Violi, dans de grands gestes théâtraux nous raconte comment à son retour du champ de courses, où son poulain le rat Pide était engagé, n’avait pas trouvé sa femme Tiche. Cela lui avait, dans un premier temps, paru bizarre, tant Tiche, cuisinière émérite, ne quittait pratiquement jamais sa cuisine. Violi passe alors ses mains sur les pourtours de sa bedaine redondante, comme pour prouver qu’il ne ment pas. Ce qu’il, au vu des boutons de sa redingote prêts à prendre la malle, n’avait pas besoin de faire. Aucun doute, Tiche devait être un cordon bleu…

Il est donc passé dans la réserve, puis à la cave, il a grimpé jusqu’au grenier, mais toujours pas de Tiche. Perplexe, il est retourné dans la cuisine et a remarqué que le contenu d’une marmite mijotait tranquillement sur le feu. C’est à partir de ce moment-là qu’il a vraiment commencé à s’inquiéter, jamais sa femme ne laissait une marmite sans surveillance.

La seule fois où cela c’était produit, le capharnaüm qui s’en était suivi avait failli mettre le feu à toute la maison. Et Violi de nous expliquer qu’une prise électrique humaine avec des fils dénudés, avait reçu un peu d’eau qui bouillait de trop. Lorsque Tiche était revenu à la cuisine, les étincelles provoquées par l’électricité, avaient déjà endommagées le plafond et mis le feu au plancher. Tiche, prise de panique avait alors vidé le contenu de la marmite sur les flammes. Ce qui, quand on ne connaît rien à l’électricité, n’est pas conseillé… l’explosion qui avait suivi, avait projeté Tiche contre le mur du fond. Sous la violence du choc, elle avait écrasé le rat Tatiné qui passait par là, et qui bien malgré lui, lui avait sauvé la vie. Le souffle avait éteint les flammes, mais les ravages causés à la cuisine étaient si importants, qu’il leur avait fallu changer d’endroit.

Donc, Violi, se trouvait très inquiet à la vue de cette marmite sans surveillance. Il a éteint le feu, c’est précipité dans sa chambre pour enfiler son bleu de travail, puis a commencé ses recherches. Tiche devait bien être quelque part, il la trouverait, même s’il devait y passer toute la fin de la journée et la nuit. Le conduit à ordures fut le premier endroit qu’il examina, Tiche s’y rendait souvent pour trouver de quoi améliorer l’ordinaire, mais elle n’était pas là. La benne à poubelles, rangée contre le mur du garage… elle ne pouvait qu’être là-bas, il en était sûr, mais le chemin pour s’y rendre était semé d’embûches. Si un humain te voyait, c’en était fini de toi… Il a donc pris son courage à deux pattes, a traversé la cour sous la pluie battante, a escaladé tant bien que mal le container, et par un trou de souris, est rentré dedans. Tous ces efforts l’avaient fatigué, alors, alléché par une douce odeur de poisson pourri, il se fit un devoir de racler les arêtes d’une carpe, avant de continuer ses recherches.

Mais de nouveau, pas de Tiche… bon sang, où pouvait-elle être ?