Elizabeth

Je me réveille doucement dans les draps duveteux et soyeux du lit. La lumière filtre à travers les épais rideaux et je me retourne pour contempler le visage encore endormi de l’homme que j’aime.

Soudain, je fais un bond dans le lit puis j’attrape un peignoir. Je dois préparer mes bagages puis aller à la gare. Il n’y pas beaucoup de train dans la journée pour rejoindre la ville la plus proche de la maison de mes parents.

Il est onze heures passé et je commence à rassembler quelques affaires. Mais ça ne sert à rien. La plupart de mes vêtements sont dans mon studio sans parler de mon sac de cours. Je n’ai pas laissé de valise ici pour prendre le peu de choses que j’ai laissé.

Je m’assoie sur le lit en réfléchissant à la situation. Je ne pense pas être à l’heure pour le train qui doit me prendre à treize heures quatre.

- Qu’est ce qui se passe ? demande la voix encore endormie de Timy.

- J’ai un train à prendre dans moins de deux heures et je n’ai pas encore fait ma valise, je réplique en soupirant.

Ne pas préparer ma valise à l’avance ne me ressemble pas. Je suis toujours bien organisée, sauf quand quelque chose détourne mon attention.

- Inutile de te presser, grogne-t-il en se tournant dans le lit. Annule ton billet, je vais t’amener chez tes parents en voiture.

- Si tu tiens à les rencontrer, il n’y a pas de problèmes puisque je leur ai parlé de notre relation, je lui avoue. Mais tu ne passes pas les fêtes avec ta famille ?

Timy se retourne en me souriant. Il semble heureux que le secret soit enfin révélé. Cela me facilitera grandement la vie.

- Mes relations avec mon père ne sont pas au beau fixe, je ne le vois presque pas, explique-t-il.

- Quoi ? Mais c’est triste, je m’exclame choquée.

- Je n’ai pas reçu d’invitation mais je suppose que si je me pointe chez mon père, il ne va pas me mettre à la porte, plaisante-t-il. De toute façon, je serais content de le passer avec ta famille si je ne suis pas de trop.

- Il n’y aura que moi et mes parents, je complète. Ma mère sera heureuse de faire ta connaissance… enfin, je l’espère.

Motivé par cette nouvelle, Timy trouve le courage de quitter le lit. Il va dans la salle de bain suivit par mes pas. Nous partageons la cabine de douche en jouant avec la mousse dégoulinant sur nos corps. Après une telle épreuve, cela nous fait du bien de nous amuser un peu.

Je prends mon petit déjeuner dans la cuisine vêtue d’un pantalon et d’un pull chaud. Timy est en train de préparer sa valise. Je suppose qu’il doit choisir soigneusement les vêtements qu’il va porter devant mes parents.

- Oublie la cravate et les mocassins le jour de Noël, je crie pour me faire entendre. Ne porte pas de costume sinon tu vas faire fuir mes parents.

- C’est noté, répond-t-il en se remettant à farfouiller dans son dressing.

Je suis sûre qu’il était en train de faire le contraire de ce que je lui ai dit. Pour une fois, c’est moi qui donne des conseils.

Une fois que nous sommes prêts, nous partons en direction de mon studio. Timy porte un jean avec d’élégantes sneakers en cuir caramel et un pull gris. Je ne suis pas habituée à le voir aussi décontracté mais ça me fait plaisir qu’il fasse des efforts.

J’ai prévenu ma mère que mon petit ami allait venir passer Noël avec nous. Elle n’est pas contente que je la prévienne au dernier moment. Je n’ai plus eu de nouvelle après son dernier message. Je suppose qu’elle est en train de tout préparer pour l’arrivée de Timy.

Nous en avons pour plusieurs heures de route alors dès que nous avons terminé notre détour au studio, nous quittons Cambridge. La Mercedes vole presque sur l’autoroute. Timy roule plus vite que la limitation mais il semble à l’aise et détendu. Je suis sûre qu’il a déjà piloté des voitures de courses quand il était plus jeune.

A la fin de l’après-midi, nous entrons dans le village le plus proche de chez moi. Timy semble amusé par le paysage qu’il n’a pas l’habitude de voir. Nous continuons sur les routes de campagnes cabossées puis nous passons devant plusieurs maisons. Enfin, nous arrivons devant une grande bâtisse en pierres située entre deux champs et un petit bois.

