Un portefeuille bien rempli.
J’en ai marre de grossir. Mon cuir craque aux entournures. Ça fait vingt ans que mon propriétaire s’obstine à collectionner tous les tickets de caisse de ses achats en supermarché. Pas tous les supermarchés certes. uniquement Leclerc. On sent comme une affection de sa part à l’encontre d’une enseigne qu’il affectionne particulièrement. Pourquoi, lui seul le sait. Peut être une atmosphère, une ambiance, l’impression que les clients d’ici et lui sont tous frères.
Les tickets n’ont le droit de rejoindre la confrérie que s’il dépassent 50€. En deçà, ça ne vaut pas le coup. Au delà par contre tous les examens et tous les fantasmes sont autorisés.
Parce que sur vingt ans, pas de doute. La théorie de l’inflation n’a plus de secret pour moi. Je peux sans coup férir vous donner la mesure exacte de l’évolution du prix de la même plaquette de beurre. Même si on ne peut pas être sûrs que subrepticement, quelques grammes ont été retirés du package.
Pareil pour le prix du jus de fruit. La facture ne le dit pas vraiment mais on a vérifié : le colisage est doucement descendu de 1l à 900ml.
Au fur et à mesure que mes poches se remplissent et que les tickets jaunissent, j’ai une vision nette de ma perte de pouvoir d’achat et j’envisage sérieusement, preuves à l’appui d’écrire un manuel détaillé : comment faire judicieusement ses achats en supermarché.
Mais attention, seulement chez Leclerc…
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