22. Sarrailh Liars

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Le petit groupe se dirigeait calmement vers la ville qui se présentait à eux. Alors qu’il s’attendait à voir une cité aussi animée et prospère que Tenerice, Onyx se heurta à une ville défigurée par le temps et les combats. Des pans de murs jonchaient le sol d’habitations, certains bâtiments étaient éventrés. Plus ils avançaient vers l’entrée de Sarrailh, plus le garçon sentit un nœud croitre dans son ventre.

Alors qu’ils pensaient pouvoir passer librement, deux hommes les arrêtèrent. Des chèches recouvraient leurs visages, seuls leurs yeux étaient visibles. Les armes pendant à leurs ceintures n’annonçaient pas leurs sympathies.

— Qui va là ?

— Nous ne sommes que de simples voyageurs.

Tilidad avait pris la tête du groupe pour discuter avec les gardes de la ville. Le second, n’étant pas occupé à discuter, inspecta les deux cavaliers restants. Ses yeux sombres examinèrent le meocs qui se tenait face à lui, et émit un bruit semblable à un léger sifflement coincé entre ses lèvres.

Il faut dit qu’Onyx ne ressemblait pas aux cavaliers de meocs que les voyageurs pouvaient rencontrer. Monture de haut choix, ils étaient souvent utilisés par les rebelles ou les soldats, pas par de simples vagabonds. Une fois son inspection terminée, l’homme retourna auprès de son compagnon et lui murmura quelques mots.

— Écoutez, nous souhaitons retrouver notre groupe. Rien de plus.

— Une caravane ?

— Oui. Nous nous sommes perdus de vue pendant la tempête.

Les gardes s’échangèrent un regard avant de poursuivre leurs questions.

— Et comment avez-vous récupéré de telles montures ?

Il désigna avec insistance l’équidé qui se déteignait des deux dromadaires.

— Nous l’avons retrouvé dans les montagnes, au sud.

— Sans cavalier ?

— Non. Il était seul.

Une goutte de sueur perla sur le nez du jeune homme, espérant que ce mensonge passe auprès de ces inconnus. Ces derniers se lancèrent un dernier coup d’œil avant de s’écarter de la route.

— Un petit groupe est arrivé dans la matinée, tout aussi déboucher que vous. C’est peut-être votre caravane.

— Merci.

Le trio ne perdit pas de temps pour entrer dans la ville. Le même spectacle qu’à l’extérieur se présenta à eux, malgré la vie qui prenait place parmi les décombres.

— C’est la guerre qui a causé ça ?

— Plus ou moins… c’est un conflit encore d’actualité, enrichi par les rebelles et les autorités de la capitale.

— Ça a l’air compliqué…

— Ça l’est.

La voix de Tilidad était si différente. Son comportement avait changé depuis leurs entrées à Sarrailh, elle était plus froide, observant les alentours comme si elle craignait de croiser un vieil ennemi. Peut-être était-ce le cas.

— Les hommes que nous avons croisés… ce sont des rebelles ?

— Probablement. Il est difficile de discerner s’ils le sont ou pas.

— Tu penses que le cavalier de ce meocs en était un ?

La jeune femme arrêta sa monture et se retourna vers Onyx.

— Écoute. Ces rebelles ne sont ni nos amis ni nos ennemis. Méfie-t’en comme de la peste, certains d’entre eux sont des fink sans scrupules. Ce cavalier en était peut-être un, mais ça ne nous concerne plus.

Elle reprit sa route, très vite suivie de Shiva. Le jeune homme se fit tout petit et se mit à côté de la seconde cavalière, légèrement décoiffé de l’explication froide que lui avait fournie Tilidad.

— Ne lui en veux pas, elle n’aime pas cette ville, lui souffla gentiment Shiva.

— Elle a eu des problèmes ?

— Il y a toujours des problèmes avec les rebelles. Certains ont de bonnes intentions, d’autres non.

— Que voulait-elle dire par fink ?

— Ça veut dire fennec. On utilise cette expression pour désigner certains rebelles plus sournois que les autres, ce sont souvent des espions ou des informateurs. Ils volent des renseignements pour apporter la victoire.

Il regarda les alentours et sortit sa propre conclusion.

— Ça n’a pas l’air de beaucoup marcher.

— Comment ça ?

