11. Une rencontre particulière

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La nuit avait pris place dans le ciel, mais la vallée restait toujours scintillante grâce aux nombreux feux allumés et les banderoles enflammées. Les habitants et les voyageurs animaient cette nuit de fête, discutant ou chantants, partageant viandes et boissons, et rencontrait de nouvelles personnes.

Le jeune aventurier se trouvait en compagnie des deux jeunes femmes de la caravane, à l’écart du centre du caravansérail, partageant une assiette de mets. Ils étaient assis sur un muret en pierre sèche, regardant certaines femmes dansées autour du feu, et écoutant la musique qui s’accordait à leurs mouvements. C’est un petit groupe de voyageurs qui les suivaient en rythme accompagnant la danse d’instrument et de percussion typique de ce royaume.

Durant une bonne partie de la soirée, les yeux d’Onyx inspectaient chaque personne présente dans le caravansérail, ayant remarqué qu’un homme le regardait depuis son arrivée ici. Mais un autre détail, plus flagrant, attira son attention, et commençait à l’intriguer plus qu’autre chose.

— Dis-moi Tilidad, j’ai remarqué que certains d’entre vous avaient un tatouage en forme de soleil rouge sur la peau, qu’est-ce que c’est ?

Il ne supportait plus de ne pas connaître la signification de ce signe, sa curiosité prenait le dessus.

— C’est personnel. Je suis étonné que tu n’en connaisses pas sa signification. D’où viens-tu ?

— De Tenerice.

Son regard se posa sur le tatouage qui se trouvait sur l’épaule de Tilidad, celui dont il parlait.

— Tu as toujours vécu là-bas ?

La jeune femme posa ses mains derrière elle pour prendre appui, se détendant ainsi.

— Oui, d’aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours vécu dans cette cité.

Il baissa les yeux, essayant de se rappeler de son passé flou.

— Ce tatouage possède une longue histoire derrière lui, et seules quelques personnes peuvent encore le porter sur leurs peaux.

Tilidad scanna le caravansérail du regard avant de se désigner elle-même.

— Ici, trois personnes le portent. J’en fais partie et Badho aussi, mais il y a un inconnu présent ce soir qui le porte dans son dos que je ne connais pas.

Elle désigna l’homme en question, assis à son opposé. Il semblait jeune, assis en tailleur sur un muret, une jambe pendant dans le vide et l’autre pliée proche de lui. Il possédait des cheveux blonds et quelques mèches plus sombres, ses yeux étaient cependant très clairs. Sa peau était plus claire que les habitants du désert, sans doute un étranger d’un royaume voisin. Néanmoins son accoutrement laissa un doute à son identité et son origine. Il ne portait qu’un pantacourt sombre et une chemise en lin beige déchiré par endroit, à sa ceinture était accrochée une vieille dague gravée de symboles inconnus, et à l’un de ses poignets résidait un bracelet en or, simple, mais élégant.

— Tu ne le connais pas ?

— Non, je viens de te le dire. Rigola la plus grande en le suivant du regard. Je ne connais que les membres de la caravane et quelques voyageurs d’ici, rien de plus.

— Entendu, alors je vais aller lui parler.

Il partit vers l’inconnu sous les yeux attentifs de Tilidad, un petit sourire aux lèvres. Onyx marchait calmement, ne quittant pas le jeune homme des yeux. Il sentit la chaleur du feu au centre du caravansérail, caressant sa peau et le réchauffé face au froid du désert nocturne. L’homme ne semblait pas l’avoir remarqué, apportant un bol de terre cuite à ses lèvres, buvant quelque gorgée d’un breuvage rosé.

Une main attrapa son poignet alors qu’il passait à côté du grand cercle central entourant le feu, l’arrêtant dans sa marche. Son regard délaissa la silhouette du garçon pour se poser sur celle d’un homme qui faisait partie de la caravane.

— Tu ne devrais pas t’attirer d’ennui avant notre départ.

Il le dévisagea un instant, assimilant doucement le sens de ces mots. Sa tête se tourna une nouvelle fois vers le muret de pierre, mais le jeune homme n’était plus présent, disparu dans le tumulte du caravansérail. Il soupira et se résigna à s’installer aux côtés de l’homme qui l’avait arrêté.

