"Faire Nation"
Dans le TGV, 6 mars 2025
— Yann, vous êtes un des photographes les plus connus au monde, reconnu pour votre engagement en faveur de la préservation de la beauté de notre planète et de la valorisation de la diversité humaine. Qu’est-ce qui vous a poussé à répondre, parmi les premiers, à l’appel du projet « Faire Nation » ?
— « Faire Nation » a immédiatement attiré mon attention. L'idée de capturer l'essence de la France à travers une série de photographies, en mettant en lumière non seulement la richesse de nos paysages mais aussi la diversité de ses habitants, résonne profondément avec ma passion et ma démarche artistique. Le défi de saisir l'identité collective de notre pays tout en célébrant nos différences individuelles est une démarche qui me tient à cœur.
— Comment vous y êtes-vous pris ?
— Pour l’essentiel, comme d’habitude. J’ai parcouru la France, pour saisir des moments de vie quotidienne, des paysages naturels exceptionnels et des scènes urbaines intéressantes. Et puis, je me suis dit que c’était aussi l’occasion de sortir des sentiers battus, de mes sentiers battus en tous cas, et pour la première fois, je me suis lancé dans un photomontage.
— Parlez-nous de cette photo qui vous tient le plus à cœur.
— Il s’agit donc d’un photomontage, réalisé à partir de différentes photos de classe. Certaines très anciennes, d’autres plus contemporaines, jusqu’à une photo prise en octobre dernier. La dernière case est vide, attendant la prochaine rentrée scolaire. On voit ainsi l’évolution des postures, des vêtements, des visages, en un mot le changement. Mais aussi la continuité, chaque année, la photo de classe est un événement pour les enfants, les parents, les enseignants.
— C'est une image puissante que vous décrivez, Yann. Comment avez-vous sélectionné les photos de classe pour ce montage ?
— Certaines proviennent d'archives, d'autres de collections personnelles. J'ai aussi collaboré avec des écoles à travers le pays pour inclure des clichés récents.
— Quel message souhaitez-vous transmettre à travers ce travail ?
— Ce montage est un hommage aux générations qui se sont succédé, qui ont grandi en France et qui grandiront sur cette terre. Il souligne à la fois notre transformation et notre constance. Derrière chaque visage, chaque regard, chaque sourire, il y a une part de notre histoire collective. En laissant la dernière case vide, je veux symboliser l'avenir, les possibilités infinies qui s'offrent à nos jeunes générations, si nous leur en donnons la possibilité.
— Votre œuvre, comme toujours, offre une perspective profonde. Quel impact espérez-vous avec cette participation à « Faire Nation » ?
— C'est une invitation à réfléchir sur le passé, le présent, et surtout l'avenir de notre nation. Nous sommes tous liés par notre histoire commune, nos racines, mais nous sommes également façonnés par nos expériences uniques. Le projet lancé par Marc Vautier est une formidable opportunité de repenser notre identité collective et de nous unir dans nos différences pour construire un avenir meilleur pour la France.
Delcroix reposa le Paris-Match acheté dans la voiture-bar du TGV qui le ramenait de sa circonscription. Mauvaise nouvelle cet article, il risquait de faire des petits et de susciter d’autres vocations parmi les artistes. On ne se méfiait jamais assez de l’égo qui les animait et de l’émulation – pas toujours saine - qui pouvait naitre de la mise en lumière de l’un d’entre eux. Il fallait trouver le moyen de stopper cela avant que la machine ne s’emballe. Ou de noyauter le projet.
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