Chapitre 39 - Confidences et Arrangements
*** NOTE DE L'AUTEUR ***
Voici une première version de la découverte de l'identité de Catwoman par Maurice.
Je bloque sur la suite ^^'
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* MAURICE *
Catwoman m’a laissé un mot !
Non mais sans rire ! Elle se fout de moi ou quoi ?! C’est quoi ? Une blague ? Un piège ?
Maurice fixe le petit bout de papier qu’il a trouvé sur son pare-brise, l’air incrédule. Dessus, est griffonné un lieu et une date de rendez-vous, suivi par la marque de la justicière nocturne : Le triangle inversé rouge – formant une tête de chat, maintenant que j’y pense…
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Lorsqu’il arrive sur le lieu du rendez-vous ce soir-là, il n’est pas étonné qu’il s’agisse d’une ruelle sombre. Il se gare à l’embranchement, et sort en inspectant les alentours.
Evidemment, vu la luminosité de l’endroit, je n’vais pas la voir… J’espère que c’est pas une blague et qu’elle n’va pas me faire poiroter là pendant des heures pour rien !
Au bout de la ruelle, une lueur clignote alors à intervalle régulier. Maurice plisse les yeux et s’approche doucement, tandis que la lumière en fait autant. Au fur et à mesure, une silhouette se distingue dans la pénombre. Une silhouette plutôt massive et fort peu féminine, grimé dans un sweat à capuche large. Arrivé à mi-chemin, Maurice s’arrête face à son rencard, qui allume alors sa lampe torche et la pointe vers son visage.
« - Martin ?!
- Salut, Maurice.
Oh putain, j’en étais sûr !!! Je savais bien que j’n’étais pas fou !! Il a bien quelque chose à voir avec elle alors !
- Qu’est-ce que tu fous là ?
- La même chose que toi.
- Et qu’est-ce que j’fous là, d’après toi ?
- Tu es venu au rendez-vous de Catwoman, comme moi.
- Je l’savais… souffle Maurice, la mâchoire crispée de colère. Tu t’es bien payé ma tête, hein !
- Je n’pouvais rien te dire. Je lui avais promis. C’était notre marché.
- Un marché ??
- Oui. Après mon premier article à son sujet, elle est venue à ma rencontre. Ici même, d’ailleurs. J’ai essayé d’obtenir des infos sur elle pour mon journal, mais elle ne voulait rien lâcher. Finalement, on a trouvé un arrangement. Le deal, c’était que je la couvre, en échange de quoi elle me filait des infos à publier sur ses interventions.
- C’est donc toi qui nous as mis des bâtons dans les roues ?
- En quelque sorte, oui. Disons que j’ai fait en sorte que la police ne l’attrape pas.
- Tout ça, juste pour ton journal… fulmine Maurice.
- Pas que, en vérité… Enfin bref ! Le problème, c’est que tu es un excellent flic, et que, je ne sais trop comment, tu as remonté la piste jusqu’à moi. Alors on n’a plus le choix. On va tout te dire. Enfin non… ELLE va tout t’expliquer.
- Encore faudrait-il qu’elle se pointe ! ronchonne l’officier.
- Mais elle est là ! rétorque Martin avec un sourire narquois.
- Hein ?!
- Elle nous observe depuis le début. »
Maurice fronce les sourcils et se retourne dans tous les sens à la recherche de la fameuse vengeresse de la nuit, mais ne voit rien. Indécis, il fixe Martin, le regard sévère, cherchant à déterminer si celui-ci ne se moquerait pas de lui, à tout hasard.
« - Tu te paies ma tête encore une fois, pas vrai ?!
- Pas du tout ! C’est la vérité, Maurice ! Elle est là. »
Subitement, un objet rond atterrit juste devant les mocassins lustrés de l’inspecteur, qui sursaute, manquant de faire une crise cardiaque. Après quelques secondes d’incompréhension, Maurice reconnait la pelote de laine qu’il avait dégoté chez le jeune journaliste. Interdit, ses yeux scrutent les alentours avec vivacité, jusqu’à ce que Martin pointe son faisceau de lumière vers le box en béton à sa droite.
