SAISON 3 - Chapitre 25 : Le voleur de poules
Alors qu’approchait l’hiver, l’activité avait redoublé dans la vallée de l’Olsir. Mais ce n’était certes pas en raison de la crainte des premiers froids. En effet, contrairement à ce que décrivaient les écrits pré-Châtiment, le climat ne suivait plus un cycle de saisons clairement découpées. Le Châtiment avait provoqué des altérations majeures au niveau du climat de Barsaive qui avaient largement participé à la quasi-disparition de la vie à la surface.
Depuis le reflux magique et la réouverture des kaers, la flore et la faune s’étaient régénérés à un rythme stupéfiant – même si des contrées entières restaient très inhospitalières – et le climat s’était stabilisé à un état tempéré. Il y avait bien quelques pointes de chaleur à la saison « chaude » et quelques rares frimas lors de la saison « froide », mais rien de comparable à ce qui existait auparavant. Si les érudits s’inquiétaient de cette absence de réelles saisons, tous ceux qui vivaient de la terre s’en accommodaient fort bien puisqu’il était désormais possible de cultiver tout au long de l’année. Le spectre des famines hivernales ne risquait pas de s’ajouter à tous les autres soucis qui menaçaient les communautés des donneurs-de-noms.
Dans la vallée, il y avait tout à faire : ensevelir et faire ses adieux aux défunts, reconstruire les maisons et les infrastructures dévastées par le passage de la horde d’orks, récolter et stocker ce qui pouvait encore l’être dans une région déjà pillée, et bien d’autres choses encore.
Les membres de notre groupe participèrent quelques jours à cet effort collectif puis reprirent leurs occupations favorites, à mesure que les choses s’arrangeaient et que le quotidien reprenait une apparence proche de la normale.
So’tek passait ses journées à compulser ses précieux grimoires et à prendre des notes à partir de tout ouvrage sur lequel il pouvait mettre la main. Gothzul chevauchait et s’entraînait avec les Chargeurs de Térath en faisant montre de l’enthousiasme qui le caractérisait. De son côté, Thregaz était reparti chez les Cornes Tordues pour tenir sa promesse de former des écumeurs du ciel, accompagné d’un Jeb curieux de voir leur navire volant. Le clan troll avait payé un lourd tribut à la guerre et Brindol leur devait une fière chandelle. Tout comme au clan nain des Fer-Marteaux et aux sylphelins du Noir Marais.
Quant à moi, je travaillais avec Jorr pour ramener les animaux égarés, chassais pour nourrir la population et aidais à déterminer les mouvements des groupes de fuyards orks qui s’étaient divisés en clans et bandes, une fois neutralisés les chefs qui les fédéraient.
Je fis aussi de mon mieux pour soutenir le moral des habitants et je passai de nombreuses soirées à faire de l’animation dans les auberges de la ville où les habitants venaient oublier pour un temps les horreurs d’hier et les incertitudes du lendemain. Je dus également raconter plus d’une fois les aventures qui nous avaient permis de mettre fin à la guerre. Il s’agissait toujours d’une version édulcorée, sur le fonds car je n’hésitai pas à en rajouter sur la forme. Certaines informations ne pouvaient pas être racontées sous peine de miner le moral des auditeurs, ce qui n’était certainement pas le but.
Chacun d’entre nous passa ensuite quelques mois à travailler ses talents et compétences, en acquérir de nouveaux et passer un cercle dans sa discipline.
Bien sûr, je passais aussi du temps avec Carelia. Je n’avais pas voulu que cette relation devienne trop sérieuse car j’estimais trop la jeune femme pour lui laisser croire que je serai toujours à ses côtés. Elle méritait un vrai mari aimant et présent, qui pourrait lui assurer protection et lui donner des enfants. Un type avec une vie normale, tout simplement.
Mais c’était ma vision des choses et elle avait la sienne.
Plus d’une fois, je voulus mettre fin à notre relation de la manière la plus apaisée et respectueuse possible. Et chaque fois, elle me faisait le coup de l’œil larmoyant et de la moue suppliante. Et chaque fois, je craquais et la reprenais dans mes bras en lui disant que c’était juste pour quelques jours. Que voulez-vous, quand on dispose du pouvoir de transformer des larmes de tristesse en larmes de joie, il est difficile d’y résister.
