4 - Marguerite

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Marguerite me reçoit dans son bureau. Ce dernier est plutôt simple, très clair et impeccablement rangé. Non loin de la fenêtre se trouve une magnifique représentation plutôt ancienne du « Baiser de Klimt ». Je souris malgré moi en admirant le tableau ce qui n’échappe pas à cette femme au regard vif et intense.

— Cela ne vous dérange pas si je vous appelle par votre prénom ?

— Pas du tout. J’apprécie que vous me le demandiez.

— C’est normal, vous verrez ici que la bienveillance fait partie de nos points forts et nous y mettons un point d’honneur à ce que le personnel ainsi que les résidents soient au coeur de notre programme.

Je savais que mon choix de tout quitter pour venir ici serait une bonne chose pour moi. Après maintes années à courir pour une raison de me lever le matin, j’ai découvert sur le tard que de me rapprocher des personnes âgées était une vocation, mais la bonne volonté ne suffit pas. Il faut trouver un établissement qui correspond à nos attentes et à la vision que l’on se fait du social, ce qui devient rare dans ce pays où la population vieillissante ne cesse de croître et aucun moyen n’est mis en place pour accompagner au mieux nos parents ou nos grands-parents. C’est ainsi que je le vois. Prendre soin d’inconnus, comme de nos proches. Alex n’est pas de cet avis, et dans le fond je trouve ça assez triste quand on est capable de s’insurger sur la misère du monde sans se soucier plus que de raison à celle qui se trouve à notre porte.

— J’y compte bien, et croyez-moi j’ai conscience de la chance que j’ai d’être ici avec vous.

Marguerite semble touchée par ma sincérité. D’abord figée, les yeux légèrement écarquillés derrière ses lunettes rondes, le sourire vient assez vite faire briller son regard noisette et accentuer les ridules de ses tempes ainsi que son front pâle. Ses cheveux bruns, parsemés de gris sont relevés en chignon mal serré avec une fleur de marguerite en guise de broche. Cette femme est charmante, mais il y a forcément un mais...

— Je vous aime bien Kahina. J’ai toujours eu un don avec les gens. J’ai préparé votre planning sur un mois, modulable si vous avez des demandes ou des rendez-vous cela va de soi, mais étant donné que nous sommes en équipe réduite, je vous conseille de faire votre demande minimum quinze jours avant.

Son petit laïus continue quelques minutes. J’écoute attentivement ses indications et conseils qu’elle maitrise sur le bout des doigts. Elle m’apprend que nous ne sommes que cinq aides-soignantes, trois infirmières, trois ASH, et deux médecins à plein temps sur le lieu. A ce tableau se rajoute la comptable dans le bureau juste à côté, les deux secrétaires, bel et bien soeurs que j’ai aperçues tout à l’heure, son assistante et elle-même. Au bout d’un moment, elle m’invite à la suivre dans un long couloir dédié au personnel en me présentant une salle de pause et des vestiaires. Mon prénom est déjà inscrit sur l’un des casiers et je souris de constater qu’un dessin de fleur différent orne le haut de chaque casier.

— Qu’est-ce qui vous fait sourire ?

Elle est curieuse, plutôt espiègle et ouverte d’esprit et très subtile. Je l’observe sans perdre l’esquisse de mon visage puis reviens sur ce choix de fleur attentionnée de sa part. La Mejjir.

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