Chapitre 10 - Collision

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Elizabeth

Le professeur Grayson s’interpose entre l’inconnu et moi. Il pose un billet sur le comptoir en repoussant l’autre. Je n’arrive pas à croire qu’il intervienne dans ma discussion. L’enseignant regarde l’inconnu avec tellement de colère que celui-ci se détourne vers ses amis.

- Mademoiselle Davinson suivez-moi, ordonne Grayson avec autorité.

Sa posture s’impose désormais dans ma direction. Impossible de se défiler devant un tel personnage. Je marche aux côtés de mon professeur jusqu’à la terrasse extérieure. La température contraste avec la chaleur de la maison. Je n’ose pas me retourner pour faire face à Grayson qui irradie de colère. Je ne comprends pas d’où vient le problème.

- Qu’est ce que vous faites encore ici ? demande-t-il avec un ton froid et calme. Je pensais que vous aviez compris la dernière fois, je ne vous pensais pas si naïve.

Son attitude glacée et posée fait vraiment très peur. J’aurais encore préféré l’entendre me crier dessus. J’entends ses pas derrière moi et il se positionne près de mon corps tout en gardant une certaine distance.

- Je ne comprends ce que vous voulez dire, je prononce d’une voix terne.

Le professeur se tourne dans ma direction et je suis immédiatement attirée par son regard vert foncé. Je regrette immédiatement mon geste car je ne peux plus bouger.

- Ce club a deux fonctions, explique-t-il. Il rassemble des groupes d’amies ou de collègues mais c’est aussi le lieu de chasse des hommes fortunés.

- Je sais… je soupire.

- Alors pourquoi êtes-vous là ? s’indigne-t-il en haussant le ton. Vous ne correspondez pas à ce que les hommes recherchent ici.

- Je ne suis pas comme vous monsieur Grayson, je le coupe blessée par ses propos. Je ne viens pas d’un milieu aisé et si vous avez lu mon dossier vous devriez le savoir. Rencontrer des personnes et la seule façon pour moi de me constituer un réseau pour obtenir un poste correct après mes études.

- Vous n’avez pas besoin de cela, continue-t-il de plus en plus en colère. Ne doutez pas de vos capacités intellectuelles. Vous n’avez pas besoin de faire la pute pour cela.

Cette fois-ci, Grayson est vraiment en colère et ses iris vert sont en fusion. Je n’arrive pas à croire qu’il ait dit ça mais je ne veux pas perdre la face et me faire humilier.

- Vous n’êtes pas bien placé pour me faire la morale étant donné que vous faites partie des hommes qui baisent les putes en question, je rétorque froidement.

Le professeur tape violemment son poing sur la rambarde en pierre. Evidemment, Grayson n’apprécie pas la provocation. Il s’approche de moi et me domine désormais de toute sa hauteur.

- Je n’aime pas la façon dont vous me défiez mademoiselle Davinson.

- Vous n’êtes pas en droit de me dire ce que je dois faire, je riposte soudainement confiante.

- Vous êtes plus intelligente que ça. Ce n’est pas ici que vous trouverez ce que vous recherchez. Ces hommes ont juste envie de tirer leur coup alors ne croyez pas qu’ils vont vous propulser en haut de la pyramide.

Je recule d’un pas afin de m’éloigner de son attraction mais ma cheville vacille et je perds l’équilibre. Le bras puissant du professeur m’attrape par la taille et je me retrouve collée contre son torse. Je sens son regard intense sur moi ainsi que ses muscles contractés contre mon corps. Je pense que je dois être en train de rougir et sur une rousse ça se voit.

- Mademoiselle Davinson, nous savons tous les deux que vous n’avez pas votre place ici, dit-il une fois la colère redescendue.

Son regard est vraiment très insistant et je crois que le professeur essaye de me faire comprendre qu’il sait que je n’ai aucune expérience sexuelle. Face à l’idée que je puisse être démasquée, je me sens soudain vraiment très mal à l’aise. Il m’aide à me redresser puis je m’écarte subitement en détourant le regard vers le parc.

- Evitez de sortir dans ce genre d’endroit habillé avec des vêtements aussi indicateur, m’indique l’enseignant en me détaillant.

Son regard se pose sur mes jambes puis remonte en s’attardant sur ma poitrine. Je le vois se mordre la lèvre un instant avant de reprendre immédiatement son sérieux. Ça y est, je dois être aussi rouge qu’une tomate. Je sens également des frissons remonter le long de mon dos.

