Chapitre 3 : La Chasse aux Fantômes

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La nuit avait étendu son manteau sombre sur la ville, et les rues, baignées par la lumière vacillante des lampadaires, prenaient des airs de labyrinthes. Mathis, la tête pleine de tourments, arpentait ces ruelles étroites, laissant son esprit vagabonder entre souvenirs et craintes. Il savait qu'il devait affronter son passé, mais chaque pas le faisait trébucher sur des morceaux de mémoire qu'il aurait préféré ignorer.

Il repensa à la note qu'il avait reçue, ces simples mots : « Tout n’est pas terminé. » Qui pouvait bien être derrière cela ? Le spectre de son passé le hantait, et il sentait que le moment était venu d'affronter ce qu'il avait fui.

En chemin, il se remémora des moments de son enfance. Ces souvenirs étaient teintés de joie, de rires et de promesses. Son frère, Samuel, jouait à ses côtés, tous deux riant aux éclats en courant sur le sable chaud de la plage. Mais même dans ces souvenirs dorés, une ombre persistait, une menace sourde qu'il n'avait jamais pu ignorer. C'était l'absence de leur père, un homme dont le départ avait laissé un vide immense. Mathis avait longtemps cru que ce vide était comblé par sa mère, mais au fil des ans, il avait compris qu'elle était elle-même rongée par une douleur qu'elle cachait derrière un sourire fatigué.

Il était perdu dans ses pensées lorsque la silhouette d’un homme apparut au coin de la rue. Mathis sentit son cœur s'accélérer. L'homme était là, à l'ombre du lampadaire, observant. Cette fois, il ne détournerait pas le regard. À mesure qu'il s'approchait, une tension palpable s'installait entre eux. Mathis, les muscles tendus, se força à garder son calme.

« Je sais qui tu es, Mathis, » lança l'homme d'une voix rauque, brisant le silence. C'était un ton sans équivoque, chargé d'un poids inquiétant.

Mathis se figea. « Que voulez-vous ? » Sa voix trahit une hésitation qu'il ne pouvait masquer.

« Je viens d'un temps que tu as essayé d'oublier. Un temps où tu croyais que tout était possible. Mais regarde où cela t'a mené. »

Les mots de l'homme résonnèrent dans sa tête comme un écho de vérité qu'il ne pouvait ignorer. Ce moment-là, Mathis avait peur, non seulement de ce qu'il avait fait, mais aussi de ce qu'il était devenu. Son passé, ce monstre à plusieurs têtes, menaçait de le dévorer vivant.

« Je ne suis pas ce que j'étais. J’essaie de changer, de me racheter, » murmura-t-il, cherchant une issue à ce face-à-face.

L'homme s'approcha un peu plus, sa silhouette se découpant dans la lumière. « Le changement est difficile, Mathis. Tu penses que fuir ce qui t’a blessé te protègera, mais ce n’est pas le cas. Tu sais au fond de toi que tu dois faire face à tes choix. »

Mathis se sentit acculé, comme si les murs se resserraient autour de lui. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi venir me déranger ? »

« Parce que la fin de ton histoire n'est pas écrite. Tu as encore des choix à faire, mais il te faut affronter les vérités que tu as cachées. » L'homme recula, laissant un vide immense derrière lui. « Je te retrouverai. »

Mathis, le cœur battant, regarda l'homme s'éloigner, s'enfonçant dans l'obscurité. Il comprit alors que sa vie, loin d'être simplement un combat interne, était maintenant un duel face à des forces extérieures qu'il ne pouvait ignorer. Chaque mot de cet inconnu le hantait, le poussant à réfléchir sur ses choix, sur ce qu'il voulait vraiment.

Le lendemain, Mathis se retrouva face à Camille dans un petit café qu'ils avaient fréquenté durant leurs premières escapades. Le café était chaleureux, rempli de rires et de discussions animées. Camille, le regard brillant d’une curiosité insatiable, lui demanda : « Tu sembles différent aujourd'hui. Qu'est-ce qui te tracasse ? »

Mathis hésita, se remémorant la confrontation de la nuit précédente. « J'ai... rencontré quelqu'un. Un homme du passé. Il m’a dit des choses qui me font douter. »

« Doute sur quoi ? » interrogea-t-elle, les sourcils froncés.

« Sur qui je suis. Sur les choix que j'ai faits. Je pensais pouvoir tout laisser derrière moi, mais ce n'est pas aussi simple. »

Camille s'approcha, posant sa main sur celle de Mathis. « Parler de cela t'aidera. Je suis là pour t'écouter, pour t'aider à trouver tes réponses. »

Et alors, dans ce café bondé, Mathis commença à raconter. Il parla de son enfance, de son père, de sa fuite loin des problèmes, des choix qui l'avaient conduit à cette chambre et à cette vie qu'il essayait de fuir. Les mots sortirent difficilement au début, mais au fur et à mesure qu’il parlait, il se sentait plus léger. Camille l’écoutait attentivement, ne l’interrompant que pour lui poser des questions, l’aidant à approfondir ses réflexions.

« Parfois, je me demande si je suis la cause de tout cela, » avoua-t-il, la voix teintée de regret. « J’aurais pu être meilleur. »

« Mathis, nous ne sommes pas responsables des choix des autres. Ce qui compte, c'est ce que tu choisis de faire maintenant. »

Sa voix était empreinte de douceur, et cela réchauffait le cœur de Mathis. Ils continuèrent à parler, discutant des rêves d’un avenir où Mathis ne serait pas défini par son passé, mais par sa capacité à se relever et à changer. Il lui parla de ses peurs, de ses espoirs, des possibilités d'une vie nouvelle.

Ce jour-là, Mathis sortit du café avec un nouveau sens de la direction. Il avait encore des démons à affronter, mais il n'était plus seul.

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