Chapitre 7

9 minutes de lecture

Alev.

Aujourd’hui mon père rentre. Frank m’a dit qu’ils étaient censés prendre la route a sept heures ce matin, il devrait être là vers dix-sept heures.

Cette semaine je n’ai fait que m’occuper du café. La boutique marche bien et heureusement que les filles du club ont proposé de m’aider. J’aurai eu du mal à gérer le café et le côtés librairie en même temps en étant seul. Les gars du club sont souvent la, minimum deux ont la fois. Je suis ravi de les avoir, ils sont gentils avec moi.

Pete n’est pas revenu. Ni lui, ni les gars de son club. Je pensais le revoir mais finalement ce n’est pas plus mal, sa présence me met mal à l’aise et je ne sais pas expliquer pourquoi. J’ai envie de lui tordre le cou pour les menaces masquées qu’il fait à mon père et pourtant je voudrais passer du temps avec lui car son regard en dit long sur les démons qui le rongent.

Alors que je suis perdue dans mes pensées au milieu de ma réserve dans le magasin, la sonnette de la porte d’entrée résonne. J’entends des pas lourds se diriger dans ma direction, je reconnais le bruit des bottes de moto. Lorsque je me retourne pour rejoindre le comptoir du bar a café je vois une ombre au sol, en relevant la tête je me perds dans les yeux bleus de celui dont j’attendais le retour depuis des jours.

_ Salut Princesa. Je t’ai manqué ?

Mon cœur manque un battement, Neven est là, assis au comptoir du café devant moi. Je le regarde et sourit à son insolence.

_ Tu es si présomptueux, c’est plutôt ça qui m’a manqué.

Je contourne le bar et me poste à ses côtés, dans un geste plus naturel que je ne veux bien l’avouer, je le prend dans mes bras. Sa présence rassurante m’a manqué c’est vrai.

_ Si je pensais être accueilli comme ça j’aurai pris une douche au lieu de venir la directement. Rit-il contre mon épaule.

_ vous étiez censé arrivé ce soir, il est à peine quatorze heures. Je n’ai encore rien préparé, dis-je avec une urgence soudaine.

_ Eh, on s’en fou ! On est revenu plus tôt parce que Frank nous a dit que tu avais eu de la visite.

Neven s’est relevé pour me regarder de toute sa hauteur. Je me détache de lui et retourne de l’autre côtés du comptoir pour attraper le premier chiffon qui passe et occuper mes mains. Il pose ses grandes mains sur le dessus du bar et continue de me regarder comme un prédateur chassant sa proie.

_ qu’est-ce qu’il te voulait Alev ?

_ il voulait parler à mon père. Il avait un message à faire passer c’est tout.

_ C’est tout ? Répète-t-il un peu plus sèchement.

_ oui c’est tout. Il est venu une fois et n’est pas repassé depuis. Mais il a été gentil Neven. Dis-je pour ma défense. Il n’a pas causé de problème et il ne m’a rien fait à moi, je ne vais pas lui interdire de revenir si cela lui fait plaisir.

_ Pardon ? Tu compte le revoir en plus ? Il sert et dessert les poings.

_ Neven ça suffit. J’étais contente de te voir mais si c’est pour avoir une énième leçon de moral tu peux t’en aller.

Je le regarde sévèrement et il finit par me tourner le dos et partir sans un mot. Je suis déçu. Il aura pu avoir la délicatesse de ne pas me prendre pour une enfant de cinq ans. Je vais commencer à mettre en place les tables pour la soirée du club, penser à autre chose me fera le plus grand bien.

Il est vingt heures, je suis toujours chez moi. J’ai laissé Lenon gérer l’arrivé des biker dans le magasin, il n’avait clairement pas besoin de moi. Je suis habillé, coiffée et maquillée. J’ai fait simple, c’est une soirée de biker alors pas de robe, un croc top en dentelle noir sous une veste de costume blanche, un pantalon de cuir marron et mes escarpins vernis noir. Il faudrait que je commence à aller jusqu’à la boutique avant que mon père me cherche, mais je n’ai pas vraiment envie de faire la fête.