— Vu l’état de la ville, les fink n’ont pas eu beaucoup de renseignements pour éviter d’être attaqués.

— Détrompe-toi. Cette ville a été abandonnée par la capitale il y a des années, ce sont les rebelles qui la remettent sur pieds. Ce qui ne plait pas aux autorités de Thalios.

— Pourquoi ?

— Ça, c’est la partie la plus compliquée à comprendre dans l’histoire.

— Tilidad ! Shiva !

Leur conversation fut interrompue par l’appel de Unakite, assis au premier étage d’un bâtiment éventré. L’un de ses yeux était recouvert de tissu et ses avant-bras étaient pansés, mais il avait l’air en grande forme, assez pour les rejoindre en sautant de la bâtisse.

— Je suis rassuré de vous voir. Onyx est avec vous ! Nous nous sommes inquiétés de savoir avec qui il était parti.

— Unakite, ou sont les autres ?

— Par ici.

Le gardien de la caravane les mena à travers un dédale de bâtiments délabrés, en reconstruction ou complètement abandonnés, débouchant sur un petit marché couvert. La caravane s’était regroupée dans un recoin, les montures attachées autour d’une fontaine. Onyx fut surpris de voir d’autres meocs mêlés aux dromadaires.

Ils mirent pied à terre et furent accueillis par Badho, rassuré de les voir sains et saufs. Les montures furent prises en charge par Kiera et Topaze, tandis qu’ils s’installaient sur des coussins disposés autour d’un petit feu ou reposaient une théière.

— Comment avez-vous échappé à l’attaque ? leur demanda le meneur.

— Onyx et moi sommes partis vers l’est, mais nous avons été suivis. Il m’a sauvé la vie en attaquant notre assaillant, commença Tilidad.

Elle se délecta d’une tasse de thé qu’on venait de lui servir avec de poursuivre son récit.

— Nous en avons profité pour voler le meocs du brigand, et nous avons filé pour nous mettre à l’abri de la tempête.

— Il est mort ? demanda Unakite.

— Onyx l’a…

— Je l’ai tué.

Le garçon prenait sa responsabilité en main, affrontant les conséquences. Même si Tilidad l’avait remercié pour son action, il savait que pour certaines personnes de Rui Wang, tuer n’était pas un acte acceptable, peu importe la situation.

— Tu as bien agi.

La voix de Badho se voulait rassurante, étonnant le jeune homme.

— Chacun de nous est prêt à tuer pour protéger un membre de la caravane. Tu t’es montré à notre hauteur, je t’en remercie.

Le meneur observa le visage de chacun et sourit.

— Tilidad est comme ma fille. Chacun de vous êtes comme mes enfants. Alors tué n’est pas quelque chose de punissable chez moi. Merci Onyx.

Le principal concerné ne répondit rien, il se contenta de hocher la tête et de sourire au grand homme.

— Et vous, comment avez-vous rejoint Sarrailh ? les questionna Shiva.

— Unakite s’est battu à mes côtés pour gagner du temps, répondit Badho.

— Topaze, Itildin, Howlite et moi sommes partis vers le nord, répondit Kiera.

— Le reste m’a suivi vers l’ouest pour rejoindre au plus vite la cité, termina Jun.

— Et il n’y a aucun blessé grave ? demanda Tilidad en désignant Unakite du menton.

— À part lui non. Quelques hématomes lors de chutes, rien de plus.

Tous furent rassurés par cette nouvelle. Un repas fut préparé tandis qu’ils continuaient à discuter plus en détail de l’attaque. Badho et Unakite étaient parvenus à arracher trois meocs des brigands et comptaient les utiliser pour chaque homme, afin de protéger plus rapidement la caravane. Une décision qui ne fut pas contestée, les dromadaires convenaient parfaitement aux femmes.

Sarshall finit par sortir de la sacoche de son compagnon pour se joindre au repas et voler deux morceaux de viande à sa voisine. Howlite ne lui en voulut pas et s’était resservi. Après tout, chacun avait besoin d’un bon repas et du repos après l’embuscade.

Aucun d’eux ne veilla tard, les gardiens se permirent de respirer et de dormir en même temps. Ils ne risquaient rien à Sarrailh, les rebelles ne viendraient pas s’en prendre à un groupe aussi grand, même si l’opportunité pouvait se montrer tentante.

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