Tout ceci ne m’empêchait pas de continuer à lorgner du côté de Luriel et j’assistais parfois aux entraînements de la maîtresse d’armes elfe. Autant pour apprendre de ses techniques martiales que pour le plaisir de la voir évoluer dans son armure ajustée et de laisser la bride à mon imagination. Enfin, presque autant…
Malgré le fait qu’elle me batte froid depuis mon retour, j’étais parvenu à avoir une discussion avec elle en me faufilant dans son bureau à un moment où il n’y avait aucun planton dans le couloir.
« Tires-toi, Valérian ! On n’a rien à se dire ! me lança-t-elle en accompagnant sa tirade d’un regard glacial.
- Je serai bref, mais je dois te rendre cela, répondis-je en posant un objet sur son bureau.
Elle ramassa le charme de sang avec hésitation.
- Je tiens à te remercier sincèrement car je pense qu’il m’a sauvé la vie.
- J’en suis ravie, répondit-elle sur un ton qui démentait ses propos.
- Luriel… je suis sérieux. Je sais que notre histoire ne tourne pas comme je l’aurais souhaité…
- … notre histoire n’existe pas ! Tu n’es qu’un menteur de plus !
- Mais il n’empêche que ton présent m’a sans doute permis de soutenir suffisamment mes compagnons pour que nous venions à bout de l’Horreur. Et si nous n’avions pas survécu à ce combat, il n’y aurait jamais eu celui contre Shaërul et la horde n’aurait pas pu être reprise en main par Karak Œil-de-Sang.
- Où veux-tu en venir ? Je n’ai pas de temps à perdre !
- Ce que je veux dire, c’est que ton cadeau a peut-être sauvé Brindol.
- Il faut toujours que tu exagères et que tu arranges les faits à ta manière, hein ?
- Mais c’est vrai !
- Admettons. Tu as autre chose à dire ?
- Heu… juste … que j’étais désolé.
- De quoi ? Tu as l’air parfaitement heureux avec ta blondinette et tu es un vrai héros désormais.
- Luriel…
- Dégages ! »
Il y a des moments où il n’y a pas grand à dire. Je quittai le bureau de la lieutenante Luriel Lame-Trèfle en sachant qu’elle n’était pas prête de me pardonner ce coup-là.
* *
Vint un jour où je pus terminer le récit de nos aventures passées. Le projet de retourner à Throal pouvait désormais prendre corps. En effet, il n’était pas possible de déposer un ouvrage n’importe quand à la Grande Bibliothèque et cela n’était permis, chaque année, que pendant les mois de Sollus et Riag. Et le mois de Sollus approchait à grands pas.
La plupart d’entre nous avaient une bonne raison d’aller à Throal. Jeb, revenu de chez les trolls, voulait revoir Charboyya pour discuter commerce. So’tek avait des recherches à faire à la Grande Bibliothèque au sujet de certains objets découverts lors de notre précédentes aventures, ainsi que Gothzul au sujet de son écu magique. Et, compte tenu de l’absence de notre ami troll, notre ork serait indispensable pour assurer la puissance de frappe du groupe.
Le pont au sud de Fort Vräss n’étant pas réparé, nous empruntâmes l’itinéraire du sud par Sombre-Gué. Le voyage dura plusieurs semaines et il ne se passa rien de notable. Le fait le plus marquant resta l’absence de Thregaz. Même s’il n’était pas le plus bavard du groupe, Monsieur avait une présence qui n’était jamais aussi marquante que lorsqu’il était absent. Pour moi, le troll était l’âme de notre groupe et ne plus le voir pendant plusieurs mois me chagrina plus que je ne voulais bien l’admettre.
Nous arrivâmes à Grand-foire aux premiers jours de Sollus. La ville n’avait pas changé, elle restait toujours aussi animée et cosmopolite. Elle suscitait de ma part toujours un mélange de curiosité et de méfiance. Dans un tel endroit, tout était possible et on pouvait tout acheter mais il était préférable de connaître parfaitement soit le marchand soit la marchandise.
Nous prîmes chacun une chambre à l’auberge de « Mon ami l’obsidien », chez Ulnish. Dès le lendemain, je me rendis à la Grande Bibliothèque de Throal pour y remettre mon grimoire. L’endroit était immense, impressionnant… et bigrement bien gardé. Des militaires vigilants patrouillaient ou montaient la garde aux endroits stratégiques, assurant aux lieux une tranquillité de bon aloi pour faire y tranquillement des recherches.
