Chapitre 42 - Tourmente

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Timothy

J’ai passé tout le week-end à faire les cent pas dans mon appartement. Le dernier message que je lui ai envoyé remonte à vendredi. Même si ça me rend malade, nous devons être discrets.

Je ne suis pas très inquiet pour moi. Ma famille est riche et influente, ce qui n’est pas le cas d’Elizabeth. Elle a beaucoup plus à perdre que moi dans cette histoire. C’est pourquoi je vais tout faire pour la protéger face au doyen.

J’essaie de ne plus penser à elle et de trouver différentes issues possibles. Toutefois, je respire le parfum de ses vêtements lorsque j’ouvre ma penderie. Il reste quelques-unes de ses affaires et j’espère ne pas avoir à les enlever.

J’aime Elizabeth plus que n’importe quelle autre femme avant elle. J’en veux énormément à Nancy pour ce qu’elle a fait. J’aimerais récupérer mon argent en échange mais c’est impossible maintenant. Pourquoi n’a-t-elle pas fait comme Natasha ? C’est-à-dire prendre l’argent et disparaitre de la circulation.

Je suis également énervé contre moi. Je n’ai pas su protéger celle que j’aime de mon passé et de mes erreurs avec Nancy.

J’ouvre une bouteille de vin rouge datant de 2008 pour m’aider à réfléchir à différentes hypothèses. Bordel ! Si seulement je savais ce que Nancy a pu bien raconter au doyen, je pourrais préparer mon speech à l’avance.

Je repose rageusement mon verre à pied vide sur la table basse du salon. Je n’ai pas l’habitude de boire une bouteille en aussi peu de temps. De plus, quelques gouttes sont tombées sur mon pull en cachemire.

Je le retire vigoureusement puis je le jette dans la panière à linge de ma salle de bain. Ensuite, j’ouvre mon armoire et je suis accueilli par une odeur fleurie. Je prends un polo propre puis je referme brusquement la porte coulissante dans un claquement sec.

Au même moment, mon téléphone sonne et je me dirige rageusement vers lui. Je ne suis pas vraiment d’humeur à parler à mon père. Ce dernier n’est pas très content qu’une partie de mon argent soit partie dans les poches de deux garces profiteuses.

Heureusement, ce n’est pas lui mais Georges Higles mon ancien mentor.

- Je ne te cache pas que je ne suis pas de très bonne humeur, je grommelle en décrochant.

- Dans une semaine les vacances de Noël seront au rendez-vous alors je ne vois pas ce qui pourrais te mettre de mauvaise humeur, répond le retraité.

- Ecoute Georges, le doyen m’a convoqué dans son bureau demain matin avec mon étudiante Elizabeth, j’explique.

Higles comprend immédiatement ce qui se passe et semble ennuyé.

- Je n’approuve pas ce type relation Timy, dit-il prudemment. Mais c’est ton choix et je le respecte. Il me semble que vous n’avez pas lésiné sur la discrétion pourtant.

- Nancy Rathbone s’est pointée chez moi alors que j’étais avec Elizabeth. Ses doutes se sont confirmés et elle n’a pas hésité à en parler au doyen.

- Cette femme n’est pas une bonne personne, approuve Georges. Maintenant, tu vas devoir affronter les conséquences de tes actes. Je suis ennuyé par rapport à Elizabeth. C’est une jeune femme avec un avenir prometteur et je ne souhaite pas que cette histoire lui porte préjudice pour son avenir.

Je m’assois nerveusement sur le canapé pour ne pas continuer à faire les cent pas dans le salon.

- Moi non plus Georges, je soupire agacé. Je vais tout faire pour la protéger.

- Le mieux est que tu mettes fin à votre relation.

- Jamais ! je m’exclame du tac au tac.

- Ne sois pas égoïste Timothy. Tu n’apporteras rien de bon à cette jeune femme. Si tu restes avec elle, votre relation sera toujours un obstacle. Les gens te connaissent et feront rapidement le rapprochement.

- Alors ça ne sert à rien de se cacher puisque nous sommes découverts par le doyen.

- Fais attention à toi Timy, me prévient le retraité.

- Au fait, tu m’appelles pour quoi ? Avant que je te parle de mes soucis avec le doyen, je demande avec acidité.

- Je suis de passage à Cambridge ce soir pour assister à une réunion. Je me demandais si tu voulais bien qu’on se retrouve quelque part avant qu’il ne soit trop tard ?