- Comme tu peux le voir, c’est vraiment la campagne, je lui montre avec amusement.

- C’est sympa comme coin avec les collines et les petits villages traditionnels, concède-t-il.

Le soleil commence déjà à décliner et les lumières sont allumées. Je commence à appréhender un peu cette rencontre. Timy porte les valises et je me force à avancer jusqu’à la porte d’entrée.

Ça fait longtemps que je n’ai pas vu ma mère. Elle porte toujours son tablier de cuisine qui met en valeur ses formes généreuses.

- Je suis contente de te revoir ma fille, s’exclame-t-elle en me serrant dans ses bras.

Elle se tourne ensuite vers Timy qu’elle regarde un instant avec surprise. Elle ne sait pas comment réagir alors elle lui serre la main.

- Enchanté de vous rencontrer madame Davinson, dit-il en souriant.

- Moi aussi, réplique ma mère plus détendue.

Elle nous invite à entrer et nous croisons mon père qui lit le journal près de la cheminée. Il se lève pour venir à notre rencontre. Il détaille Timy de la tête au pied puis nous invite à monter à l’étage.

- Voici ma chambre, je montre à mon petit ami.

Les murs sont tapissés de posters scientifiques et le lit simple comporte ma housse de couette galaxie. J’ai un peu honte de lui montrer cette pièce pas du tout féminine. A mon grand étonnement, Timy semble fier de ma collection de météorite.

- Votre chambre est par ici et la salle de bain est en face, nous interrompt mon père. Monsieur ?

- Appelez-moi Timothy, se rattrape l’intéressé.

Je suis un peu déçu de ne pas partager la même chambre que l’homme que j’aime. Je suis sûre que mes parents ont fait exprès de nous séparer. Cela dit, ce n’est pas pour ça que je ne vais pas faire des escapades en pleine nuit.

Timy dépose ma valise dans ma chambre et son gros sac en cuir dans la sienne. Mes parents l’ont installé dans la chambre d’amis. Heureusement qu’elle est confortable malgré son style vieillot.

Je suis quand même heureuse de retrouver ma chambre et l’odeur de jasmin qui flotte dans la maison. J’allume ma petite lampe système solaire qui tourne sur elle-même. Je me sens bien dans cette pièce rien qu’à moi.

Timy m’observe sur le pas de la porte alors que je suis en train de vérifier que tous les objets sont en place. Gênée de m’être fait prendre, je l’invite à descendre au salon.

- Je vais te faire visiter le terrain, je lui indique en mettant un vieux manteau accroché au mur et une paire de botte.

- C’est une bonne idée, intervient mon père. Prenez ce vieux blouson pour ne pas attraper froid et mettez mes bottes pour ne pas abimer vos chaussures.

Timy me suis dans le jardin en passant par la porte de la cuisine.

- Nous avons un grand garage pour stocker nos réserves et nos deux véhicules, je lui explique. A côté, nous avons un poulailler et les box pour nos deux vaches. Ensuite, nous avons le potager où on peut trouver tous les légumes dont nous avons besoin.

- Ce potager est énorme ! s’exclame Timy en me doublant pour aller voir les longues rangés qui s’alignent.

- Tous ce que mes parents ont dans le frigo vient de notre potager ou des exploitations proches, je rajoute.

Mon petit ami semble vraiment heureux d’être avec moi pour respirer l’air frais de la campagne. Cassidy aussi était toute excitée la première fois qu’elle est venu ici il y a deux étés. Je lui ai appris à monter à cheval et c’était plutôt drôle.

Nous passons plusieurs heures dans le jardin à ramasser quelques légumes et à s’occuper des animaux. Timy ne semble pas dépaysé et je suis vraiment soulagée. Quand on le voit en costume on se dit que cet homme n’a jamais mis les pieds dans la boue. Pourtant à le voir s’occuper des vaches, on voit que c’est quelqu’un qui aime voir différents paysages.

- A table ! crie ma mère par la porte de la cuisine.

Nous entrons nous réchauffer pour échapper au froid de l’extérieur. Le diner se passe plutôt bien et ma mère semble sous le charme de Timy. Elle a toujours apprécié les hommes polis, serviable et galants. Une chose enfin de régler : mon petit ami est apprécié par mes parents.