Le centre du caravansérail était illuminé par un grand feu de joie, entouré en cercle par de nombreux coussins de sol, où s’asseyaient les membres des caravanes. Ainsi, ils profitaient de la proximité pour discuter de nombreux sujets, parfois sérieux et personnels, ou alors pour profiter de plateaux de mets et de boissons. Certaines femmes dansaient autour du cercle, entre elles ou emmenant dans leur mouvement certains voyageurs. C’était une ambiance particulière qu’il ne connaissait pas, car tout était nouveau.

— Tu devrais faire plus attention à tes actions. Retentit la voix grave de l’homme assis à côté de lui, le sortant de sa contemplation.

— Ais je fais quelque chose de mal ?

— Non, mais tu étais sur le point de le faire.

Ainsi vu de profil, il sembla tout à fait normal. Un homme de grande taille à la chevelure brune, la peau cuivrée par le soleil brulant, les yeux légèrement en amande et les iris colorés d’un léger vert sombre. Un homme du désert comme on en croisait souvent dans ce genre de lieu. Sa tenue était basique, constituée d’un chèche bleu ciel et d’une djellaba bleu marine, ses pieds étaient protégés de babouche sombre.

— Qui es-tu ?

L’homme à ses côtés de lui versa un liquide dans son verre, le remplissant de nouveau.

— Je suis Topaze, et voici Unakite.

Il désigna l’homme à ses côtés, vêtu d’un chèche blanc et d’une djellaba noire.

— Nous sommes les gardiens de la caravane. Nous deux, et un troisième, tu le rencontreras sans doute demain, avant notre départ.

Autrement dit, les trois seuls hommes, hormis Badho, à faire partie de la caravane. Leur rôle était de protéger la marchandise et les membres de la caravane de toute attaque et danger du désert.

Comprenant son erreur, Onyx baissa la tête, désolé. Mais un sourire vint orner ses lèvres lorsque Sarshall s’installa entre ses jambes, lui qui se tenait assis en tailleur. Ses mains vinrent caresser le pelage moucheté de l’animal, le calmant et le rassurant.

— Qu’est-ce qu’un Zahul fait en compagnie d’un jeune homme comme toi ?

Unakite dévisagea le compagnon de l’aventurier, mais ce dernier semblait pourtant perplexe, le regardant sans comprendre le sens de sa question. Le félin avait cessé de bouger, les oreilles droites, à l’écoute.

— Tu ne sais pas ce qu’il est, n’est-ce pas ?

Il était étonné de l’ignorance du garçon, son regard passant du jeune homme au félin, du félin au jeune homme.

Il était vrai que, bien que son apparence soit semblable à celle de n’importe quel autre félin, il possédait des particularités parlantes pour son espèce. Onyx le savait bien, mais il n’avait jamais réussi à trouver un nom précis et déjà attribué à son espèce.

Sarshall possédait un corps identique à celui de n’importe quel chat, un pelage court, sablonneux parsemé de ligne brune. L’une des seules particularités qu’il possédait était les deux queues qui ornaient le bas de son corps, et la tâche étrange sur son front, semblable à une demi-lune.

— C’est un animal qui a disparu depuis des années.

Topaze regarda plus attentivement le félidé allongé sur les jambes d’Onyx.

— L’as-tu acheté ? Ou capturé ?

— Non. Il m’a simplement suivi.

Il vint caresser la tête du félin tandis que les deux hommes se lancèrent un regard entendu, avant de sourire. Topaze tendit sa main vers le feu, prenant un verre posé proche de celui-ci, avant de le présenter à son ami. Ce dernier remplit alors le récipient du même liquide qui coulait dans son verre, et le donna au voyageur.

— Il semblerait que tu sois une étrange personne.

Le nouveau venu prit le verre en main, regardant le plus vieux.

— Le désert t’appréciera.

Intrigué par ces paroles, le jeune homme le regarda un instant, avant de baisser son regard sur le breuvage présent entre ses mains. C’était un liquide clair, légèrement rosé, dégageant une odeur particulière, malgré la froideur qu’elle prodigue à ses mains.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Du Jallab, pour fêter ton arrivée dignement.

Topaze lui sourit avant de lever son verre en portant son regard vers le feu. À travers les flammes, Onyx parvint à distinguer Badho, lui adressant un immense sourire, brandissant son verre en l’air. Comprenant le message de ce geste, il en fit de même. La caravane trinqua alors à leurs arrivées, et au départ qui se préparait pour le lendemain.

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