Boom, boom, mon cœur fait boom [4/4]

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  Quand Arya se réveilla pour la seconde fois sans qu’il n’y ait eu le moindre incident, Luc prit le temps de discuter avec elle. Ils firent un bilan et discutèrent de choses plus légères avant que le médecin ne lui demande de rester un peu plus longtemps en observation. La princesse refusa aussitôt.

 « Pourquoi non ? Tu n’as rien de prévu à ma connaissance. Tu n’as pas de cours avant demain après-midi. Je souhaiterais que tu te reposes quelque temps encore sous mes yeux. »

  Arya accepta à contrecœur, même si elle se rendormit rapidement, comme si son corps profitait de cette attention constante pour se régénérer complètement. À son réveil, il y avait Luc, debout à côté du lit, et Lola qui lui tenait la main chaleureusement. De gêne, la princesse dégagea doucement sa main en râlant à la vue de la nuit.

 « Pourquoi est-il si tard ?

 — Tu avais besoin de reprendre des forces. Je n’ai pas l’impression que tu dormes suffisamment le reste du temps. Est-ce que je me trompe ? »

  Arya secoua lentement la tête et Luc prit note. Il s’esquiva ensuite pour aller chercher la potion du soir, par précaution. Pendant ce temps-là, Lola fit la conversation. Elle exprima sa joie à la perspective de faire une activité entre filles le lendemain matin. Pour avoir la paix, Arya acquiesça à tout et avala cul sec le médicament avant de se rallonger sagement. Elle se sentait hors de son corps, vaporeuse et vaseuse. Arya se serait bien plongée dans un bon bain chaud pendant une bonne heure. Lola prit congé en lui demandant de la rejoindre à huit heures tapantes le lendemain. La princesse accepta, trop fatiguée pour lutter.

  Trop fatiguée pour argumenter mais pas suffisamment pour que le sommeil veuille encore d’elle. Arya fixa le plafond de la chambre jusqu’à en avoir assez. Elle se leva et sortit de la chambre. L’infirmerie était en grande partie plongée dans l'obscurité. Il n’y avait que Suna affalée sur un lit, buvant au goulot d’une bouteille à la lumière d’une bougie. Elle avait le regard vague et soupirait. Arya avança en silence. Est-ce qu’elle était obligée de veiller à cause d’elle ?

  Suna perçut du mouvement et sembla revenir à la vie. Elle lui sourit et s’assit de façon un peu plus courtoise en l’apostrophant amicalement :

 « Tu n’arrives pas à dormir ?

 — Le sommeil ne veut plus de moi. Je te dérange ?

 — Non, non. Viens, installe-toi. Ça me fait plaisir d’avoir de la compagnie. Puis au moins je t’aurais à l’œil. Pour, tu sais, réagir en cas de dérapage. »

  Un léger malaise s’installa. La guerrière en était la cause par sa maladresse et s’en voulut. La vérité n’était jamais facile à entendre, mais ce n’était pas une raison pour la ramener au-devant de la conversation, encore et encore. Suna finit par se reprendre sans qu’Arya n’ait ouvert la bouche.

 « Je ne veux pas t’enfoncer, tu sais ? C’est juste que… Enfin…

 — Je comprends. C’est une simple constatation et je ne peux pas te donner tort. Sinon, je ne passerais pas la nuit ici.»

  Arya esquissa un maigre sourire. Il n’y avait rien de plus à répondre. Le silence reprit ses droits. Suna étudia sa camarade puis reprit une bonne lampée d’alcool avant de lui tendre la bouteille.

 « Tu en veux ? Ça m’aide à ne pas penser.

 — Non merci. C’est encore pire quand je bois.

 — Pas recommandable en effet. »

  Un nouveau silence s’établit. Il n’y avait plus de malaise. Toutefois, ni l’une ni l’autre ne ressentaient le besoin de combler le vide de la conversation. Elles goûtèrent chacune la présence de l’autre, échangeant des sourires de plus en plus complices en s’apprivoisant mutuellement. Suna but quelques gorgées de liqueur avant d’inviter la princesse à s’asseoir près d’elle. Arya finit par laisser libre cours à sa curiosité en prenant ses aises.

 « Qu’est-ce qui t’empêche de dormir ?

 — J’entends des voix, je vois des choses que d’autres ne voient pas, répondit Suna en restant évasive. Et toi ?

 — Je fais des cauchemars la plupart du temps, mais là, j’ai juste trop dormi.

 — Mm… Je préfère mes voix. Au moins, le peu de fois où je dors, elles me foutent la paix.

 — C’est plutôt enviable en effet. »

  Arya soupira puis regarda Suna dans les yeux. Cherchant à voir au-delà des apparences, elle voulait comprendre pourquoi toutes les personnes qu'elle côtoyait à Saltar avaient fait le déplacement pour s’occuper d’elle. La princesse n’avait pas la présomption de croire qu’elle leur était indispensable.

 « Pourquoi es-tu venue donner un coup de main ? Ce n’est pas par crainte d’un nouvel incident. Une personne normale chercherait à me fuir. Ce serait une réaction saine. Mais pas toi. Pourtant tu as l’air saine d’esprit.

 — Je ne vais pas te fuir parce que tu craches des flammes dans ton sommeil. Tu es… plus intéressante que tu ne le crois.

 — C’est-à-dire ? »

  Suna avala une nouvelle gorgée d’alcool avant de lui répondre.

 « Tu as été intégrée à la classe spéciale, pas vrai ?

 — Oui. Et ?

 — Tu es donc une personne spéciale.

 — C’est tout ? »

  Elle n’eut droit qu’à un haussement d’épaules. Suna ne dirait rien de plus pour le moment. Elle ignorait si les lieux étaient complètement sûrs. Une lueur dans son regard indiqua à la princesse qu’elle en apprendrait plus en d’autres circonstances. Elle l’accepta et Suna proposa une partie de cartes pour s’occuper. Elles passèrent une nuit blanche en apprenant à se connaître un peu mieux.

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