Un venin mortel

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L’Araignée bondissait de building en building et se balançait du bout de sa toile aussi rapidement que le lui permettait ses capacités surhumaines.

Un flash-info avait interrompu l’émission télévisée que regardait Peter, qui avait décidé de s’accorder un temps de repos dans son rythme de vie intensif. Ce dernier fut de courte durée. Les premières images diffusées suffirent à le faire bondir de son fauteuil. Le flash-info n’était pas terminé que Parker avait cédé la place à Spider-man, qui s’était élancé par la fenêtre de l’appartement.

Sur place, l’Araignée fut stupéfiée d’effroi à la vision d’un tel cauchemar.

Bâtiments en ruine, buildings effondrés, corps inertes jonchant les rues. Femmes et enfants compris.

Vénom avait laissé exploser son potentiel destructeur. Bien plus qu’habituellement. Peter le sentait. Quelque chose clochait.

Au centre de cette reconstitution de l’Enfer se trouvait une forme sombre et tentaculaire. Les tentacules aiguisés fouettaient l’air avec force. Bien que méconnaissable, Spider-man savait qu’il s’agissait de Vénom.

Il se dirigea vers lui, poings crispés par la colère. Peu lui importait au final la raison de ce carnage. Durant ses années de service en tant que super-héros, Peter Parker avait appris que les actes de certains criminels étaient dénués de tout raisonnement. L’important était de les arrêter, quitte à y laisser la vie.

À son approche, les tentacules de Vénom se rétractèrent, lui faisant reprendre son apparence originelle. Courbé, il lui adressa un simulacre de sourire, découvrant sa dentition acérée.

— M’attendais-tu, Vénom ? demanda Spider-man.
— Je me doutais que tu te pointerais, Parker, sussura Vénom.

Vénom se redressa de toute sa hauteur, tel un animal démontrant sa supériorité. Il était vrai que l’Araignée semblait bien frêle par rapport à la carrure du symbiote. Ce dernier fit lentement glisser sa langue fourchue contre ce qui lui servait de lèvre. Vaine tentative d’intimidation. Cela faisait des années que Parker n’était plus effrayé par ce monstre. Spider-man s’était habitué à ce petit numéro pervers. En temps normal, il lui aurait envoyé une boutade.

Pas aujourd’hui.

— Tu vas payer pour ces morts, Brock, lâcha froidement Spider-man.

Les yeux pâles de Vénom se mirent à rougeoyer. Spider-man n’eût pas le loisir de s’interroger sur cette nouveauté, esquivant la pointe d’une tentacule. Il y eût une brève échange de coups qui permit à Spider-man de constater l’augmentation des facultés de Vénom.

Il s’écarta de son adversaire, sonné.

Vénom lui adressa un rugissement féroce, avant de bondir haut dans les airs. Peter paniqua, il ne fallait surtout pas le perdre de vue !

Il se lança à sa poursuite, engageant un jeu de chat et la souris. Se fiant à son sens du danger, il espérait que sa cible ne fasse pas davantage de victime. Peter avait la sensation de tourner en rond. Le symbiote était bien plus rapide et plus puissant qu’à l’accoutumée. Leurs affrontements n’avaient jamais été simple à remporter pour Spider-man, mais celui d’aujourd’hui s’avérait être le plus redoutable auquel il eût été confronté. Peter n’avait jamais songé que la sauvagerie de Vénom puisse atteindre un tel paroxysme, bien que les ravages du symbiote aient toujours été spectaculaires.

L’intensité de son sens du danger s’accentuait par saccade. Spider-man devina que Vénom n’était pas bien loin et s’amusait avec lui.

Cela rassura le Super-Héros. Si Vénom se concentrait à jouer avec les nerfs de son adversaire, cela signifiait que ses pulsions meurtrières s’étaient quelque peu apaisées. Tout en se concentrant à retrouver Vénom, Spider-man mit en place un plan pour remporter le combat.

En temps normal, un affrontement direct était quasiment impossible face à la force de Vénom. Face à la nouvelle puissance du symbiote, s'y confronter directement serait suicidaire. Spider-man décida donc de miser sur le point faible de Vénom.

