À tout jamais
À sept heures, c’est le dîner. Deux feuilles de laitue et trois rondelles de tomates, un peu de pain, c’est frugal mais frais, par cette chaleur.
De toute façon, je n’ai pas vraiment faim. J’ai passé la journée à essayer de faire mes valises, sans pouvoir les terminer. Se résoudre à partir, c’est dire adieu.
Et je ne veux pas dire adieu. Comment dire adieu à l’amour de sa vie ?
Pourtant, plus rien ne me retient ici. La maison est vendue. Presque tous les meubles sont partis. Il n’y a plus rien.
Plus rien sauf l’écho de nos rires, le fantôme de nos étreintes. Sa peau. Son odeur.
Les murs ont gardé la mémoire de nos ombres enlacées.
Je ne veux pas partir.
Je m’assois devant mon assiette, la tête vide et le cœur lourd.
Des papillons blancs volettent dans les derniers rayons du soleil. Le chat tigré des voisins vient me tenir compagnie. Il ronronne bruyamment et ça me fait du bien.
Je regarde l’anneau d’or à mon doigt. Je ne l’enlèverai pas. Le corps s’en va, l’amour reste.
À tout jamais.
Annotations
Versions