Alors, avec une souplesse et une délicatesse presque féline, Catwoman descend de son promontoire et se pose sans un bruit dans la ruelle, face aux deux hommes.
Elle est exactement comme Martin l’a décrite dans son article : Toute de noire vêtue, un masque sur les yeux, une longue tresse brune et des formes avantageuses. A sa taille, une ceinture sur laquelle est accroché quelques mousquetons et autres accessoires d’escalade, lui semble-t-il.
Elle s’avance vers lui, grâcieuse et sensuelle, sans un mot. Maurice ne peut décrocher son regard d’elle, comme hypnotisé par celle qu’il traque depuis des mois et qu’il découvre enfin en vrai.
Elle est là ! Enfin !!
C’est vrai qu’elle est plutôt sexy…
Puis, brusquement, un éclair de lucidité lui passe à l’esprit et il se souvient qu’il est sensé l’interpeler. Il revient à la réalité en secouant la tête pour se remettre les idées en place, et commence à ouvrir sa parka pour se saisir de son arme de service. Mais Martin s’oppose en attrapant rapidement sa main et en le fixant d’un air grave. Il lui sourit, et d’un hochement de tête entendu, l’incite à la diplomatie en lui signifiant que tout va bien se passer, tandis que la belle justicière se poste devant lui, une main sur la hanche. Comme Maurice retire sa main de son révolver, Martin recule et se positionne entre les deux.
« - Maurice, reprend Martin. Ou plutôt, Inspecteur Torrent, je vous présente la justicière de la nuit, alias ma Catwoman, alias… »
Et il braque sa lampe torche sur sa belle, qui retire alors sa perruque et son masque pour se révéler.
Nonnnn… C’est impossible…
Maurice n’en revient pas, et reste figé, abasourdi.
« - Bonsoir Momo, le salut timidement Emilie, tandis que Martin esquisse un sourire satisfait.
Ce n’est pas possible… Pas elle !
- Emy ?! T-Toi ?? Mais… C-Comment… ?! » balbutie le pauvre inspecteur complètement déboussolé.
Emilie et Martin se consultent du regard, pendant que Maurice tente de reprendre ses esprits. Mais tout s’embrouille dans sa tête. Trop de questions fusent en même temps, et tout s’agglutine dans sa bouche sans qu’il n’arrive à y mettre de l’ordre pour enfin articuler correctement.
« - C-C’est impossible… finit-il par cracher tant bien que mal, les yeux écarquillés.
- Et pourtant si, c’est bien moi, lui répond Emilie. Je suis la justicière nocturne. Ou Catwoman, comme tu préfères… Enfin bref ! Oui, c’est moi qui arrête les bandits dans la nuit depuis quelques temps. C’est après moi que tu cours, autrement dit… »
Elle attend quelques instants, laissant le policier digérer cette information. Il reste toujours prostré devant elle, incapable de prononcer un mot, la bouche grande ouverte et les yeux exorbités. Et alors qu’il semble peu à peu assimiler la chose, et qu’il cligne des yeux comme pour se convaincre qu’il est en train de rêver, Emilie prend les choses en main afin d’éclairer sa lanterne.
« - OK. Bon, c’est vrai que ça parait complètement fou, mais… Laisse-moi t’expliquer. Voilà… En fait, j’ai un don. Ou plutôt, une particularité physique qui me permet de décupler mes forces et de voir la nuit comme en plein jour. Ma pupille se dilate, comme les chats, et je vois parfaitement dans l’obscurité.
- C’est véridique ! intervient Martin. Regarde ! »
Et il balance aussitôt sa lumière sur le visage d’Emilie. Maurice aperçoit alors ses deux pupilles entièrement noires. Sidéré, presque horrifié, l’officier opère un pas en arrière, et son cœur s’emballe, pris de panique.