Son sens araignée s’affola soudainement. Parker donna une forte impulsion sur sa toile, lui permettant de prendre de la hauteur et de se jeter vers l’arrière. Son intuition lui permit d’éviter une tentacule de Vénom.

Spider-man se laissa tomber dans le vide durant quelques secondes, afin de repérer son ennemi. Ce dernier fonçait droit sur lui. Il tissa une toile et évita la charge.

Lui faisant face, Spider-man activa le générateur d’ultrason fixé à sa ceinture, qui se fondait parfaitement à son costume. Perturbé, Vénom tenta de s’éloigner.

Spider-man tissa une seconde toile, prit de l’altitude, puis se laissa tomber lourdement, pied en avant, contre le dos de Vénom. Ce dernier s’écrasa sur le bitume au sol. Le choc ne fit aucune victime, Spider-man ayant calculé les conséquences à la seconde près.

Il se réceptionna avec agilité, tout en gardant activer ses ultrasons. Il fut stupéfait de voir Vénom se relever.

— Je vais t’étriper ! rugit-il.

Il s’empara d’une voiture proche et l’expédia vers l’Araignée, qui esquiva d’un cheveu. Les ultrasons de sa ceinture n’étaient pas suffisants. Vénom envoya une seconde voiture, que Spider-man esquiva d’une impulsion de sa toile.

A son insu, le symbiote venait de lui offrir une nouvelle stratégie. Se balançant au bout de sa toile, il tissa un second fil qui se lia à une voiture. Le choc déclencha l’alarme.

D’une forte pulsion, il la déplaça. Vénom tenta de l’empaler de ses tentacules. Spider-man esquiva tout en répétant l’opération. Il constitua ainsi un cercle d’une vingtaine de voiture, doté d’un centre espacé.

Vénom perdit patience et bondit vers l’Araignée. Ce dernier augmenta le volume de ses ultrasons et se balança aussi fortement que possible dans sa direction, pied en avant. Il réussit à atteindre Vénom, l’envoyant promener dans les airs.

L’araignée le suivit en hauteur et fut satisfait de constater qu’il avait parfaitement calculé son coup. Vénom était à présent pile au-dessus du centre du cercle de voiture. Spider-man se laissa tomber sur lui. Ils heurtèrent violemment le sol.

Vénom était sonné. Spider-man en profita pour pousser ses ultrasons à leur maximum. Il comptait sur l’efficacité de son gadget, associé aux alarmes des voitures afin de perturber suffisamment Vénom et lui permettre de le mettre hors d’état de nuire.

Le costume commençait à se détacher du corps de Brock.

En un hurlement de rage, Vénom se redressa et attrapa Peter par la gorge. Il approcha son visage, plongeant son regard dans ses yeux d’un rouge anormalement démoniaque. Spider-man eût la sensation de fixer le regard d’un envoyé du diable, d’un ange déchu n’ayant pour unique objectif que de faire couler le sang. Méphisto était-il à l’oeuvre ?

Vénom serra sa gorge de plus en plus fort. L’air commençait à lui manquer.

Réagissant avant qu’il ne soit trop tard, Spider-man frappa de toute sa force le bras qui le maintenait, à un endroit où le costume avait disparu. Ce fut cette fois un cri de douleur que poussa Vénom, qui en relâcha sa prise.

Spider-man le martela alors de coups, aux endroits détachés par le symbiote. Ce dernier finit par quitter totalement son hôte. De par sa rapidité à se faufiler entre le cercle de voiture, Peter le devina en panique. Il tenta de l’emprisonner de sa toile, mais le symbiote, devenu un amas visqueux noirâtre clignotant par à coup d’une lueur rougeâtre, parvint à lui échapper.

Il finit par se glisser par une plaque d’égout, le condamnant à voyager par les canalisations souterraines. Combien de fois était-ce déjà arrivé ? Peter n’aurait su le dire.

L’araignée fut surprit par la vivacité du symbiote. Après une telle attaque, le costume Alien était en temps normal pratiquement inerte. S’enfuir ainsi malgré la grande quantité d’ultrason qu’il avait enduré relevait de l’exploit.

