Passager des ténèbres

de Image de profil de VyschtVyscht

Image de couverture de Passager des ténèbres

Quand il reprit connaissance, il n'arriva pas tout de suite à ouvrir les yeux. C'était comme si ses paupières étaient en plomb. Le reste de son corps était tout aussi lourd. Impossible d'effectuer le moindre mouvement. Sa tête lui faisait mal et son esprit était noyé dans une brume intense, il n'arrivait pas à avoir la moindre pensée cohérente.
Incapable de sortir de cet état catatonique dans l'immédiat, il se contenta d'écouter, ses oreilles semblant être la seule partie de son corps fonctionnelle.
Une mélodie?
Quelqu'un fredonnait une mélodie. Non, plus exactement,quelqu'un siffloter. Il n'était donc pas seul. Une autre évidence se frayait dans son esprit brumeux; il était assis. Et ce petit bruit de fond... Il mit un temps avant de reconnaitre le ronronnement d'une voiture roulant sur une route non goudronnée.
Au prix d'un effort démentiel, il parvint à ouvrir les yeux.
Il était assis à l'arrière d'une grande voiture qu'il ne connaissait pas. Dehors, le noir complet, les ténèbres absolue. Absolument aucune idée de où il était. Il tourna les yeux vers le conducteur. Non... Une conductrice en l'occurence.
Elle avait les cheveux blancs, un peu comme les Targaryens dans cette série là... Mince le nom lui échappé. Il tenta de prononcer une phrase mais il n'arriva pas à sortir autre chose qu'un grommellement gras de sa bouche. Enfin, celà eu quand même l'effet escompté car la femme au volant se retourna. Elle semblait jeune, bien qu'il ne pouvait dire avec certitude dans quelle tranche d'âge elle se trouvait. Mais ce qui le frappa le plus, c'était la couleur de ses yeux. Ils étaient rouge écarlate. Elle lui sourit et dit:

- Alors? On émerge?

Il tenta à nouveau d'articuler une phrase, encore une fois sans succés. La conductrice regardait de nouveau la route en sifflotant. Une évidence s'imposa alors dans son esprit brumeux; il avait déjà vu cette femme. Au prix d'un gros effort, il se redressa sur la banquette et fouilla dans les méandre de ses souvenirs. Il l'avait vu... Quand? Et où? Il se sentit alors la force de parler et demanda:

- On s'est déjà rencontré...

Un flash s'imposa alors dans sa tête. La fois ou il avait avaler plusieurs plaquettes de médicaments, elle était là. Dans un coin de la pièce, à l'observer en souriant. Elle se tourna de nouveau vers lui avec un air malicieux.

- Tu me remets?

Il déglutit.

- Vous êtes... La Mort?

Elle lacha deux secondes le volant pour applaudir brièvement puis reposa les mains sur le volant.

- Bonne réponse mon grand.

- Mais qu'est ce que... Enfin je veux dire pourquoi on...

Un nouveau flash. La baignoir. Le cutter. Le sang. L'eau qui devient rouge.

- Je me suis tranché les veines dans le bain...

- Oui. Tu es passé au niveau supérieur dans la violance. Pas beau à voir.

- Mais donc cette fois ça y est? Je suis décédé?

La mort fit une moue ennuyée.

- Pas tout à fait. Ton colocataire t'as retrouvé et a appelé le samu. Actuellement, ils font leur possible pour te faire revenir.

- Mais alors, pourquoi je suis avec la Mort dans une bagnole qui roule dans le noir complet?

Elle se retourna une nouvelle fois, toujours le sourire aux lèvres.

- Tu voulais flirter avec moi non? Donc je t'offre un petit road trip dans les ténèbres en attendant de savoir si on va plus loin ou si je vais devoir attendre une prochaine fois pour qu'on se revoit.

Il regarda par la fenêtre du véhicule. Toujours le noir absolue.

- On est où exactement?

- Disons... Dans l'entre deux. Ni dans le royaume des vivants, ni dans celui des morts.

- Donc il y'a un Paradis et un Enfer?

Elle mit un doigt devant sa bouche.

- Je ne peux rien te dire tant que tu n'es pas officiellement décédé. Secret pour l'instant.

Il se ré enfonça dans son siège. Il pouvait maintenant presque bouger normalement, ses membres, bien que toujours un peu lourds, répondaient à peu près quand il les commandait. Il fixa de nouveau la Mort. Celle ci dût sentir son regard car elle lui demanda:

- Un soucis?

- Bah... C'est juste que je n'imaginais pas la Mort aussi... Resplendissante.

Elle rit.

