci : Il avait de grands yeux verts étincelants, ainsi qu’un grain de beauté discret proche de son œil gauche. Je ne l’avais pas remarqué auparavant, mais il avait également des pansements sur son nez et sa joue. Dans quelle aventure hasardeuse étais-je en train de me lancer ?
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