Eddie Brock avait perdu connaissance. Spider-man l’attacha de sa toile à un immeuble qui n’avait pas été touché par l’affrontement. Il atteignit le sommet du bâtiment, et attendit patiemment l’arrivée du SHIELD.

Cela devait faire une bonne heure que Vénom avait débuté sa crise destructrice. Spider-man se doutait que le SHIELD avait envoyé ne serait-ce qu’un commando sur les lieux, et avait également suivi le combat de leur base aérienne.

Une quinzaine de minutes plus tard, l’intuition de Peter fut confirmée. Une escouade du SHIELD arriva par voie aérienne, à bord d’un des véhicules dont ils avaient le secret. Iron-Man était à leur tête. Il aperçut l’Araignée et s’envola en sa direction, se stoppant face à lui une fois arrivé à sa hauteur.

— Beau boulot, le félicita-t-il.
— Est-ce pour éviter de le faire vous même que vous arrivez une fois le taf plié ? demanda Spider-man, regrettant que Tête de Fer ne puisse voir son rictus moqueur.
— Pas vraiment, répondit Iron-Man, nullement décontenancé par la boutade dont il était devenu familier au fil des années. Tu as certainement remarqué que la puissance de Vénom était supérieure à celle qui était la sienne jusqu’à aujourd’hui. N’est-ce pas ?
— Ah ouais ? Je n’ai pas vraiment fait attention pour tout te dire ! Ah si, quand il m’a tabassé alors que mes ultrasons lui vibrait les rétines à leur maximum, je me suis dit que quelque chose était louche, plaisanta Spider-Man.
— Vénom n’est pas un cas isolé, expliqua avec sérieux Iron-Man. Nous avons été très occupé… Plusieurs Super-Criminels ont manifesté la même hausse de puissance et de sauvagerie. Les caractéristiques physiques sont identiques à ce que tu as pu voir avec Vénom. Des éclats de lueur rouge sang, dans le regard ou sur le corps. Nous ne savons pas ce que cela signifie pour le moment.
— Beaucoup de criminels concernés ? demanda Spider-Man.

Toute envie de blague avait disparu. Devant pareille situation, l’heure n’était pas à la plaisanterie. Même pour lui.

— Le SHIELD et les Avengers ont capturé Nitro, le Shocker et le Blob. Ces trois malades mentaux nous ont donné bien du fil à retordre.
— Vous les avez capturés séparément ?
— Ils n’ont pas agis de concert, effectivement.
— Le Shocker vous a posé problème ? s’exclama Spider-man.
— Le phénomène qui touche nos ennemis est efficace, affirma sombrement Iron-Man.

Au cours de sa carrière, Peter n’avait eu que peu de soucis à se faire à propos du Shocker, tant que ce dernier agissait seul. Le fait que des Avengers aient eût des difficultés à l’arrêter était véritablement inquiétant pour l’avenir.

Et si certains criminels parmi les plus puissants étaient touchés ? Docteur Doom, le Bouffon Vert, Carnage ou encore Magnéto ? Peter tâcha de ne pas imaginer le malheur que cela engendrerait.

— Que pouvons-nous faire ? demanda Spider-man.
— Reste sur tes gardes, lui intima Tête de Fer. Le SHIELD et les Avengers mènent l’enquête. Nous tiendrons les indépendants au courant de nos avancées en temps voulu. Si tu découvres quoi que ce soit qui puisse être lié, n’hésite pas à nous contacter.

Sur ces mots, Iron-man rejoignit l’escouade, qui avait entretemps embarqué Eddie Brock à bord de leur engin.

Spider-Man regarda le vaisseau s’éloigner, méditant sur ce qu’il venait d’apprendre.

Ce qui était capable d’inquiéter Iron-Man n’était pas à prendre à la légère. Où était parti le symbiote ? D’autres criminels étaient-ils déjà touchés par l’étrange virus ?

Si les Super-Héros étaient touchés, qu’adviendraient-ils ? Un grand nombre de question se bousculait dans l’esprit de Spider-man, tandis qu’il se balançait au-dessus de building en building.

Une chose était toutefois claire. Manhattan était sa ville et il allait la protéger, une fois de plus.

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