- Ah ça c'est parce que tu m'as toujours vu comme belle. Tous le monde ne me voit pas comme toi tu me vois.

- Ce n'est pas votre vrai forme alors?

- Disons que chacun se fait sa propre vision de la Mort. Comme beaucoup la craignent, en ont peur, j'apparais souvent comme une entité effrayante, chaotique, glauque. Mais toi, qui souffre au point de vouloir t'oter la vie, tu me vois comme libératrice, douce, mystérieuse. C'est pour celà que je t'apparais sous cette forme. Je suis TA vision de la faucheuse.

- Donc ils y'en a qui vous voient vraiment comme un squellette encapuchonné avec une faux?

Elle se retourna de nouveau vers lui, un petit sourire aux lèvres, avant de chuchoter d'une voix douce.

- J'ai autant de formes qu'il y'a d'humains sur la Terre.

Elle regarda de nouveau la route que seule elle semblait voir. Lui, se tut et contempla ses avant bras. Ils étaient intacts. Mais dans le monde des vivants, il les avait tranché du coude au poignet. Un spectacle assez gore... Il pensa à Karim, son colocataire, qui l'avait découvert dans la baignoir remplit d'eau écarlate. Il s'en voulu de lui avoir infligé ça. Mais il n'avait pas vraiment songé aux conséquences de son acte. Tous ce qu'il voulait, c'était que la douleur cesse.

Ils roulèrent un long moment dans les ténèbres, le silence seulement brisé par la Mort qui s'était remise à siffloter. Soudain, une petite lumière apparut à l'horizon. Il se pencha en avant pour mieux distinguer ce que celà pouvait être. Au bout d'un long moment, il vit que c'était un lampadaire. La Mort se gara à côté et déclara:

- C'est tout pour le moment. Tu descends là.

Il l'a regarda, hébété.

- Qu'est ce que ça veut dire?

- ça veut dire que tu n'iras pas plus loin cette fois ci. Descends.

- Je retourne dans le monde des vivants donc?

- Oui. Les médecins ont fait du bon boulot visiblement.

Il ouvrit la portière et sortit. Il se dirigea vers le lampadaire avant de se stopper et de regarder la conductrice de la voiture. Celle ci ouvrit la vitre du côté passager.

- Vas y. Touche le pour sortir des ténèbres. Bien sur, tu ne garderas pas de souvenirs de notre petite virée.

Il déglutit avant de poser la question qui lui brulait les lèvres.

- Quand mon heure sera vraiment venue... Vous aurez toujours cette apparence?

La mort joua de la main droite avec une de ses longues mèches de cheveux blancs avant de répondre.

- ça dépendra de comment tu vis, comment tu meurs, comment ta perception de moi évoluera. Peux être que tu vivras jusqu'a quatre vingt ans et que quand on se reverra, je serai une créature terrifiante. Mais dans tous les cas, on se reverra. Car la Mort est une chose que l'on ne peut éviter. Tous les humains finissent par mourir. Alors va maintenant.

Il toucha le lampadaire...

*

-... Monsieur Tecale? Monsieur Tecale vous m'entendez?

Il ouvrit les yeux. La lumière l'éblouit. La douleur le transperça.

- Qu'est ce ... Je...

- Vous êtes à l'hôpital Monsieur Tecale. Ne vous inquiétez pas, vous êtes hors de danger maintenant.

Il jeta un bref coup d'oeil à ses avant bras couverts de bandages. Ah la baignoire... Le sang...

- Je vais chercher le médecin, je reviens tout de suite. Bougez le moins possible.

L'infirmier sortit. Le suicidaire resta seul. Il avait les pensées brouillées. Il avait l'impression d'avoir fait un long voyage. Pourquoi cette sensation? Il ne le savait pas. Tous était flou...

Une image traversa son cerveau. Des cheveux blancs... Pourquoi cette image? Il ne le savait pas non plus.

- Bah ça doit être sans importances. Dit il à haute voix.






défi
Tous droits réservés
1 chapitre de 6 minutes
Commencer la lecture

Table des matières

En réponse au défi

Celle qui conduit

Lancé par Paul Delauney

  • Vous reprenez conscience dans une voiture qui roule de nuit sur une route sinueuse. Vous vous sentez lourd, fatigué, vous ne savez absolument pas comment vous êtes arrivé là. Vous ne reconnaissez ni les environs, plongés dans le noir, ni la voiture, froide et silencieuse. Seule certitude : celle qui conduit en sifflotant, c’est la mort.

Commentaires & Discussions

Passager des ténèbresChapitre1 message | 4 mois

Des milliers d'œuvres vous attendent.

Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0