Je descends tout de même quelques minutes plus tard, dans l’escalier j’entends une moto en bas, ce n’est pas Neven, je l’ai entendue partir il y a plus d’une heure. Je retourne dans mon appartement et met mon arme à ma ceinture. Lorsque je descends finalement, j’ouvre la porte, sur mes garde et remarque qu’il s’agit de Pete.

Il descend de sa moto et vient à ma rencontre pendant que je ferme la porte à clef. Il enlève son casque et me sourit.

_ Bonsoir Alev, je ne t’ai pas fait peur j’espère.

_ Bonsoir Pete. Que me vaut l’honneur de ta visite ? Mon père est revenu, tu peux lui donner tes messages directement.

_ Je ne viens pas pour lui. C’est toi que je voulais voir. On peut marcher ensemble ?

_ J’allais jusqu’à mon magasin. Il y a une fête là-bas pour le retour des gars.

Il m’indique de passer devant et me suis sans un mot. Je n’ai pas l’impression qu’il soit perturbé par le fait que ma boutique allait être remplis des Slayers alors qu’il est seul. Nous marchons un instant sans bruit.

_ Tu es heureuse de ta vie ici Alev ? Me demande t’il de but en blanc après le silence.

_ Comment ça ?

_ Pourquoi avoir quitté New York ? La vie à Charleston n’est pas aussi « mouvementée »

_ J’aimais ma vie à New York, mais mon père me manquait.

_ Ton père… Je comprends. Tu pense qu’il sera en colère que je t’accompagne à ta soirée ?

_ Mon père je ne sais pas vraiment, mais Neven, lui c’est sur qu’il le sera.

Il rit aux éclats, ça m’a même surpris sur l’instant.

_ Neven ne fait jamais un mouvement sans que Folk approuve, alors si ton père ne dit rien il en sera de même pour lui.

Nous arrivons devant le magasin et Pete m’ouvre la porte, j’entre et avant que j’aie eu le temps de relevé le visage sur les personne présente je ressens la présence de Neven, je sens son parfum passer dans mes narines. Il m’attrape le bras et me ramène à lui.

_ Qu’est- ce que tu fou ici Pete ? Crache Neven au visage du Skull Bastard.

_ Content de te revoir Neven. Ça faisait longtemps non ?

_ Tu n’as rien à faire ici et tu le sais parfaitement, dis mon père qui sort derrière un groupe de gars du club.

_ J’ai croisé Alev devant chez elle, je voulais participer à la fête, je pensais qu’on pourrait passer un bon moment tous ensemble.

Je me défais des bras de Neven et me poste devant mon père, l’air farouche et franchement remontée. Je me rapproche de lui pour lui parler à voix basse.

_ Ici on est chez moi, c’est un lieu neutre. Tu vas vraiment faire une scène au milieu de mon magasin ?

_ Cariña c’est une mauvaise idée. S’il te plaît écoute moi.

_ Tu as quelque chose à me dire sur lui qui me ferai changer d’avis ? Lui dis je sincèrement.

Il ne répond rien, je me retourne donc et avec un sourire crispé j’offre à Pete d’aller prendre un verre. Neven le regarde passer devant lui a mes côtés, Alec me regarde avec une noirceur profonde. Je n’en tiens pas compte et m’avance jusqu’au bar. Lenon est étonné de me voir aux côtés de Pete. Nous discutons et rions ensemble, Pete me raconte des anecdotes assez drôles sur son club.

Au bout d’un moment, je ne sais pas si je me sens intimidé ou méfiante mais étrangement, la façon que Pete a de regarder mon père de loin m’inquiète. Il sourit. Mon père reste proche de moi, Alec et Neven a ses côtés. Je sens leur regard sur nous.

_ Bon, je ne vais pas rester, cette soirée me met mal à l’aise. Dis-je en me levant.

_ Alev tu t’en vas vraiment ?