- J’ai d’autres chat à fouetter, je réplique. Je n’ai pas le temps de discuter physique et astronomie avec toi.

- Je suis sûr que tu es en train de ronchonner dans ton coin depuis le début du week-end, devine Georges.

Le professeur Higles me connait comme si j’étais son fils et ça m’exaspère. Je déteste être transparent pour les gens.

- Je dois me reposer pour être prêt à affronter le doyen demain, je grommelle.

- Ne t’énerve pas sinon tu risques d’aggraver la situation, me conseille mon interlocuteur. Je te le dis car je sens que le doyen va dire des choses qui ne va pas te plaire du tout.

- Sans blague ? j’ironise de plus en plus agacé.

- Bien, je vais te laisser te calmer. Je te souhaite bon courage pour demain, dit-il avant de raccrocher.

Même si je ne suis pas très cordial avec lui, Georges n’est pas quelqu’un qui se vexe facilement. Il me connait et ne prends pas à cœur ce que je dis.

Je n’ai pas encore diné alors j’ouvre le frigo pour manger quelque chose. Quand Elizabeth n’est pas là, c’est le fiasco total dans la cuisine. Il ne reste que du beurre, du fromage râpé et des yaourts.

Je referme violemment le frigo de plus en plus énervé. Georges a raison, il faut que je me calme. Mais cette situation ne fait rien pour me rendre la tâche facile.

Je vais sortir manger quelque chose pour me dégourdir les jambes et sortir de ce maudit appartement qui me rappelle sans cesse Elizabeth.

J’enfile une écharpe, des gants et un manteau chaud puis je sors dans l’immeuble. Je traverse quelques rues à la lumière des lampadaires pour déboucher sur un petit restaurant coincé entre deux habitations. Je l’ai déjà vu plusieurs fois mais je n’y suis jamais allé.

Je m’approche doucement de la baie vitrée. L’ambiance à l’air chaleureuse et les clients semblent être des gens du quartier. Il s’agit d’un restaurant qui proposent des spécialités latino-américaines.

Cela me semble correct alors je décide d’entrer. Une serveuse d’origine latine vient à ma rencontre pour m’installe à une table. Son jolie sourire me donne confiance et je commence à me détendre.

Installé à une table non loin d’un couple heureux, je me sens nostalgique. J’aimerais vraiment qu’Elizabeth soit avec moi.

Je commande du chili con carne avec une tortilla accompagnée d’encornet mariné à la sauce tomate. Ce restaurant est vraiment accueillant et je regrette de ne pas y être allé plus tôt. Les petits établissements proposent finalement des choses plus authentiques à déguster.

A la fin de mon repas, je me sens mieux. Je me rends compte que je n’ai mangé que des mauvaises choses venant de mon placard depuis vendredi. Je me grignoterais plus de vieilles boites de conserve qui trainent là depuis plusieurs mois voire plusieurs années.

Une fois rentré chez moi, je me pose sur le canapé pour regarder des émissions sur mon écran plat. Tout me semble débile alors je finis par arrêter de zapper. J’éteints la télévision puis je pars me coucher.

Je me retourne plusieurs fois dans les draps. A chaque fois, j’espère sentir le corps chaud d’Elizabeth mais je ne sens que la fraicheur de son oreiller. Je me rends compte à quel point elle me manque. Elle est entrée dans ma vie par hasard et maintenant je ne veux plus qu’elle en sorte.

Je me jure en mon fort intérieur que je ferais tout pour la protéger. C’est la seule chose que je puisse faire pour elle et peut-être la dernière.

Je n’ai pas envie de me séparer d’elle comme me l’a conseillé Georges. Mais peut-être que malgré moi, je n’ai pas d’autre choix. Même si cela doit me fendre le cœur, je ferais ce qu’il y a de mieux pour elle.

Je regarde une dernière fois mon portable posé sur la table de chevet. Je clique sur le prénom de celle que j’aime. Nos derniers messages s’affichent et j’hésite quelques secondes à lui envoyer un SMS. Peut-être le dernier.

Je me ravise au dernier moment. Je ne veux pas lui donner de faux espoir si tout cela doit mal tourner. Je me force même à effacer la conversation et changer le nom du contact. Si jamais la police doit être mêler à ça, je ne veux pas qu’ils trouvent de preuve. Alors demain je vais emballer les affaires d’Elizabeth dans un carton pour le lui donner.

Bordel de merde, je ne veux pas la perdre.

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