Chapitre 11

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Theos écarquilla les yeux.

Quoi ?

Son visage se décomposa lentement. Ils avaient choisis… Temeos ? Il avait… perdu ? Il ne pourrait plus revoir Nah’Skaar ? Il ne serait pas celui qui pourra couver son oeuf, il…

Il baissa la tête. Une larme roula sur sa joue alors qu’il imaginait Temeos entre les bras de son Dieu, entre les bras de celui qu’il aimait…

-Pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi j’ai échoué ? Pourquoi pas moi ? Je…

Sa mâchoire se crispa et il enfouit sa tête entre ses mains. Les sanglots se mirent à secouer son corps, alors qu’il réalisait qu’il avait échoué. Il n’avait pas pu tenir sa promesse… Nah’Skaar allait l’attendre en vain… Son coeur se serra alors qu’il n’arrivait pas à comprendre pourquoi… Pourquoi ?!

-Theos, relève la tête.

Le petit blond planta ses yeux verts embués de larmes dans ceux du Grand Maitre, qui étaient étonnement satisfaits.

-Bravo, Theos, tu as réussi la toute dernière épreuve.

Theos écarquilla les yeux et son coeur rata un battement.

-Que… Quoi ?

Le Grand Maitre passa sa main sur la joue de Theos, récupérant les larmes salées qui y coulaient encore.

-La capacité d’exprimer ses sentiments, de savoir pleurer, est un don, Theos. Et notre Dieu l’apprécie particulièrement. Après tout, la particularité de l’homme est celle de montrer ce qu’il ressent sur son visage, à travers ses expressions… Les Dieux s’expriment par leur expressions grâce à nous, ils apprennent en nous observant. Ils savent associer une émotion à un visage, mais ce n’est pas naturel. Ils ne comprennent pas ce qui nous pousse à exprimer ce que nous ressentons ainsi. C’est un mystère fascinant pour eux.

-J’ai… réussi ?

-Oui, tu vas devenir le Prétendant de Nah’Skaar.

Theos retint son souffle. Il avait réussi ? C’était une blague ?

-Je… non vous venez de dire que…

Pouvait-il vraiment y croire ? Il avait peur que le petit espoir qui naissait dans son coeur se fasse violemment écraser…

-Tu as réussi Theos, viens, il est temps de te préparer et de te reposer. Il faut que tu sois en forme pour demain.

-Mais je…

Theos ne comprenait rien. Il avait vraiment… réussi ?

Le Grand Maitre l’attrapa par la taille et le guida en dehors de la pièce, jusqu’à sa chambre. L’esprit de Theos était vidé, il n’arrivait plus à réfléchir.

-Va te laver, je fais venir ton repas.

Theos hocha la tête, mécaniquement, et se dirigea vers le petit bassin rempli d’eau chaude de la pièce adjacente. Il y entra sans réfléchir et l’eau brulante sur sa peau et ses muscles fatigués lui permit de reprendre un peu ses esprits.

Il avait… réussi…

Il allait… Il allait pouvoir servir Nah’Skaar ! Il allait être Son Prétendant ! Non. Il était Son Prétendant…

Il se mordit la lèvre.

C’était fou. Il avait passé la moitié de sa vie à vouloir vivre aux côtés de son Dieu et… son rêve, ce pour quoi il s’était battu pendant tant d’années, allait devenir réalité…

Il étouffa un gloussement alors que les larmes embuaient à nouveau ses yeux. Il était si soulagé, si heureux…

Son coeur battait fort dans sa poitrine, à un rythme rapide, l’emportant dans une cacophonie d’émotions euphoriques, qui le faisaient tournoyer encore et encore… Il était troublé, perdu, heureux.

Il avait réussit !

Des larmes de joie roulaient sur ses joues. Il peinait encore à le réaliser. Tout son être tremblait, soumis à des émotions trop intenses pour être nommées. Le sourire qui éclairait son visage était éblouissant.

-Theos, le repas est arrivé.

Le Prétendant secoua la tête et reprit ses esprits. Il se lava rapidement, enfila une tunique propre et rejoignit le Grand Maitre dans sa chambre. Il mangea rapidement et se coucha, épuisé.

-Dès que tu te réveilleras, nous commencerons à te préparer pour Nah’Skaar. Reposes toi bien, Theos. Tu le mérites.

Theos passa une nuit comblée de rêves dont il ne se souvenait pas mais qui lui laissèrent une impression de joie et de satisfaction tranquille. Il s’étira en se réveillant, et fixa le plafond.

Il avait vraiment réussi.

Un sourire s’épanouit sur ses lèvres. Il allait revoir Nah’Skaar aujourd’hui !

Il se redressa d’un bond et fila se laver, huiler sa peau et se coiffer. Il voulait être le plus beau, le plus désirable possible. Il se mordit la lèvre. Devait il se préparer en bas ? Le Grand Maitre avait parlé d’une « préparation » mais il ne savait pas en quoi elle consistait.

Il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus qu’une dizaine de Dévoués entrèrent dans sa salle de bain, sans prévenir, et le saisirent pour s’occuper de lui avant même qu’il ne puisse protester.