Il me regarde un instant, puis tourne son regard vers mon père. Il le suit ensuite jusqu’à la porte, Neven est déjà debout, prêt à me suivre. Alec sur ses talons.

_ Attend Alev laisse moi t’ouvrir la porte. Me dis Pete en passant devant moi.

Lorsqu’il retourne les yeux vers moi, je vois un éclat que je n’avais encore jamais vu. Il saisit quelque chose sous sa veste, attrape mon poignet et dans un mouvement fluide me colle à lui, l’arme appuyé contre mon ventre entre nous.

_ Tu va me suivre. Sans discuter. Me dit il doucement.

_ C’est quoi ce bordel ?!

_ Je ne suis jamais venu ici juste par plaisir. J’ai une mission. Tu dois venir avec moi.

Ses mots sonnent comme un électrochoc, personne ne bouge, Folk est rouge de colère, les armes braquées sur nous et le silence qui pèsent dans la pièce ne présage rien de bon.

_ Tu ne sortiras pas d’ici vivant si tu me tire dessus. Dis-je dans un élan de courage.

_ Je ne suis pas venu seul. Pendant qu’on discutait mes hommes m’ont rejoint. Ils sont dehors et nous attendent.

Je passe mon autre bras dans mon dos, d’un geste vif et maîtrisé je sors l’arme caché a ma ceinture et la pointe sur son torse.

_ Je n’irai nulle part menacé par une arme. Va-t’en où je n’hésiterais pas a tiré. Sois-tu pars maintenant en vie soit ça se finira autrement.

Il me regarde une pointe d’étonnement dans ses yeux vert. Je maintiens mes yeux dans les siens. Je sais d’avance comment tout cela finira s’il presse la détente. Il est déterminé, mais je le suis aussi.

Il relâche sa prise sur mon poignet, s’écarte de moi et tout en reculant jusqu’à la porte me sourit.

_ je reviendrai. Et cette fois tu n’aura plus le choix.

Lorsque la porte de referme, j’ai le souffle court. Mon bras toujours tendu avec l’arme au bout. Je sens le bras de Neven passer autour de moi, son souffle dans mon cou me fait revenir à la réalité. Il pose sa main délicatement sur mon arme.

_ Princesa, c’est fini. Il est parti.

_ je… je suis désolé, sanglotais-je

Il me prend mon arme et me ramène contre lui. Son étreinte est un bonheur. Je ne me suis jamais senti aussi vulnérable et protéger. La voix de mon père nous ramène à l’instant présent.

_ Alev, qu’est ce qu’il voulait ? Pourquoi est-il venu avec toi ? Cet homme est dangereux !

_ Elle ne savait pas Folk, dis Frank derrière moi.

_ Peu importe !! Il aurait pu la tuer ! C’est fini ces conneries, tu ne sors plus seul. A aucun moment je ne lui donnerai à nouveau la chance de t’approcher.

_ Mais c’est quoi votre putain de problème ! Dis-je hors de moi. Tes problèmes de gang retombent sur moi, encore une fois !

Il ne répond rien et fini par sortir du magasin. Le sentiment qu’il m’inspire à l’instant est à la limite de la haine. Il veut me protéger mais je suis en danger par sa faute. Neven reste à mes côtés, sans voix. Il ne dit rien. Même son regard me fuis. Je ne supporterai pas cette ambiance plus longtemps. Je prends une bière des mains d’un des bikers et vais m’asseoir à une table avec Lenon. Neven rejoins mon père avec Frank, me laissant plus seule que jamais alors que nous sommes cinquante dans cette pièce.

Je passe un long moment à boire, Neven est revenu, il est assis à mes côtés. Son regard est indéchiffrable. Je voudrais savoir à quoi il pense. Mais si j’ouvre la bouche, je ne pourrais pas m’empêcher de déverser toute la haine que je ressens pour mon père sur le premier venu.

A partir de maintenant, ma confiance ne sera pas dû. Je vais me battre pour moi-même, plus personne ne pourra me faire sentir aussi bête que ne me suis sentis quand Pete s’est retourné contre moi.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Evans Harris ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0