Je fus questionné sur mon manuscrit par un scribe nain courtois mais inquisiteur qui vérifiait au fur et à mesure en feuilletant. Visiblement satisfait, il me versa une somme rondelette. C’était plus que je ne l’avais espéré et cela me réconforta d’y avoir passé autant d’heures et me conforta dans l’idée de continuer à tenir ces chroniques.
Le jour suivant, So’tek, Gothzul et moi-même retournâmes à la Grande Bibliothèque pour y faire diverses recherches. Pour ma part, j’avais besoin d’en savoir plus sur le luth d’Astendar. Je découvris que le « K » elfique gravé à l’intérieur, comme une signature, faisait référence à un roi elfe d’avant le Châtiment, un certain Kervala. Il régnait dans la cité elfique d’Andelin, située dans les Monts du Tonnerre. Je quittai l’établissement avec un mélange de frustration et d’exaltation. J’avais progressé mais pour mieux me heurter à de nouvelles interrogations. J’allais avoir besoin d’un spécialiste de la civilisation elfique d’avant le Châtiment. Mais ces recherches passeraient après les plans prévus par notre compagnie.
Les autres avaient aussi glané quelques éléments dans leur quête personnelle mais chacun resta assez discret sur ses affaires, ne voulant en rien remettre en cause nos projets communs.
* *
Une fois nos recherches terminées, Jeb nous retrouva et nous informa que Charboyya avait une mission pour nous. Nous nous rendîmes à sa boutique afin de savoir de quoi il en retournait. Le négociant nain nous accueillit avec sa simplicité et sa cordialité coutumières.
« Merci d’avoir accepté mon invitation. J’ai une mission à vous confier… ou plutôt un service à vous demander car je crains de ne pouvoir vous rémunérer fortement pour ceci.
- Expliquez-nous d’abord de quoi il s’agit et nous verrons ensuite pour la paye, entama Gothzul d’un ton conciliant.
- Bien. La capitaine Nibluma est une amie. C’est une guerrière humaine, intègre et désintéressée qui travaille à la garde de Grand-foire. L’une de ses enquêtes piétine actuellement, une banale affaire de vol de poules et d’œufs. Le premier magistrat Clystone, un type corrompu, l’a dans le nez et veut l’écarter car elle l’a déjà démasqué plusieurs fois. Et Clystone commence à se servir de cette affaire pour lui nuire auprès de ses supérieurs. En gros, si l’affaire n’est pas rapidement résolue, elle pourrait bien mettre à mal la carrière de la capitaine.
- En gros, vous voulez que notre groupe retrouve un simple voleur de poules, m’étonnai-je.
- Hum…si Nibluma ne l’a pas encore découvert, c’est que ce n’est pas un simple voleur de poules, je pense. Cela vous pose un problème ?
- Ben, disons que comparé à ce que nous avons vécu ces derniers temps… commença Gothzul
- C’est parfait, on s’en occupe ! coupa Jeb avant que la conversation ne dérape.
- Merci, je savais que je pouvais compter sur vous, conclu le négociant nain avec un sourire reconnaissant.
- Hrumpf ! » lança l’ork dépité.
En redescendant, j’avisai Kelleshane, en pleine conversation avec un couple de clients. Je lui fis un signe de tête et un sourire. Elle répondit à tous les deux, discrètement. Il faudrait que je passe la revoir une fois cette mission expédiée. Je rejoignis mes amis dans la rue, en pleine conversation. Gothzul semblait ne pas digérer cette « mission » et s’en prenait à Jeb, sous l’œil amusé d’un So’tek placide.
« … sauve une vallée entière d’une horde d’orks menée par des saletés de sorciers, de nécromanciens - désolé So’tek ! - et une Horreur. Et maintenant, on chasse un voleur de poules ! T’as pas l’impression qu’il y a une certaine différence ?
- Si. Et alors ? répondit l’élémentaliste, très calme.
- Et alors ?! Et alors, on va se faire chier ! C’est pas avec une enquête à la con que je vais tester mes nouvelles aptitudes de combat. C’est une mission pourrie et mal payée !