Theos fut lavé à nouveau, huilé, coiffé, massé, tâté et touché dans tous les sens et dans tous les recoins de son corps. Il restait totalement malléable, un peu perdu par toute l’attention qu’il recevait, planant encore dans le plaisir de pouvoir bientôt revoir son Dieu.

On le fit s’allonger sur le bord du bassin, et redresser les jambes.

-Je vais te dilater pour que tu sois prêt, sourit un Dévoué. Ca ne fera pas mal.

Theos hocha la tête et laissa l’homme glisser en lui un phallus très fin, et long. La dilatation ne dura que quelques secondes puisqu’il était déjà parfaitement relâché. On lui lava ensuite l’urètre ce qui le fit grimacer. Ce n’était vraiment pas une sensation agréable, mais son corps devait être infiniment propre pour Nah’Skaar, alors il ne bougea pas.

Les Dévoués lui glissèrent ensuite un tuyau dans l’anus, et de l’eau tiède mélangée à différents nutriments commença à couler en lui. L’eau était plus épaisse que la dernière fois, un peu visqueuse, et il la sentait distinctement glisser contre ses parois internes.

-Nous y avons ajouté plusieurs potions qui te garderont dilaté et lubrifié. Il y a aussi des éléments important pour que les graines de notre Dieu soient parfaitement à l’abris dans ton corps.

Theos hocha la tête et souffla doucement. Le liquide était lourd, le remplissant lentement, s’accrochant à ses parois avant de glisser, poussé par le débit régulier qui sortait du tuyau.

Il ferma les yeux et se laissa porter par la sensation de son ventre qui gonflait, de sa peau tendue, et des mains partout sur lui.

Un Dévoué enclencha l’eau dans l’autre sens pour le vider, et le liquide reflua de lui, laissant sur ses parois internes une couche moelleuse de lubrifiant, et de nutriments.

Pendant ce temps, les autres s’occupaient toujours de sa peau, de ses cheveux et de ses ongles. On orna sa chevelure de perles d’or et d’émeraude, sa peau fut recouverte de magnifiques arabesques qui recouvraient ses bras, le bas de ses joues, son torse et ses jambes, et glissaient sensuellement vers son intimité.

On maquilla ses yeux pour en faire ressortir la couleur verte, et ses lèvres furent saupoudrées d’or. Lorsqu’il put enfin se redresser, il était prêt.

Les Dévoués le guidèrent hors de sa chambre et il les suivit, comme dans un songe. Il avait rêvé tant de fois de ce moment que rien ne lui semblait réel.

Sur le chemin jusqu’au coeur du temple, tous les Ygdriens l’acclamaient, le regardaient, admirant sa peau blanche, lui jetant des fleurs et des rubans de soie que les Dévoués s’empressaient d’enlever de son corps.

Mais aucune de ses attentions ne l’atteignait vraiment. Même le fait d’être nu devant tous ces gens ne le dérangeait pas. On criait son nom, on lui serrait la main, on le fixait. Mais il n’en avait cure. Il restait le regard fixé sur la porte d’opaline, loin devant lui.

Sans qu’il ne se rende compte du chemin parcouru, il arriva en face de cette porte qu’il avait tant de fois traversée… Mais jamais il n’avait été aussi ému.

Le Grand Maitre apparut dans son champ de vision, et lui sourit.

-Tu es magnifique.

-Merci.

Ses yeux brillaient, et son coeur se mit à battre si fort qu’il n’entendait plus que ça quand il vit ce que le Grand Maitre tenait à la main…

Un lourd collier d’opaline, pailleté d’or. Le collier du Prétendant.

-Par ce collier, je te donne le droit de franchir cette porte, et de rejoindre notre Dieu. Acquittes toi de ta tâche, sans peur et avec honneur, prononça-t-il solennellement en attachant le collier sur sa poitrine.

Ses mots résonnèrent aux oreilles de Theos, qui sourit un peu plus. Il ne voulait pas le faire avec honneur, mais avec amour…

-Je le ferai, promit-il de toute son âme.

Le Grand Maitre lui présenta ensuite un petit bol, dans lequel se trouvait une poudre bleue lumineuse, comme un joyau qu’on aurait ouvert pour récupérer toute sa beauté et sa lumière.

-Ceci est le bijou que tu as trouvé au fond du lac perdu. Il te guidera tout le long du chemin vers notre Dieu.

Il trempa ses doigts dedans et vint les poser sur son front, avec délicatesse.

-Que Nah’Skaar te garde.

Le Grand Maitre s’écarta, le laissant seul devant la porte.

Derrière lui, le peuple d’Ygdrae le fixait. Il avait presque l’impression que le monde entier retenait son souffle, que chacun n’attendait que ça, qu’il pousse la porte, qu’il entre dans ce lieu sacré, qu’il avait foulé tant de fois…

Il souffla, ferma les yeux, tendit la main, tentant vainement de contrôler les battements effrénés de son coeur… Il en tremblait, les lèvres frémissantes, des larmes d’émotions au coin des yeux.

Theos posa sa main à plat contre la porte, unique barrière qui le séparait de l’être qu’il aimait. Il sourit, et, sans un regard en arrière, sans un regret, il ouvrit la porte.

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