Rubicube
Vermeil parcourt la ville dans sa Ferrari.
Il admire l'oeuvre d'une vie.
Enfant, au crepuscule d'un soleil en feu, il avait eu une vision.
Toute la ville, peinte en rouge.
Depuis, c'est son obsession, colorier tout, recouvrir, repeindre.
Devenu maire à dix-neuf ans, cela fait vingt ans qu'il nourri son obsession.
A Rougebourg, on voit la vie en rouge.
Ici, l'alcool est gratuit, et les visages rubicond.
Les routes sont couvertes d'ocre, les trottoirs sont en terre battue.
Les briques standard, de douze sur vingt-quatre, aux références hervébéennes strictes sont les seules à pouvoir être utilisées. De même que les tuiles qui sont uniformisées.
Le carrossier repeint gratuitement les voitures de quiconque est domicilié.
L'administration déroule le tapis rouge, les tattoueurs injectent couleur sang, les coiffeurs colorent en vous-savez-quoi. L'animal de compagnie préféré, ici, est le poisson.
Les seuls voleurs sont les piqueurs de fards. Les cowboys sont radiés, et les enfants ne jouent qu'aux peau-rouge.
MAIS !
Mais, ...
Mais.
A la limite du territoire, sur les terrains de Blanchebourgade, Beige a construit cet infâme batiment.
Sous le couvert de l'écologie il l'a peint en blanc. La couleur du tout, la couleur du rien.
Les yeux de Vermeil saignent à chaque fois qu'ils croisent la vue de ce mastodonte immobilier.
Cette cage à oies, à cygnes, à mouettes, ... qu'il compte bien transformer en cage à rouge-gorges!
Ce soir sans lune, il poursuivra son sacerdoce.
Rougebourg est devenu un trop petit territoire pour lui. Sa Ferrari est sa caravelle. Il accélère davantage.
Ce soir sans lune, il rendra l'immeuble rubicond.
Uniforme.
Sauf au dessus de l'entrée principale. En couleur vermeil, il renommera le bâtiment.
Le Rubis cube.
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