- Allons Gothzul, un peu de calme, ce n’est pas si grave, intervins-je. Je suis d’accord avec toi, ce n’est pas la grande aventure, mais ça ne devrait pas nous prendre bien longtemps et nous faisons ça avant tout pour rendre service à Charboyya. C’est important d’entretenir de bonnes relations avec un commerçant influent et réglo. Surtout réglo, c’est plus rare.
- Mouais, il est sympa, y’a rien à dire là-dessus. Mais bon, un voleur de poules quoi, merde !
- D’accord, nous avons bien compris. Je propose que l’on s’y mette tout de suite, comme ça on liquide le truc vite fait. »
Les t’skrangs opinèrent mais nous dûmes supporter les commentaires de notre guerrier vexé jusqu’à la caserne de la garde où officiait Nibluma.
La rencontre avec l’officier humaine fut assez rapide. La quarantaine, mince, visiblement toute entière dévouée à son métier, elle avait beaucoup à faire et peu de temps à nous consacrer. Nous venions certes l’aider, mais elle ne nous connaissait pas et notre simple présence était pour elle un constat d’échec. Elle nous informa que les vols duraient depuis environ deux mois, toujours dans son secteur pour ce qu’elle en savait. Aucun témoin, aucune trace. Elle nous orienta ensuite vers le sergent Marbeth, chargé de l’affaire. À sa manière de le présenter, elle ne semblait pas vraiment l’estimer.
Nous rencontrâmes ensuite le dénommé Marbeth. Au bout de quelques minutes, il fut évident que le nain était un tire-au-flanc de première et qu’il faisait le service minimum pour sauver les apparences. Étrange de la part du capitaine de confier une mission qui peut vous coûter votre carrière à un subalterne incompétent. Le nain, partagé entre la méfiance sur notre rôle exact et le soulagement d’avoir de l’aide sur cette affaire moisie, nous accompagna tout de même chez l’une des dernières victimes.
Sharok Glugark était un marchand nain assez prospère. Depuis plus d’un mois, il faisait l’objet de vols plus ou moins réguliers et cela l’excédait au plus haut point. Il espérait que notre aide permettrait enfin de faire avancer les choses. Nous nous rendîmes sur les lieux des vols, un grand poulailler avec plusieurs dizaines d’occupantes. Un bien beau terrain de jeu pour un voleur que je soupçonnais animal ou d’origine magique.
Grâce à mon talent de pistage, je finis par découvrir des traces du voleur. La difficulté principale venait du fait qu’il passait par les toits et ne laissait que peu d’indices au niveau du sol. La taille des traces confirmait également qu’il s’agissait d’un animal de la taille d’un gros chat. Pour suivre la piste, il me fallut aussi déployer tout mon talent d’escalade, au grand dam du sergent qui passa beaucoup de temps à calmer les habitants qui n’appréciaient pas forcément mes passages sur le toit de leurs maisons. Je parvins, néanmoins, après plusieurs heures d’effort à remonter la piste jusqu’à un pâté de maisons. L’examen méthodique de chaque bâtiment permit de restreindre les soupçons à un bâtiment massif situé un peu en retrait : un orphelinat.
Je demandai à rencontrer la directrice afin d’obtenir son accord pour fouiller les lieux mais je me heurtai à une naine teigneuse qui m’opposa une fin de non-recevoir assez cinglante. Ce fût Jeb qui débloqua la situation : sa bonne mémoire lui permit d’identifier la naine comme étant Laëdris Plomer, la sœur de Roderick. Tout fut plus facile à partir de là, même si elle avoua n’être au courant de rien. Avec son accord, nous surveillâmes l’orphelinat la nuit suivante et nous découvrîmes rapidement que la créature avait trouvé abri dans le grenier, avec la complicité de certains jeunes pensionnaires de l’orphelinat.
N’ayant pas pu identifier la bestiole, nous décidâmes de faire appel dès le lendemain à un maître des animaux. Nous recrutâmes ainsi temporairement Hersst le Velu et ce dernier identifia la créature comme étant un tonduy, un animal plutôt exotique dans cette contrée. Je flairais une embrouille ourdie par le premier magistrat Clystone mais n’ayant pas le début d’un commencement de preuve, je ne voyais pas l’intérêt d’aller chercher des noises à un type aussi puissant.
Après négociation, nous parvînmes à faire comprendre le danger pour l’orphelinat si le tonduy poursuivait ses rapines dans le coin. Le maître des animaux accepta de le racheter et nous achetâmes des animaux plus calmes pour les orphelins, en compensation.