« - Non ! Attends, je t’en prie ! s’exclame Emilie en tendant ses mains devant elle dans un geste désespéré pour le retenir.
- Moi aussi, j’ai eu du mal à y croire, admet Martin pour venir en aide à sa dulciné. Et pourtant… Tu le vois comme moi. Mais je sais qui elle est au fond, et je l’aime comme elle est. Avec ce don incroyable, qui plus est !
- Je ne suis pas un monstre, tu sais… souffle-t-elle. Tu me connais mieux que quiconque, après tout… »
Maurice croise son regard, encore entièrement noir, et y perçoit une étincelle qu’il reconnait immédiatement. Celle de la jeune fille perdue après la mort tragique de son père. Celle de la jeune femme un peu rebelle qu’il a vu grandir avec cette absence douloureuse. Celle de la journaliste talentueuse qu’elle est devenue désormais, et qu’il affectionne comme sa propre fille. Et son cœur fond.
Oui… Je la connais bien, cette petite… Même très bien…
« - Pourquoi ? lâche-t-il comme un coup de poignard en retrouvant son aplomb. Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Et pourquoi tu fais ça ?
- *soupir* Je devais garder l’anonymat pour que ça fonctionne. Et je l’ai fait pour mon père. »
A ces mots, Maurice se crispe aussitôt.
* EMILIE *
Elle perçoit tout de suite sa crispation. Elle sait à quel point il est difficile pour lui d’évoquer son ancien coéquipier, mais elle doit lui faire comprendre les raisons qui l’ont poussées à agir.
« - Ce qu’il voulait, c’était rendre le monde meilleur, plus sain, plus sûr. Tu te souviens ? C’était ce qu’il disait tout le temps lorsqu’il parlait de votre métier.
- Emy… murmure Maurice en ôtant son couvre-chef pour se frotter les cheveux d’un air confus. Tu n’as pas le droit…
- Pourquoi ? s’agace Emilie. Dis-moi pourquoi je ne pourrais pas agir en sa mémoire. Hein ?!
- La vengeance ne mène à rien…
- Je fais ce que j’ai à faire pour réaliser son rêve et rendre cette ville plus sûre !
- Mais tu es hors la loi, maintenant ! s’enquiert Maurice. Et mon devoir, c’est de te mettre hors d’état de nuire.
- Je ne nuis en rien à la société, Maurice !!! s’emporte-t-elle subitement. Au contraire !! Tu n’comprends donc pas ? Tu n’vois donc pas tout ce que je fais pour venir en aide aux forces de l’ordre ?
- En toute illégalité, bon sang !!
- Justement ! s’interpose Martin en sortant un petit carnet de sa poche. J’ai recensé les chiffres de la délinquance en ville depuis que la justicière sévie, et crois-moi, ça vaut le détour ! Car depuis qu’elle s’occupe des malfrats, les délits et crimes ont diminué de moitié ! De moitié, Maurice !! »
Il agite le carnet devant l’officier surpris, et celui-ci s’en empare vivement pour constater par lui-même. Puis il fixe le jeune homme, incrédule, avant de pousser un profond soupir, et de reprendre.
« - Écoutez… *soupir* Emilie, tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi. Mais là… Je ne peux pas passer outre les lois, même si c’est toi…
- Non, je sais… Je sais que tu es un flic intègre, et que tu ne fermeras pas les yeux sur ce que je fais… Mais je ne peux pas arrêter non plus. La ville a besoin de la justicière, et tu le sais aussi bien que moi. »
Tous deux se toisent d’un air désespéré, sans un mot, aussi perdus l’un que l’autre.
« - Qu’attends-tu de moi, exactement ? la questionne-t-il alors.
- Que tu m’aides à agir sans être inquiétée par la justice.
- Je te rappelle que je représente la justice justement, et que je suis sensé t’arrêter.
- Oui, je sais. Mais… On peut trouver une solution, je crois. »
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