Chapitre 20 - Anna la sauveuse

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Elizabeth

Je me réveille assez tôt dimanche car je ne tiens pas en place. J’ai vraiment hâte de revoir Anna. Il me reste encore quelques heures à tuer avant de la rejoindre après le déjeuner.

Je suis penchée sur mes notes de cours mais j’ai beaucoup de mal à me concentrer. Mon cerveau ne cesse d’anticiper et de m’imaginer ce qu’Anna va me dire. Je suis persuadée que ses conseils sont précieux.

Je tiens à être élégante pour ce moment spécial alors je prépare une robe pull à manche longue avec mes fidèles bottines en daim. Ensuite, je mange un plat de légume accompagné de quinoa. Je termine par le maquillage pour ne pas qu’il s’abime pendant le repas.

Une fois prête je revêts une veste puis je regarde le trajet que je vais devoir parcourir en bus sur mon téléphone. Il me faudra changer de véhicule car Anna habite presque à la sortie de la ville.

Environ une heure plus tard, le véhicule me dépose dans un quartier de maisons uniformes typiquement anglaises. Ils doivent avoir les moyens de se payer une maison aussi belle.

Je marche sur plusieurs mètres puis je m’arrête devant le portail de la maison indiquée dans l’adresse. Le jardin de devant est recouvert de plantes vertes et de quelques fleurs qui contraste avec le jaune orangé des feuilles qui tombent des arbres.

Je passe le portillon qui est ouvert puis j’appuie sur la sonnette située sur le perron. Je n’attends pas longtemps pour que la porte s’ouvre sur un homme élégant qui me sourit de toutes ses dents.

- Bonjour Elizabeth, je suis David Tombson, le mari d’Anna, se présente-t-il avant de m’inviter à entrer.

Je ne m’imaginais pas le compagnon d’Anna aussi beau. Il ressemble tellement aux hommes qui tournent dans les pubs de dentifrice ou de parfum. David possède une grande taille avec une carrure athlétique et un visage très viril.

Anna ne tarde pas à arriver aux côtés de son époux. Elle parait petite et je peux moi-même constater la différence d’âge. La jeune femme porte des cheveux longs qui lui donne des airs d’adolescentes tandis que des rides perces sur le front de David sans qu’il perde son charme.

- Je suis heureuse de te revoir, s’exclame Anna en me prenant dans ses bras.

- Allez au salon pour discuter, intervient David. Je vous apporte le thé dans quelques minutes.

Le salon et la salle à manger sont vraiment chaleureux et décorés avec goût dans des tons crème. Je m’installe sur le canapé à côté de mon hôte afin d’être proche d’elle.

- Alors, raconte-moi ce qu’il s’est passé de si bouleversant avec ton professeur d’université pour que tu m’appelles, commence-t-elle en se tournant vers moi.

- Tout d’abord, il faut que tu saches que je suis l’assistante du professeur Grayson, je m’engage timidement. Vendredi, je me suis rendue à son bureau pour travailler, j’ai appris que ma meilleure amie Cassidy avait eu un accident de voiture. Je me suis effondrée dans le couloir car son avenir dans ce monde est encore incertain.

Je marque une pause car je dois retenir mes larmes et desserrer le nœud qui est en train de se former dans ma gorge. Anna pose une main sur la mienne et je peux voir sur son visage qu’elle est désolée pour moi.

- Le professeur Grayson est arrivée et m’a aidé à me calmer dans son bureau, je poursuis. Seulement, il a fini par m’embrasser sans aucune raison. Ce que je veux dire c’est que j’étais très triste pour Cassidy et il me donne un baiser alors que ce n’est pas le moment. Maintenant, je suis très perturbée par ce geste et je m’inquiète de la suite de notre relation. De plus, il s’est refermé comme une huitre après s’être rendu compte de son geste déplacé. Je n’arrive décidément jamais à cerner cet homme.

Au même moment, David sort de la cuisine pour nous servir du thé. Il dépose le plateau sur la table puis me présente les différents sachets. Impossible de le boire car l’eau est encore bouillante.

- Je pense que David pourra peut-être t’éclairer sur le comportement de ton professeur, propose Anna. Enfin, si ça ne te dérange pas qu’il assite à notre conversation.

- Absolument pas, je rétorque. Au contraire, il saura sûrement me dire ce qui se passe dans la tête de Grayson.

Davis s’assoit dans le fauteuil d’en face, heureux de participer à la conversation.

- Je n’ai pas tout compris étant donné que ma femme a été très discrète sur le sujet, explique-t-il. Je sais juste qu’il s’agit d’une relation amoureuse entre toi et le professeur.

- Pas exactement, je le corrige. C’est plus compliqué que ça et je n’irais pas jusqu’à qualifier ma relation d’« amoureuse ».

- Alors éclaire moi et je te dirais ce qu’il se passe dans la tête de ton professeur de fac.