Jeb passa quelques temps à discuter avec Laëdris. Il lui apprit le décès de son frère mais ne lui révéla pas son retour sous forme de cadavéreux. Pour apaiser son chagrin, il lui promit de lui rapporter le corps de Roderick dès que possible.
Le lendemain, nous retournâmes voir Charboyya pour lui apprendre la réussite de notre mission. Enchanté, ce dernier nous remis une somme de 200 PA. D’un commun accord, compte tenu de la facilité avec laquelle cette mission avait été menée, nous décidâmes que cette somme irait à l’orphelinat de la sœur de Roderick, en mémoire de notre infortuné compagnon.
* *
Nous prîmes ensuite quelques jours pour visiter un peu Throal et Grand-foire, tant les opportunités étaient nombreuses ici. Il aurait été dommage de repartir trop vite compte tenu du temps de trajet d’ici Brindol.
Je retournai voir Charboyya seul. Profitant de ma nouvelle aisance financière, je souhaitais enfin envoyer quelques nouvelles à ma famille, ainsi qu’un coffret contenant une somme d’or substantielle. Le marchand nain m’assura qu’il pouvait faire le nécessaire gratuitement car il envoyait fréquemment des caravanes dans les environs où résidait ma famille. À ma demande, il me promit aussi d’être discret sur cette affaire. Décidément, ce négociant honnête et serviable m’était de plus en plus sympathique.
En quittant son bureau, je redescendis dans la boutique et aperçu Kelleshane, toujours aussi belle et assurée. De bonne humeur, je me décidai à l’aborder.
« Bonjour chère commerçante !
- Bonjour à vous cher client, répliqua-t-elle sur le même ton avec son éblouissant sourire commercial. Que puis-je pour vous ?
- Je souhaiterais vous soumettre une invitation dans une certaine auberge de ma connaissance. Avec l’assurance de vous divertir de mes dernières aventures. Qu’en pensez-vous, chère négociante ? poursuivis-je avec la même emphase.
- Hélas, je me dois de décliner car mes soirées sont déjà réservées.
- Ah, que voilà une triste nouvelle pour moi !
Son regard se fit plus sérieux et son sourire commercial disparut.
- J’ai un petit ami en ce moment, Valérian. Mais n’hésites pas à passer me dire bonjour lors de ta prochaine visite. Qui sait, si ton offre tiens toujours, elle m’intéressera peut-être.
- Il en sera fait selon votre désir, belle dame ! »
Je m’éclipsais en conservant aussi bonne contenance que possible pour masquer ma déception.
Toutefois, je n’eus guère le temps de développer des idées noires car une surprise m’attendait à l’auberge. À peine entré, je remarquai un groupe d’explorateurs de Throal qui prenaient place à une large table, et parmi eux se trouvait Maloniel, la jolie petite voleuse qui avait partagé nos aventures pendant quelques semaines.
J’allai la voir et elle me fit bon accueil. Elle était très contente de son boulot pour Throal, elle semblait enfin avoir trouvé la place qu'elle cherchait dans sa vie : celle d'une aventurière qui œuvre pour le bien de Barsaive, pour effacer les traces du Châtiment. Ses talents étaient également très appréciés, mais elle pouvait les mettre au service d’une cause.
Elle avait eu des nouvelles de nous par ses contacts dans les Forces d'exploration, et elle était très contente que nous suivions également un chemin honorable. Elle me confia espérer avoir l'occasion un jour de retravailler avec nous, si l’occasion se présentait.
La soirée fût fort agréable et je me montrai un convive aussi amical et prévenant que possible. J’eus même un certain succès avec mes talents musicaux et mes modestes compétences en comédie.
Le lendemain, je fis un tour sur les différents marchés pour y chercher des objets magiques capables de m’apporter un certain soutien dans nos futures aventures. Je fis ainsi l’acquisition d’un anneau de protection et d’un anneau de précision. Tous deux restaient des objets assez mineurs mais accessibles, tant financièrement qu’en investissement de temps pour lier leurs filaments magiques à ma trame personnelle afin de bénéficier de leurs pouvoirs.
Deux jours plus tard, nous reprîmes le chemin de la vallée de l’Olsir par une belle journée ensoleillée et riche en promesse d’aventures futures.
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