- Vous devriez rentrer mademoiselle Davinson, me conseille Grayson. Il me semble que vous avez froid.

Je pénètre dans la maison dans l’espoir de retrouver ma meilleure amie mais je ne la vois nulle part. Je soupire puis je prends mon téléphone pour lui envoyer un message.

- Ne vous inquiétez pas pour elle, mademoiselle Hope-Frayser doit être dans une chambre avec son amant habituel, m’indique Grayson dans mon dos. Elle aussi devrait faire attention en passant.

Visiblement rien n’échappe au professeur et c’est vraiment déroutant.

- Laissez-moi vous ramenez, propose-t-il. Cela vous évitera de payer un Uber.

- D’accord, je souffle en me dirigeant vers la sortie.

Malgré mon altercation avec le professeur, je préfère accepter sa proposition. Je ne tiens pas à le froisser encore plus et me faire virer de mon job. Après ça, je pense que je vais être gênée en permanence en sa présence.

Mon Dieu ! A cause de mes rougeurs et mon comportement, il sait que je suis encore vierge. Je suppose que c’est ça qui l’a poussé à m’éloigner de cet homme au bar.

Nous montons dans la Mercedes de l’enseignant puis nous quittons le club comme la semaine dernière. Il faut vraiment que je parle de cette histoire avec Cassidy. Elle est toujours de bon conseil et aime bien lorsque je me confie à elle. A vrai dire, elle est mon pilier dans la vie et je suis le sien.

- Professeur Grayson, je commence. Je veux vraiment vous aider à faire ce livre parce que ce travail est peut-être la seule chose qui me démarque des autres dans un entretien d’embauche.

- C’est aussi pour cela que je voulais vous offrir ce job, explique-t-il sans lâcher la route des yeux. Lorsque j’ai vu que vous veniez d’une famille modeste, j’ai voulu vous aider à constituer un bon CV. Il n’y a pas beaucoup de surdouées qui parviennent à s’intégrer aussi bien au système. Mon travail en tant que professeur est d’aider mes étudiants à donner leur maximum pour atteindre la réussite.

- Je vous en remercie professeur, je souffle d’une petite voix.

- Ce n’est pas un geste de compassion ni de pitié mademoiselle Davinson, ajoute le conducteur. J’ai fait simplement ce qui était juste de faire.

Je n’ai pas le temps de méditer ces dernières paroles car le professeur se gare devant ma résidence. Visiblement sa mémoire ne lui fait pas défaut puisqu’il a retenu l’adresse sans me demander des indications supplémentaires.

- Bonne nuit, professeur Grayson, je lâche avant de fermer la portière.

L’enseignant fait un hochement de tête puis disparait dans la nuit. Je grimpe les escaliers pieds nu parce que je commence à avoir mal aux talons. Une fois parvenue dans mon studio, je me change pour aller dormir.

Je suis incapable de trouver le sommeil car mon cerveau fonctionne à mille à l’heure. Je ne cesse de changer de position mais je finis par faire tomber l’un de mes deux oreillers. Ma conversation ou plutôt ma collision avec le professeur Grayson ne quitte pas mon esprit.

J’ai l’impression qu’il y a quelque chose d’étrange entre nous depuis notre rencontre la semaine dernière au club. Je pense qu’il est aussi déstabilisé que moi dans cette situation particulière même s’il ne le montre pas.

Je n’étais pas contente car j’avais l’impression d’être la petite fille qui se faisait gronder par son papa parce qu’elle a été surprise avec un garçon. Toutefois, je pense que le professeur doit avoir raison sur toute la ligne. Ce club n’est pas un endroit pour moi et les regards carnassiers des hommes le prouvent amplement.

Je me retourne une dernière fois dans le lit puis je prends mon téléphone. J’envoie un message à Cassidy pour lui signifier que je dois lui parler. Je ne lui donne pas cinq minutes pour me répondre même si elle est en pleine action avec son Julian. Elle ne lâche jamais son téléphone alors ça ne m’étonnerais pas qu’il soit près d’elle.

Mon intuition était bonne puisque ma meilleure amie répond à peine quatre minutes plus tard. Elle m’a envoyé plusieurs messages pour me dire qu’elle est chez Julian et précise que lundi je n’échapperais pas à l’interrogatoire. Je ris toute seule sous ma couette et je me sens mieux. Après avoir gigoter encore longtemps, je finis par trouver le sommeil et me laisser emporter dans des rêves roses.

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