Chapitre 5 : L'Écho du Silence

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Mathis se redressa, le souffle court, la colère et la honte tourbillonnant en lui comme une tempête. Il se força à respirer profondément, mais chaque inspiration semblait plus lourde que la précédente. « Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Je ne suis pas responsable de leurs choix ! » s’exclama-t-il, la voix teintée de défi.

L'homme le fixa, impassible. « Vraiment ? Tu crois que ta propre évasion, ta fuite, n'ont pas d'impact sur ceux qui t'entourent ? Tu as laissé des personnes derrière toi, Mathis. Des amis, des proches. Ils souffrent encore à cause de toi. »

Leurs yeux se croisèrent, et Mathis eut l'impression de plonger dans un abîme sans fond. Les souvenirs des gens qu'il avait perdus revinrent en flots, se mêlant à ses regrets. Il se souvint de Marc, son meilleur ami, celui qui avait essayé de le rattraper après sa chute. Mais Mathis avait choisi de fuir, de se cacher dans l'obscurité plutôt que de faire face à ses démons.

« Je ne voulais blesser personne ! » s’écria-t-il, sa voix se brisant sous le poids de l’émotion.

« Mais tu l’as fait, » répondit l’homme, le ton ferme mais sans méchanceté. « Et tant que tu ne feras pas face à cela, tu ne pourras jamais te libérer de ton passé. Tu es comme un oiseau en cage, battant des ailes sans jamais pouvoir s’échapper. »

Mathis ferma les yeux un instant, cherchant à se ressaisir. « Alors, que dois-je faire ? Que voulez-vous de moi ? » demanda-t-il finalement, une note de vulnérabilité dans la voix.

L’homme se pencha en avant, ses yeux brûlant d'intensité. « Je veux que tu confrontes ceux que tu as laissés derrière. Que tu leur dises la vérité. Que tu leur demandes pardon. Tu ne peux pas avancer tant que ces fantômes continuent de te hanter. »

L'idée de retourner sur ses pas, de faire face à des visages familiers chargés de déception, l'effraya. Et pourtant, il savait que fuir n'était pas une option. Les mots de cet homme résonnaient en lui comme une cloche de vérité qu'il ne pouvait ignorer. « Je vais essayer, » murmura-t-il finalement.

L'homme hocha la tête, un léger sourire aux lèvres. « C'est un bon début. Mais n’oublie pas, Mathis, les vérités peuvent être difficiles à entendre. Pour toi comme pour les autres. »

Mathis se leva lentement, le cœur lourd. « Merci. Je pense. »

Alors qu'il se dirigeait vers la sortie, l'homme l'appela. « N'oublie pas, tu n'es pas seul. Fais confiance à ceux qui tiennent à toi. »

À l'extérieur du bar, la nuit était tombée, mais les lumières de la ville brillaient comme des étoiles artificielles. Mathis se mit en route, le chemin devant lui semblant à la fois intimidant et libérateur. Il savait qu'il devait faire face à ses peurs, mais la présence de Camille, son soutien indéfectible, lui donnait la force de continuer.

Le lendemain, Mathis décida de rendre visite à Marc. Cela faisait des années qu'ils ne s’étaient pas vus, et l'idée de confronter son ancien ami le rendait nerveux. Il prit un moment pour réfléchir, se remémorant leurs rires, les promesses faites et, surtout, la manière dont il avait laissé leur amitié se briser.

En arrivant devant la porte de Marc, son cœur battait la chamade. Il hésita un instant, puis frappa. Le bruit résonna dans le silence de la maison. Après un moment, la porte s’ouvrit, révélant Marc, un peu plus vieux, mais avec cette même étincelle dans les yeux. Leur regard se croisa, et le temps sembla suspendu.

« Mathis ? » dit Marc, l’étonnement peignant son visage. « Ça fait longtemps. Qu’est-ce qui t’amène ? »

« Je… Je dois te parler, » commença Mathis, la voix tremblante. « Je suis désolé pour tout ce qui s’est passé. J’ai fui, et je n’ai jamais eu le courage de revenir. »

Marc plissa les yeux, comme s'il tentait de lire les pensées de Mathis. « C'est vrai. Tu es parti sans un mot. Ça a été difficile, tu sais ? »

« Je le sais, » avoua Mathis, la gorge nouée. « J’ai fait des erreurs. Je t’ai laissé tomber. »

Il se sentait vulnérable, mais quelque chose dans le regard de Marc commençait à changer. « Je comprends que tu étais perdu, Mathis. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi revenir après tout ce temps ? »

« J’ai compris que je ne pouvais pas continuer à fuir, que je devais faire face à mes choix. J’ai besoin de m’excuser, d’affronter mon passé, » répondit-il, les larmes aux yeux.

Marc soupira, son expression se radoucissant. « Je ne sais pas si un pardon est possible, mais je suis prêt à écouter. »

Ce simple échange fut un premier pas vers la réconciliation. Mathis se sentait encore lourd de secrets, mais il savait que chaque mot qu’il prononçait l’éloignait un peu plus de son passé. Il avait enfin décidé de commencer la chasse aux fantômes, et cette fois, il n'était pas seul.

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