- J’ai rencontré cet homme dans un club privé sans savoir que j’allais le revoir quelques jours tard en tant que professeur, je m’empresse d’expliquer. Nous étions attirés l’un par l’autre puisque nous avons dansé ensemble. Il était vraiment charmant, à l’inverse de maintenant quand il est avec ses élèves. Je dirais même que c’est une autre personne quand nous sommes à l’université. Néanmoins, il commençait à être plus naturel avec moi quand nous étions seuls.

Je prends ma tasse de thé puis souffle sur la boisson pour la refroidir.

- Il m’encourageait dans mes choix professionnels malgré ma condition financière déplorable, je poursuis. C’est pour cela qu’il m’a proposé ce travail d’assistante. Il s’est même inquiété pour ma santé quand j’ai fait un malaise. C’est pourquoi il m’a invité au restaurant. Nos discussions sont vraiment passionnantes, j’en oublierais presque l’océan qui nous sépare. Et puis… il m’observe toujours avec un regard particulier… intense je dirais.

Je bois une gorgé de mon thé pour combler la sécheresse de ma bouche. Les deux époux se regardent avec malice avant de se tourner à nouveau vers moi.

- Et bien… ce n’est pas plus compliqué que ça, en conclu David. Je dois dire que cet homme est irrémédiablement attiré par toi. Il craque tellement qu’il n’a pas pu s’empêcher de t’embrasser. Son éloignement soudain doit signifier qu’il est conscient de son erreur professionnelle.

- Mais je ne pense pas qu’il regrette pour autant, intervient Anna en regardant son mari avec un sourire amoureux.

- Cela m’étonnerait beaucoup, approuve David en lançant un clin d’œil à sa femme. Toutefois, tu vas devoir t’attendre à une distance de sa part. Il doit surement être aussi perdu que toi.

- Mais c’est lui qui m’a embrassé, je bredouille en baissant la tête.

- Ne cherche pas à comprendre comment fonctionne un homme, me conseille Anna. Ils font beaucoup de choix insensés surtout quand il s’agit des femmes.

Je prends un cookie pour éviter de dire quelque chose que je regretterais.

- Qu’attends-tu de lui ? questionne Anna. Parce que lorsque tu parles de cet homme, tu as les yeux qui brillent. L’attirance est clairement réciproque puisque lui aussi te regarde différemment.

- Comme s’il allait me dévorer, je marmonne.

Le couple s’esclaffe avant de reprendre son sérieux. Des pleurs d’enfant se font entendre à l’étage.

- Je crois que nous avons dérangé Emeline dans sa sieste, explique David en se levant.

Le silence s’installe ensuite dans la pièce sans que je sois pour autant plus avancé de la situation.

- Que dois-je faire ? J’ai tellement peur que quelqu’un découvre que nous nous sommes embrassés.

- Je te conseille de suivre ton cœur parce que si tu ne le fais pas, tu vas être malheureuse, réponds Anna avec bienveillance. Il ne faudrait pas que tu passes à côté de cette potentielle histoire car tu pourrais le regretter par la suite.

- Comment tu as fait toi ?

- Ça été difficile pour nous parce que j’étais encore au lycée, raconte-t-elle avec nostalgie. Je t’avoue que j’ai failli craquer mais mon amour pour David s’est révélé plus fort que tout. J’ai poursuivi mes études malgré la présence de ma fille même si ce n’était pas facile tous les jours.

- Je suis une enfant à côté du professeur Grayson alors je ne comprends ce qui pourrais se passer de plus entre nous, je réplique.

- Visiblement il te considère comme une femme, sinon il ne se comporterait pas comme il le fait. Je ne veux pas t’influencer à être avec cet homme. Je souhaite que tu comprennes que tu as le droit de ressentir des choses pour lui et de faire tes propres choix le concernant même si l’opinion n’est pas d’accord.

- J’aimerais tellement vivre une histoire d’amour aussi forte que toi, je songe. Vous êtes heureux et je souhaiterais connaitre ça aussi.

- Ça t’arrivera un jour mais tu dois suivre ton cœur pour que ça marche. Je ne vais pas te raconter mon histoire mais tu peux la lire si tu veux.

Elle se lève du canapé pour prendre un livre de son étagère.

- Voici mon histoire, m’indique Anna. Quelle sera la tienne ? Je t’offre ce livre en espérant qu’il t’aidera à trouver ta voix.

- Merci beaucoup, je réponds émue.

Davis revient avec Emeline dans les bras puis la dépose sur le tapis moelleux.

- Elle n’arrive pas à se rendormir et préfère jouer, dit-il avant de boire son thé.

Nous passons le reste de l’après midi à jouer avec la petite. Quand je vois le rayon de soleil qui règne dans cette maison, j’ai moi aussi envie de me lancer dans une relation seine et heureuse.

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